Au début des années 80 commença à circuler un bruit aussi étrange que sensationnel, dont on réussit à savoir qu'il émanait de l'entourage de certains artistes de la Motown. Diana Ross, grande traîtresse ayant quitté la maison mère pour rejoindre le label RCA en 1981, aurait entretenu, au début des années 60, une relation brève mais passionnée avec son assistante.
Si bien des rumeurs entouraient l'ancienne Supremes (capricieuse, manipulatrice, despotique) et qu'on ricanait des ses lubies : ne pas la regarder dans les yeux, l'obligation de l'appeler "miss Ross", tenter d'être Barbra Streisand à la place de Barbra Streisand, la perspective que la Diva de Detroit se soit abandonnée à des corps à corps saphiques était un ragot bien supérieur à tous les autres. Quant on sut enfin que la secrétaire en question n'était autre que Lola Falana, l'excitation devint, dans certains milieux éclairés, absolument délirante.
Lola et Diana au début des années70.
Pratiquement inconnue en France, Lola Falana fut à la fin des années 70 et tout au long des années 80 la showgirl ultime, la triple menace comme les américains aiment surnommer celles et ceux qui dansent, chantent et ne sont pas ridicules sur grands écrans. Découverte par Sammy Davis Jr, elle devint sa danseuse puis choriste puis première partie préférée avant de décider de s'émanciper, juste au moment où May Britt demandait le divorce d'avec Sammy pour "adultère avec l'une de ses collaboratrices"...
Si Lola Falana est inconnue en France, elle fut cependant une star en Italie où un western spaghetti fit d'elle la "Venus noire" et lui ouvrit au tournant des années 70 les plateaux de la Rai. Immanquable à la télévision, elle eut même son propre show avant de revenir aux Etats-Unis. 5 ans plus tard, elle était devenue la reine de Vegas, gagnant jusqu'à 100 000 dollars par semaine lorsqu'elle se produisait au Sands ou au Riviera. Mettant sa carrière entre parenthèse en 1987 lorsqu'on lui diagnostiqua une sclérose en plaques, elle trouva Dieu et chante depuis l'amour céleste, ce qu'elle faisait en quelque sorte dans les années 80 mais avec beaucoup plus de paillettes.
La popularité de Lola Falana, à son apogée à la suite d'une mémorable campagne de publicité pour les parfums Fabergé et son statut d'invitée sempiternelle de tous les shows musicaux existants, rendit évidemment la nouvelle d'une liaison possible avec Diana Ross sensationnelle, de l'ordre de ce qu'aurait donné le soupçon d'un flirt entre BB et Catherine Deneuve dans les années 70.
Mais alors que le bruit se répandait, des sourcils commencèrent à se lever : bien que réjouissante, cette rumeur ressemblait toutefois à un faux et pour cause : Lola Falana n'avait jamais mis les pieds à Detroit. Des zones d'ombres figuraient bien dans sa biographie mais aurait-elle, même brièvement, été embauché par la Motown, elle aurait immanquablement fini, non pas dans les bras de Diana Ross mais dans le lit de Berry Gordy. D'où venait donc cet étrange ragot et devait-on tout de même croire, tout en balayant avec regret l'image de Diana et Lola roulant sur la moquette, l'idée bien installée qu'il n'y a jamais de fumée sans feu ?
Il sembla alors judicieux d'envisager une erreur possible et de reconsidérer cette histoire sous un autre angle. Lola Falana n'avait visiblement jamais rencontré Diana Ross avant que toutes deux deviennent célèbres mais elle était, en 1960, la protégée de Dinah Washington, qui en quelque sorte la sortit du ruisseau. Diana... Dinah... la confusion venait-elle de là ?
Il est établi que quittant sa ville presque natale de Philadelphie, Lola Falana arriva à New York sans un dollar en poche et connut quelques mois difficiles. Elle dormit dans le métro et travailla dans des clubs de Harlem à des emplois non identifiés, jusqu'à ce qu'un soir, Dinah Washington la remarque et décide de s'occuper d'elle. Sammy Davis ne découvrit pas Lola Falana, il l'aperçut dans l'entourage de la reine du blues, qui savait s'entourer et surtout s'amuser.
Saurez-vous retrouver Lola Falana dans cette photo ?
Nous reviendrons sans doute un jour sur le cas Washington qui est absolument fascinant : 8 maris, des amants, des cachets et une fin prématurée en 1963 à seulement 39 ans. Rencontre improbable entre Judy Garland et Janis Joplin, Dinah Washington ne cachait rien de sa vie scandaleuse et d'un hédonisme qui lui faisait, presque officiellement, aimer autant les femmes que les hommes, couchant avec les premières et épousant les seconds.
Depuis longtemps une histoire se racontait dans les milieux du jazz, évoquant l'incident tragi-comique arrivé à une diva du blues, heureuse de découvrir en rentrant dans sa chambre d'hôtel une jeune femme nue dans son lit mais moins heureuse lorsque celle-ci, emportée par la passion, lui mordit jusqu'au sang un orteil à la suite d'un débordement quelque peu fétichiste. Dinah ? Lola ? Orteil ? C'était donc cela ?
Bien après la mort de Dinah Washington, son dernier mari au cours d'une interview leva le voile sur la vie débridée de l'interprète de "Mad about the boy". Il raconta notamment comment, après leur mariage, ils rentrèrent chez eux pour y découvrir une jeune femme s'annonçant comme leur cadeau, ce qui enchanta Dinah. Un peu stupéfait, le journaliste demanda au mari comment il réagit. "Bien", répondit-il, "c'était une amie".
5 commentaires:
Un tel degré de suavitude chante comme une promesse! Teach me tonight...
:)
Epatant!! Comme toujours!!
Tous ces messages nous font très plaisir, le savez-vous messieurs ?
Les bonnes affaires sont des plaisirs partagés!!
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