Il faut toujours se méfier de Claire ! Les habitués de Soyons-Suave le savent, que nos plus récents visiteurs le notent quelque part : c'est lorsqu'elle est silencieuse depuis quelques temps qu'elle est la plus dangereuse. Et quand en plus le Quizz est, même de loin, associé à Marlon, elle devient terrible !
Notre jeune touriste était bien Eva Marie Saint, dans une répétition prémonitoire de "Sur les quais". Claire voit donc son nom en noir sur gris cette semaine sur Soyons-Suave. Exceptionnellement elle ne reçoit ni félicitation, ni admiration éternelle. Elle est par contre conviée à venir inaugurer la stèle que nous comptons installer à son nom dans nos locaux. C'est la moindre des choses. Nous y déposerons chaque semaine quelques offrandes et un litre de glace vanille en hommage à Marlon.
Lorsqu'elle décroche l'Oscar du meilleur second rôle pour "On the waterfront" de Kazan en 1954, Eva Marie Saint est loin d'être une inconnue même s'il s'agit de son premier rôle au cinéma. Omniprésente à Broadway et surtout à la télévision, on la surnomme la "Helen Hays" du petit écran et la jeune femme originaire de Newark s'est spécialisée dans les personnages dramatiques, pris au piège d'un quotidien désespérant.
Eva Marie Saint est inlassablement la ménagère dépassée par ses tâches domestiques, la jeune épouse s'interrogeant sur sa vie monotone, l'amoureuse incapable de vivre ses rêves romantiques. Eva Marie Saint est en fait Doris Day sans soleil, sans sourire, elle ne termine jamais une scène en chanson.
L'image glacée qu'en propose Hitchcock dans "La Mort aux trousses" va en fait être une mini révolution puisque jamais Eva n'était apparue telle qu'on la voit aux côtés de Cary Grant. Le réalisateur britannique était d'ailleurs assez fier de sa création, expliquant ses longues séances avec l'actrice, afin de rendre sa voix plus grave, sa garde-robe plus chic et son allure générale plus mystérieuse.
Si "Sur les quais" marque bien l'entrée d'Eva dans la légende, "North by Nothwest" reste le film dans lequel on découvrit qu'elle pouvait susciter quelques frissons, et pas uniquement en risquant de se couper en épluchant des navets.
Comme beaucoup d'actrices de sa générations, Eva Marie Saint eut la possibilité de côtoyer le gratin masculin et il est étourdissant de réaliser qu'elle joua en quelques années aux côtés de Paul Newman, Brando, Monty Clift, Warren Beatty ou Richard Burton, la relève annoncée des idoles des années 40 ou 50.
Craqua-t-elle occasionnellement pour ses collègues de jeu ? Que nenni ! Quand on croise "Marie" et "Saint" dans son patronyme, on se doit d'observer une conduite exemplaire. Mariée depuis 1951 à l'acteur Jeffrey Hayden dont elle eut 2 enfants, elle se retira même régulièrement de la lumière afin de se consacrer à sa vie de famille.
Eva Marie Saint, à 87 ans, est toujours active. On a pu la voir en mère de Clark Kent dans "Superman returns" et plus récemment épinglée par Frédéric Mitterand qui lui remit les insignes de l'ordre des Arts et Lettres. Qu'elle ait vieilli avec grâce la rend encore plus suave.
Discrétion, efficacité, charme, travail, félicité maritale, Oscar : Eva Marie Saint est résolument une femme Soyons-Suave, voilà pourquoi nous ne comprenons toujours pas pourquoi elle n'est pas plus souvent apparue sur nos pages. Il n'est évidemment pas trop tard pour corriger cette impardonnable erreur...
1 commentaire:
Beaucoup de grâce et de chic mais sa discrétion explique sans doute ses faibles apparitions sur vos pages: pas de Shalimar derrière l'oreille ou de caniche porté à bout de bras...
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