Puisque le divin Mancini, dès 1959, envisagea des paroles au thème de "Mr Lucky", écrites par l'illustre tandem Jay Livingston et Ray Evans, avec lequel Mancini collabora de nombreuses fois et qui étaient déjà responsables des lyrics de "Peter Gunn", finalement, les chanteurs et chanteuses en quête de nouveautés n'avaient plus qu'à entrer en studio puisque tout était déjà fait.
Et c'est George Chakiris le premier qui va entonner "They call us lucky, you and I, lucky girl,lucky guy", George Chakiris fier de son succès dans "West Side Story", ce sera d'ailleurs un argument de vente sur la pochette de son album, et George Chakiris qui voyait enfin la lumière après 10 années à courir les cachets à Hollywood. Vous n'ignorez sans doute pas qu'il est aux côté de Marilyn dans le numéro "Diamonds are a girl's best friend", derrière Gene Kelly dans la scène du mariage dans "Brigadoon" et vaguement au loin dans "The country girl" avec Bing Crosby et Grace Kelly".
En contrat avec Capitol de 1962 à 1965, pour quatre albums qui n'iront pas, en gros, nulle part, George se perdra à la fin des années 70 en France où il enregistrera une poignées de 45t dont les pochettes peuvent donner lieu à une idée collection. Mais musicalement, l'écoute prolongée de "Réveille-toi" ou "Mon pays c'est le soleil" peut entraîner des troubles irréparables, sachez-le !
Chronologiquement, nous pénétrons une autre dimension en découvrant que la deuxième personne, et première voix féminine à s'accaparer "Mr Lucky" est Sarah Vaughan qui en 1964 va consacrer l'intégralité d'un album à Henry Mancini. Il n'est pas impossible d'ailleurs que nous ayons découvert au même moment l'instrumental tiré de la BO de "Mr Lucky" et la version de la divine. Mais nos souvenirs sur ce point sont incertains et plus important, on s'en moque. Puisque plus rien n'importe dès que Sarah chante, non ?
Evidemment, là, nous ne sommes plus dans la sensation pop que tentait d'être George Chakiris mais dans la maîtrise absolue, la finesse, et le grave évidemment, sans parler du vibrato caractéristique qui nous donne toujours l'impression qu'une chanson interprétée par Sarah Vaughan est l'équivalent musical d'un tour de Grand-Huit, looping compris.
Et parlant de maîtrise, nous sommes plus qu'heureux de pouvoir enfin consacrer quelques lignes à Marilyn Maye, le secret le mieux gardé du show-business américain, enfin, jusqu'en 2008 quand à l'âge de 80 ans, miss Maye, qui chante professionnellement depuis 1946, connut ce qu'elle n'attendait plus : la célébrité.
Chanteuse de big band, à la radio, puis de cabaret à Kansas city, Marilyn Maye enregistra quelques albums et fit plus d'une centaine d'apparitions à la TV américaine mais relativement en vain. On la connaissait vaguement mais pas assez pour qu'elle devienne une star.
Et puis, peut-être parce qu'elle ne renonça jamais et continua sans cesse de se produire sur scène, à la fin des années 2000, on se souvint qu'elle existait et qu'elle était une chanteuse formidable. A 95 ans, en mars denier, elle a fait ses débuts sur la scène du Carnegie Hall. Avec un statut de légende. La vie, parfois, franchement...
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