Mais que nous aimons lorsque les choses sont claires et nettes, à l'image de la victoire imparable d'Ivan qui ne laissa à personne l'occasion de douter que sa réponse fut la bonne. Oui il s'agissait bien de Lesley Ann Warren dans "Cluedo", Lesley dans SA robe satinée à souhait et suavement moulante.
Ivan, vous voyez cette semaine votre nom en noir sur gris sur nos pages et entendrez en tendant l'oreille jaillir un international "Bravo" de nos locaux. Vous êtes fort. Vous êtes très fort. Vous êtes notre pourfendeur masqué ibérique. Félicitations.
Sortie sur les écrans américains en 1985, l'adaptation du jeu de plateau Cluedo par Jonathan Lynn, dont c'était d'ailleurs la première aventure cinématographique comme réalisateur après des années passées à la télévision et notamment à la BBC, fut ce qu'on appelle un échec. Peu de spectateurs dans les salles, des critiques plus que tièdes et même glaciales pour certaines et finalement, 14 millions de dollars de recettes pour un film qui en avait coûté 15 : non, pas bien brillant tout cela.
Voilà sans doute la raison qui poussa la Paramount à ne pas s'emballer sur la distribution à l'étranger. La film n'eut droit qu'à une très discrète sortie en France, à tel point que lors de son passage en VHS, la jaquette mentionnait, comme vous pouvez le remarquer, la mention "Inédit en France". Parfois, c'est rare mais cela arrive : on nous ment.
Sur le papier, "Cluedo" ou "Clue" pour nos amis anglo-saxons, avait pourtant tout pour séduire, hormis l'idée à priori stupide de transformer une boite de jeu en film. A l'origine du projet John Landis ("Kentucky fried movie", "The Blues brothers"), à la production l'illustre femme derrière les films de John Carpenter : Debra Hill et un casting génial : Christopher Lloyd, Tim Curry et surtout Lesley Ann Warren et Madeline Kahn, ce dernier nom suffisant en 1985 à faire dire à toute personne sensée : on y va.
Et puis l'idée d'une comédie noire avec des acteurs potentiellement cabotinant évoquait forcément "Un Cadavre au dessert", jouissante pâtisserie de 1976 parodiant les "qui a tué ?" d'Agatha Christie.
Et enfin, nous allions savoir ce qu'avait fait le colonel Moutarde avec le chandelier dans la bibliothèque. Quoi que. Car l'idée, amusante en elle-même, de tourner trois fins différentes et de distribuer au hasard les copies dans les cinémas sans préciser, évidemment, quelle fin la salle proposait, s'avéra catastrophique et entraîna même des plaintes de spectateurs.
Un peu comme Nancy Walker qui marqua de son empreinte indélébile "Cadavre au dessert", "Cluedo" est un film Madeline Kahn, totalement folle mais habitée, qui offre la seule improvisation au cours du tournage qui fut conservée par le réalisateur lorsqu'elle évoque les "flammes" brûlant son visage, une courte séquence qui a donné naissance à une quantité invraisemblable de gifs qu'on est toujours heureux de croiser.
Aussi formidable qu'elle soit, Lesley Ann Warren n'est donc pas la grande triomphatrice de "Cluedo", mais ce n'est pas grave puisqu'elle est dans "Victor-Victoria" et Madeline Kahn non.
Il est fort possible que ce soit là que nous l'ayons croisée pour la première fois, en Jean Harlow nymphomane et irrésistible, volant, chacun son tour, un peu la vedette à Julie Andrews qui avait pourtant beaucoup plus de chansons mais de moins jolies gambettes.
Comment savoir alors, puisque nous étions si jeunes, que Lesley Ann venait de Broadway, avait été une inoubliable Cendrillon pour la télévision US à 18 ans et avait été la dernière actrice à faire battre le coeur de Walt Disney, qui succomba lors du tournage du premier film de la firme aux grandes oreilles qui la mettait enfin en vedette ?
Comment imaginer qu'elle avait été, lors d'une saison, la remplaçante de Barbara Bain dans "Mission Impossible" et était apparue dans absolument toutes, nous disons bien toutes les séries de premier plan des années 70 ?
Avec un tel palmarès et quelques prestations inoubliables dans des films qui le sont peut-être un peu moins, on peut toute de même se demander pourquoi Lesley Ann Warren, belle, talentueuse, multi-casquettes et drôle, ne joue plus aujourd'hui, alors qu'elle n'a que 73 ans (ou alors parce qu'elle a justement 73 ans...) que les mères ou les belles-mères des têtes d'affiche ?
Une piste de réflexion : on jugea à un moment important de sa carrière, comprenez l'entrée dans la trentaine, qu'elle était formidable mais peut-être un peu trop, enfin, sous certains angles, légèrement similaire à une autre actrice, exactement du même âge et dont la carrière, elle, décollait au cinéma.
Nouvelle occasion d'évoquer que les gens sont méchants, parce que franchement, vous trouvez, vous, que Lesley et Susan se ressemblent ?
Comme nous le disait pas plus tard que ce midi un adolescent à qui nous demandions s'il était intéressé par une dixième part de pizza : "Grave" !
4 commentaires:
Ah non, Susan ne ressemble pas à Lesley Ann!
Susan respire la santé, elle n'a pas à ce petit air par en-dessous, ces joues malsaines et ces yeux trop grands.
loooooool, ben dites...
Madeline Kahn avait, dans "Clue", cette réplique qui témoigne d'une certaine philosophie de l'existence. "Men should be like Kleenex : soft, strong and disposable". Tout un programme...
Merci en tout cas pour cette belle recension filmique !
Mais tu es un flatteur, monsieur...
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