La question du jour : peut-on faire du rap et être suave ?

Qu'on ne s'y trompe pas, la question du jour n'aurait pu être inversée et l'interrogation "Peut-on être suave et faire du rap ?" ( et non "faire du rap et être suave") n'entraîne pas du tout les mêmes conclusions. Etre suave est un état qui permet de faire à peu près tout ce qu'on veut avec détachement, grâce et un soupçon d'ironie alors que faire du rap est un choix qui permet d'avoir de grosses gourmettes et d'être entouré de jeunes femmes distinguées en deux pièces souvent humides.

La chose n'est pas récente mais depuis 2006 est apparu sur les scènes new-yorkaises Cazwell, jeune rappeur originaire du Massachusetts qui en quelques albums et surtout quelques clips a plus qu'un peu bousculé les codes d'une musique qui nous avait rarement mis en transe jusque là. Le titre qui l'a fait connaître ne parle ni de voiture ni du besoin de se souvenir d'où on vient et de ce que nous a fait la police mais de l'improbable possibilité de croiser Beyoncé dans un Burger King.

Inviter sur un morceau quelqu'un qui s'appelle Johnny Makeup est déjà un signal fort, Cazwell se distingue en fait des autres rappeurs par le fait qu'il soit suave et le revendique. D'ailleurs depuis 2008, il ne se sépare plus d'un groupe de danseurs latino ayant l'habitude d'être en permanence torses nus et très prompts à baisser jusqu'à l'indécence leurs tous petits sous-vêtements. Et pourquoi pas ? Les rappeurs hétérosexuels n'ont-ils pas leur propre meute féminine ?

A l'été 2010 il a affolé Youtube en y postant sa dernière video dans laquelle des glaces sont mangées d'à peu près toutes les façons les plus suggestives possibles. La chose a été vue plus d'un million de fois en moins de 8 jours, cela s'appelle "Ice cream truck" et si vous avez chaud, allez donc vous rafraîchir en sa compagnie.

Il est impossible d'envisager Cazwell sans l’auto-dérision qui caractérise également sa muse, Amanda Lepore, indescriptible créature que nous inviterions volontiers chaque mercredi pour notre instant LGBT. Désormais inséparables, Cazwell a récemment composé tout un album pour, dixit elle-même, la plus grande transsexuelle du monde. Elle ne sait pas vraiment chanter mais elle fait du tapis de course comme personne.

Dans cette unique cas de figure il est donc possible de répondre oui, on peut faire du rap et être suave. Et en plus on danse. C'est samedi soir un lundi sur Soyons-Suave !