Et maintenant dansons !

Puisque notre été musical est dédié cette année aux groupes vocaux, il nous paraissait impossible de ne pas débuter notre aventure polyphonique par les Mike Sames Singers, que nous aimons d'amour et plus encore, qui nous accompagneront au cimetière ou au four à pyrolyse (nous hésitons encore) et qui rythment depuis des années nos journées, tristes ou gaies, sombres ou ensoleillées, come rain or come shine. 

Créé par le divin Mike Sammes (ah... d'où le nom ! Voilà...), musicien, chanteur et arrangeur, les Mike Sammes Singers composés, comme vous pouvez le voir de trois dames (dont la future Miss Sammes, au milieu) et trois messiers (dont Mike évidemment, le plus grand et la voix la plus profonde) furent le groupe vocal le plus demandé durant presque 30 ans, en Angleterre mais pas uniquement, enregistrant 7 albums mais assurant les choeurs d'une multitude d'artistes (la curiosité est leur participation à "I am the Walrus" des Beatles) et gravant des myriades de bandes originales pour Disney et pour la télévision. 

Si vers la fin de leur carrière dans les années 80, les Mike Sammes Singers étaient résolument à classer dans la catégorie "Musique d'ascenseur", il n'en a pas toujours été de même et il y a dans les arrangements de Mike quelque chose de résolument jubilatoire et que nous n'avons jamais retrouvé chez aucun autre groupe. 

Si vous nous suivez ou suivez les Mike Sammes Singers, vous devez savoir qu'il y a une dizaine d'années, un fan retrouva dans les affaires de Mike juste après son décès en 2001 un ensemble de bandes magnétiques représentant l'intégralité des enregistrements publicitaires du groupe, travail pour la publicité dont les revenus permirent souvent à Mike de produire ses albums. 

Le disque se nomme "Music for biscuits", c'est une merveille, en tout cas la seule et unique fois que nous nous sommes entendus chanter une ode à un tracteur avec délice. Mike était un génie. C'est triste, parfois, la mort. 

Et maintenant chantons !

Inutile de vous rappeler que, musicalement,  nous adorons cette période... ou les Mike Sammes singers... 

Et maintenant chantons !

Retour aux sources et oui, hurry up sunrise.

C'est samedi : soyons musical !

Comme cela vous arrive aussi très certainement, nous avons parfois envie de tout envoyer promener pour aller canoter en robe Laura Ashley au milieu des canards. Et nous le ferions vraiment si nous n'étions un peu éloignés du premier plan d'eau et surtout des premiers colverts. 

En sommes-nous dépités ? Que nenni : dans une telle situation, nous nous tournons alors vers "And I love you so" des Mike Sammes Singers et nous vous assurons que la sensation est absolument identique. 

Pendant très longtemps, cet album de 1974 et pratiquement l'un des derniers enregistré par le divin Mike, est resté pour nous inaccessible, comme le sont malheureusement les galettes ci-dessus qu'un jour, peut-être, nous ajouterons à notre précieuse collection de trésors de l'arrangeur du Surrey. 

Aussi quel bonheur, un jour, de mettre enfin la main sur cet opus un rien romantique (entendez un peu lent) où les cordes le disputent aux houwahou et où les harmonies restent à nulle autre pareilles. "And I love you so" nous titillait surtout pour sa version de "Knowing when to leave" de Burt Bacharach. Nous n'avons pas été déçu. Mais Mike nous a-t-il une seule fois déçu ? 

Parlant de déception, nous imaginons le visage crispé de certains en apprenant peut-être que Mike Sammes ne s'arrêta pas en 1974 mais continua d'enregistrer pour différents labels, des choses... moins personnelles dirons-nous. Pour cela, une visite du catalogue musical du Reader's Digest est édifiante : Mike chante Grease, Mike chante Barry Manillow. Oui, cela fait peur.

Et pourtant, Mike étant Mike et ses singers toujours épatants, même la nouillerie début des années 80 devient quelque chose entre ses mains. Nous avons déjà du vous confier que Mike était un génie, comme lorsqu'en 1974, il reprend "I want to be happy", fameux extrait de l'opérette "No no Nanette" composée, quand même, en 1925.

Mike, nous vous aimons, et vous aussi, suaves visiteurs, aimerez "And I love you so" et ses 12 plages dont la liste figure sur le dos de pochette ci-dessous. Une dernière chose : n'oubliez pas le pain sec. Pour les colverts. 

Et pour télécharger autant de bonheur au format zip, vous savez comment faire. 

Et maintenant dansons.

Ce qu'il y a de terrible avec les Mike Sammes Singers c'est qu'une fois qu'on commence, il est très difficile de s'arrêter. La touche Brazil sans laquelle un dimanche n'est pas totalement suave est donc la suite logique des mp3 du weekend mais allons-nous nous en plaindre ? 

C'est samedi : soyons musical !

Comme l'évoquent ces immortelles paroles : "C'est difficile avec vous, vous avez tout !". Voilà ce qui résume nos recherches afin de dénicher les mp3 qui pourraient accompagner la célébration de la Nativité, sachant que la semaine dernière, nous vous proposions déjà notre sélection Noël 2012. 

Une réunion du conseil de rédaction plus tard, l'hésitation n'était plus de mise : qui dit cadeau dit Mike Sammes. C'est imparable, c'est une évidence, c'est un mystère de ne pas y avoir songé avant. 

Il n'est sans doute pas nécessaire de vous rappeler à quel point Mike Sammes est l'un de nos héros. Génial arrangeur, musicien et chanteur, il fut la tête pensante des Mike Sammes Singers, mainte fois évoqués ici et que nous avons choisi depuis longtemps comme la bande-son idéale de tout évènement important.

Les Mike Sammes Singers sont à la suavitude ce que la gelée alimentaire est à la gastronomie : un élément dont personne ne saurait se passer. Mais quel album, quelle période, puisque ces divins gosiers exercèrent leurs harmonies incomparables durant 3 décennies et dans des genres variés ?

Puisque nous n'en avons jamais parlé, le choix s'est naturellement porté vers les années 60 et cette tentative à priori vouée à l'échec de combattre les stars vocales du moment, les Swingle Singers sur leur terrain de prédilection : le classique. 

Crées en 1962, les Swingle Singers s'étaient vus remettre en 1964 le Grammy de la révélation musicale et régnaient en maître sur un répertoire assez rarement associé à l'idée de swing : Bach, Mozart, Vivaldi. Les Mike Sammes Singers allaient relever le défi avec classe, simplicité et bossa nova. Illustration :

Découvrez donc, si vous ne le connaissez pas encore, cet album absolument nécessaire qui revisite Massenet, Litz, Gounod ou Rimsky-Korsakov, des noms que jamais nous n'imaginions écrire un jour sur nos pages puisque pendant longtemps nous avons cru que la musique était née en 1898 avec Gershwin et qui propose les titres les plus bêtes mais les plus drôles rarement rencontrés, mention spéciale à "Watch the Verdi" et "Faust and Furious". 

Et pour télécharger tout ceci au format zip vous savez comment faire. Joyeux Noël :)

Et maintenant dansons !

Il n'y aurait aucune contre-indication pour que les Mike Sammes Singers ne soient, à vie, la touche Brazil sans laquelle un weekend n'est pas totalement suave.

Les très suaves heures de l'histoire contemporaine : le jour où l'on sauva un peu de Mike Sammes.

En 2001, un des producteurs de la maison de disques britannique Trunk Records était sur le point de réaliser un rêve sur lequel il travaillait depuis de longs mois : rencontrer son idole, l'homme dont il collectionnait tous les disques, le seul et l'unique Mike Sammes, peut-être un des trésors musicaux les mieux gardés du Royaume Uni, retiré depuis fort longtemps dans sa petite maison de Reigate dans le comté du Surrey.

A 73 ans, Mike Sammes était totalement oublié des foules quant il avait été, dans les années 50 et 60, l'homme le plus demandé de l'industrie du disque et pas uniquement britannique. On le sollicitait comme arrangeur, comme compositeur mais surtout comme choriste. Les Mike Sammes Singers, crées en 1962, était la réponse de l'Angleterre à Ray Conniff et aux Swingle Singers, un ensemble vocal époustouflant de maîtrise et de décontraction. Un groupe suave comme on en croisa rarement.

En compagnie de ses chanteurs, Mike Sammes enregistra une dizaine d'albums entre le début des années 60 et le milieu des années 80 mais devint surtout l'homme le plus occupé de l'industrie musicale. Car si les disques étaient la face visible de ses activités, la perfection des Mike Sammes Singers poussa pratiquement tout le monde à les vouloir en studio d'enregistrement.

Et c'est certainement le point le plus invraisemblable de la carrière de Mike Sammes : l'incapacité d'établir avec exactitude la liste des noms des personnalités avec lesquelles il collabora. Apparaissant à de rares exceptions sur les pochettes, son nom n'était la plupart du temps pas mentionné. On sait donc qu'il chanta derrière Shirley Bassey et Cliff Richards, Judy Garland et Françoise Hardy, qu'il s'occupa des "wooo" sur "I am the walrus" des Beatles et des choeurs sur une poignées de chansons d'Olivia Newton John. Il chanta pour Marlene Dietrich et Burt Bacharach, Streisand et Sinatra. Pour qui d'autre fit-il des "doo ahh" et des "tah tah tah" : mystère !

Rendant les choses encore plus complexes, les Mike Sammes Singers prêtèrent leurs voix à des génériques de séries télévisées, à des bandes originales de film comme le très nécessaire "Prudence et la pilule" de Bernard Ebbinghouse, à des jingles commerciaux pour la radio. Mike Sammes composa de la musique au mètre pour des films institutionnels et pour des spots de communication interne, réalisée dans le très humble studio de sa petite maison.

Et de façon plus luxueuse, les Mike Sammes Singers furent les choristes attitrés du compositeur et arrangeur Tutti Camarata qui, associé avec les studios Disney, produisit près de 300 disques allant de productions maisons (Les Aristochats, L'apprentie sorcière) en passant par des succès de Broadway ou de la vulgarisation de musique classique.

C'est pour parler de tout cela, de cette prodigieuse force de travail et cette immense production que le producteur de Trunk Records en ce début de 2001 traqua littéralement Mike Sammes pour finalement découvrir qu'il était souffrant, à l'hôpital et en assez mauvaise forme. Finalement la rencontre tant espérée n'eut jamais lieu puisque Mike Sammes disparut le 19 mai 2001 mais c'est alors que l'histoire du dimanche prend toute sa saveur.

Le contact du producteur n'était autre qu'un voisin de Mike Sammes qui veilla sur lui jusqu'à sa mort, Mike étant sans enfant, jamais marié et sans réelle famille. Peu de temps après sa disparition, il appela le producteur pour lui demander de venir urgemment au domicile de Mike dans le Surrey : les compagnie d'assurances vidaient la maison afin de rembourser les quelques emprunts restant impayés et il était évident que de nombreuses choses pouvaient bien plus intéresser un amoureux du travail de Sammes que les pilleurs assermentés déjà à l'oeuvre.

Expérience sans doute perturbante, le producteur répondit à l'appel du voisin qu'il n'avait jamais vu et se retrouva dans la maison déjà en partie vidée de Mike Sammes qu'il ne connaissait pas plus, avec la possibilité de prendre tout ce qu'il jugeait digne d'être sauvé. Descendu de Londres à Reigate en voiture et n'ayant que quelques heures devant lui avant le retour des agents d'assurance, il comprit vite qu'il devrait faire des choix tenant surtout dans le coffre de son véhicule.

Visitant chaque pièce, le producteur découvrit des étagères de disques, de livres, des partitions, tous les arrangements réalisés par Sammes pour son groupe. Il trouva surtout des caisses de bandes, des masters de titres inconnus portant parfois le nom célèbre d'une marque de shampoing ou de biscuits apéritif. Il avait devant lui les originaux de tous les jingles publicitaires composés par Sammes, des bijoux de quelques dizaines de secondes qu'il connaissait de réputation sans jamais les avoir entendu à quelques exceptions. C'est cela qu'il choisit de sauver : 4 cartons de bandes jamais entendues depuis des décennies.

Mike Sammes est sans doute le seul homme au monde capable de vous faire chanter un hymne pour un tracteur hydrolique sans complexe. Et de vous donner irrésistiblement envie d'un Tuc à n'importe quelle heure de la journée.

Ramenant son trésor à Londres, le producteur passa des heures à écouter les pépites sauvées de la destruction ne sachant quoi en faire... ce qui est ironique lorsqu'on est producteur de disques et que l'on est en possession d'une quarantaine de compositions, pour certaines jamais entendues, de Mike Sammes, son idole. Evidemment, il décida d'en faire un disque, ce qui lui prit un certain temps de restauration. "Music for Biscuits" sortit en 2006 sur le label Trunk Records et est une curiosité qu'il est difficile d'écouter sans une certaine émotion. Autant de travail, de minutie, d'harmonie, pour vendre de la peinture ou des détergents. C'est beau. C'est suave.

Et maintenant dansons !

Nous ne pensions pas, même dans nos rêves les plus fous, trouver un jour une touche Brazil sans laquelle un dimanche n'est pas complètement suave qui combine Broadway, les groupes vocaux et la bossa nova... La leçon du jour est donc qu'il ne faut jamais perdre espoir.