mardi 17 août 2021

Et maintenant chantons !


Le deuxième épisode de notre saga musicale consacrée cette semaine à "I don't care if the sun don't shine" va nous permettre de nous pencher, enfin, sur trois individus un rien mystérieux : Tony Martin, Henri René et Mack David, dont nous avons souvent croisé la route, un peu intrigués par leurs parcours mais en repoussant à chaque fois le temps de l'investigation. Réjouissons-nous : il est enfin venu ! (le temps des cathédrales). 

Et afin de rendre notre propos tout à fait limpide, faisons le lien entre tous les éléments cités ci-dessus : Tony Martin est le créateur en 1950 de "I don't care...", accompagné par l'orchestre de Henri René, une chanson écrite, paroles et musique par Mack David. Voilà pour le point de départ. 




































Pour nous et pour l'éternité, Tony Martin est avant tout monsieur Cyd Charisse, 60 ans de mariage de 1948 jusqu'au décès de l'actrice (et notre invitée il y a peu) en 2008. Mais évidemment ce n'est pas une profession : Tony fut surtout chanteur, de charme, d'orchestre, de comédies musicales, cumulant les succès et les disques vendus à plus d'un million d'exemplaires de la fin des années 30 jusqu'au milieu des années 50. 

Mais alors pourquoi ne fut-il pas Frank Sinatra ? Le physique était sympathique, la voix d'or et le talent là ! Sans doute parce que quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Tony n'eut cependant pas à se plaindre, il devint résident permanent de Las Vegas à partir des années 50, gagna des fortunes et s'offrit même un très surprenant contrat chez Motown dans les années 60. 

Et même s'il ne fit pas un réel succès de "I don't care...", court-circuité par Patti Page qui en deux mois propulsa la chanson dans les hit-parade, cela reste son titre, peut-être pas phare mais légèrement lumineux quand même. 












































Sur "I don't care...", Tony Martin était donc accompagné par l'orchestre de Henri René, un patronyme sentant bon la blanquette et le pot de Brouilly, et qui à une époque semblait apparaître sur un disque sur trois que nous nous procurions. Henri René a enregistré des albums d'ambiance dont les pochettes sont très nuisettes et parfois très Jayne Mansfield, il a accompagné Eartha Kitt, Julie Andrews ou Dinah Shore, vraiment entre autre, et propulsé les Bell Sisters, évoquées ici

Tout cela est formidable mais pourquoi donc "Henri" et non "Henry" et surtout "René" avec un accent aigu qui dut souvent agacer les phototypistes américains ? Eh bien parce que monsieur était français par sa mère et allemand par son père, né à New York, certes, mais lorsqu'il dut choisir un nom de scène lorsque sa carrière décolla après la Seconde Guerre Mondiale, pour d'évidentes raisons, il trouva que Henri René sonnait mieux que son véritable patronyme : Harold Kirchstein ! 


































Mack David, le compositeur de "I don't care..." n'eut pas de problème de pseudonyme, enfin pas au début de sa carrière qui fut fulgurante et couverte de nominations aux Oscars et de disques certifiés platine, jusqu'à ce que son petit frère, Hal, ne décide de suivre ses traces et finisse par former un tandem qu'on ne présentera pas avec Burt Bacharach. (avec lequel Mack avait commencé à collaborer sur "Baby it's you")

Presque oublié au profit de Hal ans les années 60, Mack fut pourtant pendant deux décennies la star de la famille, et finalement le lien entre presque toutes nos publications de cet été : il a oeuvré sur la bande originale de "Alice au pays des merveilles", écrit les paroles pour "Bachelor in paradise" de Mancini et écrit paroles et musique de notre saga de la semaine. 

Il nous touche toujours de relire qu'en 1948, Mack composa une petite chose pour Frank Sinatra, qui ne fit pas grand chose, mais qui se rappela à son souvenir lorsque le compositeur assista en 1964 à la première de "Hello Dolly". Cela n'a plus rien à voir avec "I don't care..." sauf que Mack David s'en souçia. Procès et règlement à l'amiable. Ce n'est jamais très suave, le plagiat...


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