Si nous évoquions hier la grand invasion britannique de 1964, et la folie pour tout ce qui pouvait être british en ce milieu des années 60, et qui fut relativement profitable à "You came a long way from St Louis", il serait évidemment fâcheux de ne pas évoquer qu'au même moment se déroulait une autre révolution, cette fois sur le territoire américain et qui n'allait pas tarder à se répandre à la surface de la planète.
Grande année décidément que 1964 : au moment où les Beatles mettait un pied aux USA, dans un studio d'enregistrement de Detroit, les Supremes enregistrait sans grand enthousiasme "Where did our love go", sans enthousiasme puisqu'elles héritaient, encore une fois, d'une chanson refusée par d'autres artistes Motown plus célèbres, en l'occurrence ici les Marvelettes.
Après trois années de labeur acharné et de singles qui n'allaient nulle part (n'étaient-elles pas surnommées les "no hits Supremes" ?), enfin le trio voyait le bout du tunnel. "Where did our love go" monta jusqu'à la première place du top 100 et suivirent 4 autres numéro 1 consécutifs, du jamais vu. La Motown était lancée, les artistes noirs enfin bankable et le R'n'B le roi du monde.
Très très blanche à sa création, dans les années 60, "You came a long way from St Louis" devient blues, soul, un peu rock n'roll et donc très rhythm and blues, ce qui est facilement confirmé par des versions que vont livrer Etta James, Gloria Lynn ou Della Reese mais calmons-nous puisque nous gardons Della pour demain.
Mais la preuve irréfutable qu'un titre est à présent parvenu à séduire à peu près tout le monde, peu importe ses origines, sa couleur de peau et la puissance de sa glotte est évidemment lorsqu'il entre au catalogue de la Motown, interprété par deux des plus grandes stars du label. 1965 : Marvin Gaye, Mary Wells. C'est l'extase.
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