Les acteurs qui chantent ont une place particulière dans nos coeurs pour la simple raison que leurs efforts discographiques sont généralement mauvais. Doit-on cependant ricaner ? Bien sûr que non. D'abord parce que ce n'est pas suave, et surtout parce qu'ils ne sont généralement pas entièrement responsables de leurs errements musicaux. Blâmons plutôt les producteurs, les agents et, avouons-le, le public, qui n'a pas toujours conscience de ce qu'il demande.
Tony Perkins (c'est à dire Anthony Perkins avant qu'il ne tourne "Psychose") fut, en 1957, le "next big thing" du cinéma américain, l'héritier désigné du récemment crashé James Dean et l'espoir de la Paramount qui investit des fortunes savamment médiatisées afin de construire sa carrière. Destiné à affoler les adolescentes, il convenait d'en faire une star des écrans et du disque. On l'envoya donc en studio.
Les aventures chantantes de Tony Perkins furent logiquement fabriquées pour les hit-parades et, à l'image des disques de Tab Hunter avec lequel il entretenait une liaison classée "secret défense", composées de slow langoureux non exempt de fort suaves "doo woop". Si Tab avec "Young love" fut numéro 1 pendant 6 semaines, Tony se contenta d'une 24e place avec "Moon-light swim". Imaginons malgré tout que les deux titres s'enchaînaient allègrement dans les surprise party.
Cependant, et c'est ce qui nous intéresse aujourd'hui, Tony Perkins n'avait que moyennement envie d'être une idole des jeunes. Et s'il continua, par contrat, à enregistrer des niaiseries, il réussit, ce qui n'en finit pas de nous étonner quelques 60 ans plus tard, à convaincre le label Epic puis RCA de le laisser enregistrer du jazz. L'adolescente du Middle West dut en rester un peu coite. Elle attendait Elvis, elle avait Cole Porter.
Lorsqu'installé en Europe à partir des années 60, Tony Perkins tentait de faire oublier Norman Bates, il poursuivit une carrière de chanteur, discrète mais de bon goût, à l'image de ce célèbre "Anthony Perkins chante en français" sur lequel il entonne du Boris Vian, du Henri Salvador, du Guy Béart et chante Françoise Sagan, "Aimez-vous Brahms" oblige.
Mais revenons aux basiques : Tony Perkins était bien fait pour les atmosphères enfumées des clubs de jazz et accompagné d'une petite formation, il est irrésistible.
Voici donc le très suave album "Tony Perkins" de 1957, composé de 12 perles sans faute de goût arrangées par l'encore plus suave Marty Paich et qui assureront à vos cocktails dînatoire et BBQ estivaux la bande-son idéale. La voix est chaude, le vibrato frissonnant. Et plus qu'une curiosité, voici bien un incontournable de toute suave discothèque qui se respecte, selon les pistes de lecture figurant sur la pochette ci-dessus.
Et pour télécharger tout cela au format zip, vous savez comment faire.
5 commentaires:
Merci, que j'aime la suavitude des weekends. Sous la pluie du jour, je me croirais en septembre et vos mélodies vont encore m'envouter pendant des heures (oui je les écouterais sans doute en boucle comme les précédentes).
Encore, encore, encore!!!
Cet album fut une telle surprise lorsque nous l'avons découvert... Partageons et partageons encore :)
Les arrangements sont presque trop suaves pour cette voix si chaudement virile...
Nous avons entendu bien pire. Apprécions l'absence de violons dégoulinants par exemple :)
Quand j'ai découvert dans la cave d'une amie un 45T d'Anthony Perkins chantant "Quand tu dors près de moi", j'étais intrigué. Quand on l'a écouté sur un vieil électrophone, j'ai été ému. Pour moi, Anthony Perkins n'était que le psychopathe de Psychose. Quelle découverte! Quelle repentance... Et dire que beaucoup d'autres ne l'ont plus vu qu'ainsi...
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