Le dernier Quizz de 2010, proposé par Charlus80 et remporté avec l'énergie d'une année qui s'achève par notre Maharanée, Claire, a vu l'entrée sur Soyons-Suave de Julia Roberts, qui rendait hommage à l'immortelle Louise Brooks. Charmante comédienne et fiancée chérie de l'Amérique, Miss Roberts, autant vous l'avouer, ne nous inspire pas plus que cela. Voilà sans doute pourquoi elle n'était encore jamais apparue sur ces pages. Pourtant nous lui reconnaissons un certain talent, celui de l'auto-dérision. C'est en effet avec surprise que nous l'avons entendu déclarer, alors qu'on lui demandait de commenter une photo d'elle : "Quand je souris, j'ai toujours l'impression d'avoir un cintre dans la bouche !". Julia, voilà un pas vers la suavitude.
Bien avant Julia Roberts et ses 58 dents, Martha Raye fut "The Big Mouth", l'assuma et en fit une carrière qui la mena jusqu'à s'assurer une retraite bien méritée en devenant, dans les années 80, le visage officiel de Polident. Née en 1916, l'enfance de Martha servit d'après la légende de canevas au numéro "Born in a trunk" d'"Une étoile est née" : sur scène à 3 ans, tête d'affiche à 8, chanteuse de big band à 14 ans et début au cinéma à 18. Quand elle disparut en 1994, elle avait donc 75 ans de carrière derrière elle, c'est à dire beaucoup de chutes, de portes en plein visage, de saut dans des piscines et autant de gros plans sur sa bouche.
Martha Raye fait la jonction entre 2010 et 2011 : à partir de 2m10 apparaissent les rollers !
La grande bouche de Martha Raye, évidente, encombrante, la cantonna dans des rôles comiques au cinéma et à la télévision mais dont elle n'eut jamais honte, suivant le vieil adage : "Je préfère que le public rit avec moi que de moi". Et mis à part quelques très rares rôles ou numéros "sérieux", Martha Raye joua toute sa vie en clin d'oeil permanent avec le public, comme si elle précisait que tout cela n'était qu'une blague. Initiatrice du slapstick et inspiratrice de futurs clowns comme Lucille Ball ou Betty Hutton, elle aurait pourtant pu se distinguer comme simple chanteuse. Anita O'Day la reconnaissait comme son modèle absolu et son swing était impeccable. Elle préféra pourtant la dérision et le grotesque, au plus haut point par exemple dans cet Himalaya de l'humour qu'est "Hellzapoppin"'. Il est tout à fait possible de la trouver parfois insupportable mais il est impossible de ne pas fondre lorsqu'en pleine répétition du Judy Garland Show, simplement pour le public présent et pour Judy Garland, elle offre le plus beau numéro d'auto-dérision rarement filmé, tout en maintenant le rythme et s'assurant que Judy ne meure pas d'apoplexie. Les producteurs choisiront d'ailleurs de le monter tel quel dans la version diffusée plutôt que de le retourner.
Ne serait-ce que pour cela et quelques dizaines de bijoux sonores, le petit Panthéon de Soyons-Suave est fier de l'accueillir. Il est fait pour les gens irremplaçables à qui nous disons un éternel merci.
2 commentaires:
Merci de cet hommage!
Mais dites moi? Combien de dents a Sophia Loren???
Elle est littéralement hors compétition et le nombre exact est détenu dans un coffre en Suisse.
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