Nouvelle semaine de notre été House et surtout nouvelle Diva, qui restera à tout jamais la voix de "Show me love", premier tube house à franchir en 1993 la frontière pourtant réputée inviolable entre le monde de la dance et celui de la musique grand public. Car si depuis 15 jours maintenant, nous évoquons souvent des titre ayant atteint la première place des charts, c'est toujours des classements dance dont nous parlons. Robin S. réussira, elle, à entrer dans le top 10 de l'équivalent du top 50, ce qui n'était encore jamais arrivé.
Et un bonheur n'arrivant jamais seul, l'histoire de "Show me love" pourrait largement donner lieu à une belle histoire du dimanche, tant elle est rocambolesque. Nous sommes en 1989, Robin Stone, qui chante dans un groupe de R'n'B est signée par Atlantic. Le label souhaite lui faire sortir un album, on l'envoie donc en studio et parmi tout ce qu'on a préparé pour elle, il y a un titre assez rapide, qu'elle déteste. Le soir de l'enregistrement, elle doit même combattre la grippe pour parvenir au bout de la session.
Surprise : c'est le titre haï que la maison de disque choisit pourtant comme premier single. Et c'est un flop, aux USA en tout cas. Atlantic, qui déteste s'être trompé, décide de le lancer en Angleterre via une de ses filiales et même chose : le 45 tours ne va nulle part.
Il sera clair pour tout le monde en parvenant à 1m08 que c'est bien l'équipe derrière le "Somebody else's guy" de Jocelyn Brown qui a produit ce "Show me love " de Robin Stone, tant on reconnait la même ligne mélodique.
Mais avançons jusqu'en 1992 : Champion Records, la filiale anglaise d'Atlantic, embauche un nouveau DJ et afin de tester ses capacités, lui demande de remixer d'anciens titres n'ayant rien donné. Sten Hallström, tel est le nom du DJ forcément suédois, fixe son attention sur "Show me love", qu'il déshabille totalement en ne conservant que la voix de Robin Stone.
En fin d'année sort donc sur les radios le nouveau "Show me love", chanté cette fois par Robin S. parce que ça fait plus 1993 et on connait la suite. La personne la plus surprise sera Robin Stone, soudain appelée pour apparaître dans la vidéo d'une chanson qu'elle avait totalement oubliée et qu'elle ne reconnait même plus. Mais que cette fois elle apprécie.
Le succès de "Show me love", le remix, sera si considérable qu'on expédie aussitôt Robin en studio pour un nouvel album et on lui offre même un nouveau hit, "Love 4 love", qui est exactement la même chose que "Show me love" mais que pour, des raisons que nous n'avons toujours pas élucidées, nous avons toujours préféré, et de loin. L'atmosphère affriolante des laveries automatiques, sans doute...
Depuis 1993, Robin Stone vit grâce à ce titre qu'elle ne voulait pas enregistrer et dont l'histoire devrait être enseignée à tous les apprentis chanteurs. Car Andrea Martin, qui chanta la demo du titre et composa une partie des paroles (d'après elle) ne toucha que 300 dollars pour sa contribution, et aucun droits d'auteur. Sten, le remixeur de génie, n'eut droit qu'à un chèque de 1000 livres pour son travail de réécriture et c'est tout. Quant à Robin, elle continue d'expliquer en interview qu'elle intervint énormément sur la structure de la chanson originale sans pour autant être créditée comme compositrice. Rien pour elle en droit non plus.
"Show me love" reste le titre qui fit en quelque sorte sortir la House des discothèques et certains ou certaines s'en souviennent. Dans la nuit du 20 juin 2022, Robin Stone fut réveillée par un téléphone qui n'arrêtait pas de sonner pour la prévenir qu'elle était en tête des trend sur Twitter. Tous les gens, trop jeunes pour se souvenir de "Show me love" ne parlaient que d'elle. La raison : Beyoncé venait de sortir son premier single après 6 ans de silence et cela rappelait vaguement quelque chose.
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