Evidemment, si en lisant le nom de Christopher Morley, vous avez aussitôt songé au poète et romancier américain, auteur, entre autre, de "Kitty Foyle", qui adapté sur grand écran, vaudra à Ginger Rogers son unique Oscar, si c'est à lui, donc, que vous avez pensé, la réponse à la question du jour n'a pas traîné : comment va-t-il ? Moyen, puisqu'il est décédé en 1957.
Si par contre, le nom de Christopher Morley a aussitôt évoqué pour vous celui qui, bien avant Ru Paul, a familiarisé le téléspectateur américain au travestissement, alors, non seulement cela prouve que vous êtes suave mais également un brin cinéphile et voici donc quelques nouvelles de lui.
Mais d'abord un rappel sans doute nécessaire. C'était en 1974, dans le film "Freebie and the bean", alias "Les Anges gardiens", James Caan et Alan Arkin incarnaient un duo de policiers que tout oppose mais obligés de travailler en équipe, à la poursuite de différents tueurs à gages, dont un travesti, désireux de supprimer un malfrat dont le procès est imminent.
Si le film ne vous dit rien, bien qu'il soit à l'origine de la mode des "buddy cop movie" ("48h", "l'Arme fatale", "Tango and Cash" jusqu'au récent "Bad boys"), la séquence qui précède vous est sans doute familière puisqu'elle figure dans tous les documentaires, au sommet desquels l'indispensable "Celluloid Closet", sur la représentation gay et lesbienne au cinéma.
Dans cette scène quasi finale de "Freebie and the bean", James Caan découvrait que la meurtrière dangereuse qu'il poursuivait était en fait un meurtrier, maîtrisant de surcroît le high-kick. Et après quelques coups de pied bien placés, James atomisait la créature, prouvant que c'était là la meilleure chose à faire avec les travestis, par ailleurs diaboliques.
Christopher Morley va à plus d'un titre remercier James Caan puisque dans la foulée des "Anges gardiens" et de son succès surprise au box-office, il va être demandé partout : au cinéma mais surtout à la télévision où on va globalement lui demander de refaire la même chose. Il est ainsi un tueur travesti dans un fameux épisode de "Magnum", de "Switch" avec Robert Wagner, de la série "Vega$", un travesti tout court dans "Hooker", "Rick Hunter" ou "Rosanne".
Il va donc passer une bonne partie des années 70 et 80 à être fort joli, fort troublant, amenant irrémédiablement un des personnages des séries dans lesquelles il joue à s'exclamer "Mais c'est un homme !", alors qu'un second personnage, généralement de la police, lui retire sa perruque.
Mais Christopher va surtout devenir l'une des têtes d'affiche de la boite de nuit "La Cage aux folles" et de ses nombreuses succursales, où on réclame son incarnation de Marilyn, par ailleurs assez incroyable.
Ainsi donc, et même s'il dut pour cela maintes fois décéder, Christopher Morley fut pendant presque 20 ans le visage du trouble à la télévision américaine, allant même jusqu'à intégrer le soap "General Hospital" dans lequel le fait qu'il était un homme ne fut révélé aux téléspectateurs que le jour où son personnage décida de quitter sa perruque, à la surprise générale. Et si tout cela vous semble vaguement familier, oui, c'est en gros l'intrigue de "Tootsie".
Aujourd'hui Christopher a presque 70 ans. Il continue d'être sur scène, préférant désormais incarner Judy Garland que Marilyn. Sa page Facebook est assez drôle, un peu amère parfois car si le temps est pour tous assassin, il l'est encore plus pour les drag queen. Mais Christopher aime toujours mettre de la couleur dans nos existences... et dans ses cheveux. Pourvu que cela dure.
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