Si nous serons à priori d'accord qu'à des fins éditoriales, il serait absurde de répondre "Rien" à la question du jour, annonçons la terrible nouvelle à celles et ceux qui n'en sauraient rien : il y a deux jours, après 6 saisons et exactement 100 épisodes, l'inénarrable épopée lougaresque de MTV, "Teen Wolf", a tiré sa révérence.
Cela était annoncé depuis des mois, le public en émoi et les fans en pleurs savaient que cette saison serait la dernière mais tout de même, imaginons le déchirement pour beaucoup d'adolescentes et encore plus de messieurs ayant largement dépassé l'adolescence lorsque le dernier générique se mit à dérouler.
A priori, "Teen Wolf" n'était supposé être que l'adaptation par MTV du film qui faillit lancer Michael J Fox (mais sortit 15 jours avant "Retour vers le futur") et qui pouvait devenir le "Buffy contre les vampires" des téléspectateurs de la chaîne musicale, c'est à dire une série fantastique pour ado où on a un peu peur tout en se demandant qui va coucher avec qui.
Il y avait le gentil lycéen qui se fait mordre et découvre qu'il n'est pas aisé d'être un loup garou, son meilleur ami sarcastique et un peu maladroit et sa fiancée qui, le monde est ironique, est en fait issue d'une famille tuant depuis des générations les loups garous. Il y avait aussi de jeunes acteurs sympathiques, de la musique dont les titres apparaissaient à l'écran (très pratique). Il y a avait donc de grandes chances pour que cela soit sans réel intérêt ni suavitude particulière.
Nous ne remercierons jamais assez Jeff Davis, le créateur du show, d'avoir permis que "Teen Wolf" soit bien plus que cela et comme cela se dit dans les milieux spécialisés "Thanks heaven for gay showrunners", qu'on peut traduire très littéralement par : "une série n'est jamais aussi bien placée qu'entre les mains d'un producteur gay".
Dès sa première saison, "Teen Wolf" s'imposa comme le plus grand n'importe quoi homoérotique jamais tourné et il est certain qu'un jour, on écrira une thèse sur l'usage de la métaphore non voilée dans cette série et ses multiples influences sur les jeunes esprits du monde entier. On a déjà dû, d'ailleurs, écrire cette thèse, nous ne voyons pas comment cela puisse être autrement.
Alors que vous venez de survoler une partie du casting masculin des 6 saisons de "Teen Wolf" et qu'il est possible de se demander s'il y eut en fait des actrices dans la série (la réponse est oui mais c'est totalement anecdotique), saluons tous ces jeunes gens qui passèrent des heures, non seulement en salles de sports mais surtout à courir torse nu dans les bois, à grelotter nus sous des douches, à rester attachés à des grilles, ligotés dans des sous-sols.
Pensons à ces carrières qui furent lancées par un tee-shirt lacéré ou une morsure profonde et gouleyante. Nous ne connaissons pas exactement le nombre de comédiens de moins de 30 ans, si possible imberbes et possédant un IMC de 2,6 qui furent utilisés pendant 6 ans par la production mais nous pensons qu'il y a de quoi approvisionner les 200 prochains films d'André Téchiné. Facile !
Devons-nous donc être triste de voir cette ode à la jeunesse, au sport et au bondage s'achever alors que le monde a besoin, parfois, de torses glabres et de références abdominales stables ? Eh bien non, car, d'une part, comme personne ne l'ignore, toutes les bonnes choses doivent savoir s'arrêter, et d'autre part, il semblerait que "Teen Wolf" ait rempli sa mission.
Tout d'abord, comme tout bon tremplin qu'est une série TV, "Teen Wolf" a propulsé ce qu'elle devait faire éclater, c'est à dire les carrières de Colton Haynes et Dylan O'Brien vers le grand écran. Colton se perd, certes, en peu sur Instagram, mais en devenant le héros du "Labyrinthe" et de "American assassin", Dylan peut espérer quelque chose.
Et puis surtout, "Teen Wolf" a démontré qu'il était finalement dangereux de jouer avec la nature. Avant la série, Tyler Posey, Cody Christian et Ryan Kelley étaient trois jeunes comédiens, qui aimaient rire, boire des bières en chemises de flanelle et rentrer le soir chez eux auprès de leurs fiancées.
Après 6 années à être huilés, gonflés, déshabillés, épilés et filmés entre les jambes de préférence, il ne se passe pas une semaine sans qu'un des trois n'égare fortuitement une sexe tape sur internet, ce qui contribua au succès de Kim Kardashian mais qui, aux dernières nouvelles, n'a jamais espéré remporter un Oscar.
Il était donc temps que tout cela s'arrête et que ces messieurs reprennent un peu leurs esprits et un monde un peu moins érotisé. Car ce n'était en fait que de la télévision. C'était pour rire. En tout cas, pendant 6 ans, nous, nous avons bien ri.
6 commentaires:
venir trouver des leçons de modération ("un monde moins érotisé") sur Soyons-suave, c'est un comble !
Mais la suavitude résulte justement d'un, savant, dosage de nuances en évitant les évidences trop voyantes !
la fin de la récré ?
Anonyme : c'était pratiquement un message de premiers secours à de jeunes gens qui n'étaient pas encore prêts :)
c'est cela, oui....
:)
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