Que faisait donc Sophie notre grande gagnante, debout à 1h du matin lundi dernier ? Elle démasquait le Quizz, avec une rapidité qui fit se taire tous les participants. Le joli sourire appartenait bien à Magda Schneider, mère de, Sophie voit donc son nom en noir sur gris sur Soyons-Suave cette semaine et reçoit nos plus sincères félicitations.
Apprécions au passage l'amabilité de nos suaves visiteurs qui n'ont jamais aussi bien porté cet adjectif. Au lieu de vous répandre en insultes et propos diffamatoires, vous avez su mettre de côté vos éventuelles rancoeurs et congratuler la gagnante. Si vous vous donniez tous la main nous pourrions entourer la terre d'une chaîne de suavitude. Ce serait beau. Ce n'est hélas qu'un rêve.
Le rêve est justement ce qui caractérise en partie la carrière de Magda Schneider, commencée bien jeune sur les planches et au cinéma en 1930. La future mère de Romy rêva d'être une vedette, elle finit par le devenir, elle espéra qu'Adolf change la face de l'Allemagne, il le fit en partie, elle pria pour redevenir une tête d'affiche après la guerre, elle y parvint, elle songea enfin que sa fille pourrait accomplir tout ce qu'elle n'avait pu achever, elle s'y consacra pour le restant de ses jours.
Car à partir de 1953, année qui marque le retour de Magda en haut de l'affiche et les débuts de Romy dans "Lilas blancs", Madame Schneider va devenir inséparable de sa fille. Le projet est supposé redonner à Magda sa place oubliée dans le coeur des allemands, il va, par une ironie délicieuse, mettre en lumière la fille. C'est elle désormais qu'on veut voir et on la verra, dans "Sissi" bien entendu, qui fera d'elle une héroïne nationale puis une traîtresse lorsqu'elle refusera de tourner un quatrième opus.
Les relations entre la fille et la mère seront parfois dignes d'un scénario hollywoodien sur les "stage mothers", ces ogresses prêtes à tout pour mettre leur enfant dans la lumière. Madame Schneider signera les contrats, dirigera pas à pas la destiné de Romy jusqu'à ce que cette dernière ne quitte l'Allemagne et ne tente, en France, un carrière sans crinoline. Continuant vaillamment son métier, Magda, sans Romy, sera active jusqu'à la fin des années 60, essentiellement à la télévision. Elle disparaîtra en 1996, 14 ans après la fin prématurée de Romy.
Vrai visage du cinéma allemand d'avant guerre, Magda Schneider vaut sans doute mieux que l'image qu'elle a aujourd'hui mais nous ne pouvons que le supposer, n'étant pas parvenu à mettre la main sur de conséquents articles la concernant. Nous sommes en tout cas certains d'une chose : elle fut peut-être pénible mais sans doute moins embarrassante que deux autres mères célèbres partageant étrangement les mêmes initiales : Jackie S, c'est à dire madame Stallone et madame Sardou. Vous voyez : la vie peut toujours être moins suave qu'elle n'est.
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