lundi 20 février 2023

La fin du Quizz - le retour !


 































Comme souvent avec certains (ou certaines) pourfendeurs de photos mystères, nous sommes confrontés à un choix cornélien : envisager ou non le sous-entendu ? Car de toute évidence, Nina a bel et bien démasqué "Above suspicion" la première mais c'est Gatsby qui le cria haut et fort. Invoquons finalement le Jacques Martin qui sommeille en chacun de nous et déclarons que tout le monde a gagné. Mais qu'on ne vous y reprenne plus, hein. 

Nina et Gatsby, voyez donc vos deux noms en noir sur gris cette semaine et recevez nos plus sincères félicitations, ainsi que vos coordonnées respectives par pli discret. Car c'est aussi cela, Soyons-Suave, un blog qui rapproche les visiteurs éclairés. Et ne nous remerciez pas, nous sommes là aussi pour ça. 



































































Sorti sur les écrans américains en 1943 et, pour des raisons que nous n'avons pas besoin d'expliquer, un peu plus tard en France sous le titre "Un espion a disparu", "Above suspicion" possédait sur le papier tout ce qu'il fallait pour devenir un succès MGM : un casting de choix et des seconds rôles impeccables, un réalisateur aguerri (Richard Thorpe) et un scénario aux multiples rebondissements, adapté du premier best-seller de Helen McInnes dont les romans d'espionnage seront régulièrement portés à l'écran. 

Hélas, trop fois hélas, "Above suspicion" fera une honnête carrière au cinéma, gagnera même un peu d'argent mais sera éreinté par la critique. La plus méchante (et assez drôle, reconnaissons-le), dénoncera le fait que si le scénario, sorte de jeu de piste dans l'Europe occupée par les nazis, était plutôt plaisant, il était difficile de croire que Fred McMurray et Joan Crawford soient assez intelligents pour résoudre autant d'énigmes. 

La suite est relativement connue : furieuse d'avoir dû encore une fois défendre un scénario jugée par elle trop faible, Joan ira se plaindre auprès de Louis B Mayer, qui, à la grande surprise de la star, lui montrera la porte du studio. Et comme il était plus galant d'invoquer un différent artistique et une envie de changer d'air, on déclara que Joan Crawford avait choisi elle-même de quitter Metro, alors qu'on la mettait dehors après 18 années de bons et loyaux services.  




































Et tout cela est réellement très injuste. Car si vous n'avez jamais eu le plaisir de regarder "Above suspicion", qui est d'ailleurs le premier Joan Crawford de notre suave existence, nous ne pouvons que vous conseiller d'essayer déjà de le trouver puis d'y jeter un oeil. Car vous découvrirez un film fort honnête, une histoire particulièrement distrayante d'espion mystérieux possédant les plans d'une arme nazi et qu'un couple en voyage de noces, recruté juste après s'être dit "oui", va tenter de retrouver en France puis en Europe centrale.

Evidemment on ne croit pas une seconde à la candeur supposée de Fred et de Joan, qui semblent, eux, très convaincus par ce qu'il se passe et ce qui est finalement tout ce qu'on leur demande. Et comme ce sont des espions, ils se déguisent, endossent de multiples identités et frôlent régulièrement la torture et la mort (gasp !) mais en réchappent (ouf !). 

Et comme nous avons Joan Crawford, elle est de toutes les séquences, change à chaque plan de tenues (signées Irene) et régulièrement de longueur et de coupes de cheveux (dont notre préférée, le petit pare buffle sur le front) mais n'est-ce pas aussi tout ce qu'on lui demande... 




































Et si déjà "Above suspicion" est un réel plaisir presque coupable en lui-même, les choses atteignent un très haut degré de suavitude lorsqu'on observe la campagne promotionnelle qui accompagna la sortie du film, et qui nous fait dire que quelqu'un, au sein de la MGM, n'y croyait pas trop. 

70 ans plus tard, nous cherchons toujours quelqu'un qui pourrait nous expliquer la symbolique de cette petite lucarne et que visiblement le photographe et les attachés de presse trouvèrent très rigolote. Et à chaque fois que nous regardons ces clichés, il nous semble entendre la voix d'un directeur artistique expliquant à une Joan certainement dubitative après 20 ans dans la métier : "Je vous assure Miss Crawford que ça va très bien rendre."  



































N'imaginons même pas la réaction de vétérans des planches et des plateaux comme Basil Rathbone et surtout Conrad Veidt, qui décèdera quelques semaines plus tard d'une crise cardiaque.  Mais sans relation aucune avec le film nous précise-t-on. 

Deux choses pour finir : lorsqu'en 1966, le fils de Richard Thorpe débuta une carrière de réalisateur comme papa, ce sera avec "Minuit sur le grand canal", film d'espionnage tiré, lui-aussi, d'un roman de Helen McInnes et distribué par la MGM, ce que nous trouvons assez amusant. Notons que nous retrouvons au générique Boris Karloff qui décèdera quelques mois plus tard. Mais sans relation aucune avec le film, nous précise-t-on également. 


































































Mais surtout, dans ce qui apparaît aujourd'hui comme un évident acte de sabotage, il fut distribué à la presse, afin de promouvoir "Above suspicion", une photo non retouchée de Joan sur laquelle apparaissait nettement le secret le mieux gardé de Hollywood : ses tâches de rousseur ! Et un regard un peu fatigué. On s'empressa de rectifier l'erreur et on inonda les services de presse du cliché cette fois "amélioré".

Et dire que Photoshop fut annoncé comme une révolution...  

1 commentaire:

Jérôme moins anonyme a dit…

Elle est mieux sur le premier cliché, non ?