Lorsqu'en 1985, encore pratiquement en culottes courtes, nous nous sommes rendus dans un cinéma afin de voir "A chorus Line" réalisé par Richard Attenborough, reconnaissons que nous ne savions pas exactement ce que nous allions regarder.
Il y avait Michael Douglas, que nous avions beaucoup aimé dans "A la poursuite du diamant vert", c'était un film du créateur des dinosaures dans "Jurassic parc" et on allait y chanter. Car le fait que le film soit l'adaptation d'une comédie musicale était tout de même parvenu jusqu'à nous, sans doute grâce aux critiques lues dans le magazine "Première". 118 minutes plus tard, nous n'étions plus vraiment la même personne.
Nous savions à présent que dans la vie, nous voulions être Vicki Frederick (ce que confirmera le visionnage de "Deux filles au tapis"), ou devenir chirurgien afin d'opérer Cameron English, lui rendre le sourire et éventuellement l'épouser. Nous savions surtout qu'il était vital d'en savoir plus sur "A Chorus line", et par ricochet sur Broadway, et enfin sur Marvin Hamlisch. Nous avions déjà beaucoup trop d'énergie à dépenser.
Ellipse temporelle comme pourrait l'écrire un étudiant en Master 2 Lettres Modernes, nous voilà en 2024 et évidemment nous ne sommes plus tout à fait la même personne. Nous avons entre temps revu de nombreuses fois le film d'Attenborough, eu la chance d'assister à une représentation de "A Chorus line" à Broadway. Et nous sommes donc en mesure d'affirmer que l'adaptation de 1985 n'est pas une réussite et qu'il a finalement été préférable de ne pas être Vicki Frederick puisque nous aurions aujourd'hui 75 ans.
Mais quid de "What I did for love", visiblement la chanson de la semaine dont nous n'avons pas dit un seul mot depuis le début de ce billet ? Une chose est certaine : la première fois que nous avons fait sa connaissance sur grand écran, elle ne nous a pas fait grand chose, il est même possible que nous en ayons profité pour regarder l'heure sur notre nouvelle Swatch. Nous n'avons jamais été très attiré par l'obligatoire solo mélodramatique de la vedette, ce dont le titre avait toute les caractéristiques. Et Cassie était trop insupportable pour engendrer la moindre sympathie.
Il s'est d'ailleurs avéré plus tard, que la version qu'en donne le film est une hérésie par rapport au show de Broadway. Non Cassie ne revient pas sur ce qu'elle a pu faire par amour en songeant à son histoire compliquée avec Michael Douglas (quelle idée, d'ailleurs...), ce n'est même pas elle qui chante le titre sur scène, c'est en fait Diana, la danseuse d'origine portoricaine qui se demande, avec le reste des danseurs, ce qu'il se produirait si tout s'arrêtait pour eux et qu'il leur était impossible de continuer à danser. C'est évidemment la même chanson mais avec des intentions totalement différentes. Rien à voir, donc.
Si nous résumons, la chanson de la semaine est un hymne à la résilience, à l'acceptation de ses propres limites mais également un appel à ce que le spectacle continue. Bien que larmoyante, "What I did for love" est très Broadway, très "The show must go on", mais version 1975. Et tout ceci, nous le devons à Marvin Hamlisch, responsable de l'intégralité de la partition de "A Chorus line", l'homme qui composa en fait la bande son des années 70 et d'une partie des années 80, pour Broadway, pour Hollywood, et pour Barbra Streisand.
Car Marvin Hamlisch, c'est avant tout "The Way we were". Nous avons toute la semaine pour parler de "What I did for love", nous n'avons par contre qu'aujourd'hui pour nous offrir ce petit plaisir.
1 commentaire:
"What I did for love" avait été utilisé de façon assez rigolote dans un petit medley "theatre vs TV shows" par Neil Patrick Harris, Megan Hilty et d'autres durant les Tony awards 2013 : "what I did for...an obscene amount of money"...
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