Parce qu'on ne peut pas éternellement décoller des timbres et empiler des boites de camembert, "Soyons-Suave weekend" vous suggère de temps à autre de nouvelles idées à collectionner, de quoi occuper votre temps libre et éblouir vos amis tout en restant suave.
Si nos dernières propositions de collection étaient un peu orientées vers les fêtes que nous avons tous traversées, laissant derrière nous des cuisines dévastées et de la vaisselle sale encore intouchée, réjouissons-nous de démarrer l'année avec une nouvelle idée qui risque, un bonheur n'arrivant jamais seul, de vous aider à solutionner un des deux problèmes susmentionnés. Et si, en effet, on collectionnait des torchons ? Mais bien évidemment, pas n'importe lesquels.
C'est à des milliers de kilomètres que nous vous proposons de vous rendre, réellement ou grâce à la magie d'internet, découvrir ce qui est, avec le koala, le kangourou et ce long tuyau qui fait "bouuuuuuuuuuu" quand on souffle dedans, l'autre spécialité de l'Australie : la Tea Towel.
En langue anglo-saxonne, on appelle "Tea Towel", de "towel", serviette et "tea", thé, une pièce de lin dont l'usage, au XVIIIe siècle, n'était réservé qu'aux maîtresses de maison afin d'essuyer la verrerie, activité qu'on ne pouvait résolument pas déléguer aux bonnes, beaucoup trop gourdes. La "Tea towel" servait donc de chiffon mais pouvait également recouvrir un plat sortant du four ou garnir le fond du plateau sur lequel on s'apprêtait à servir le thé.
Voilà donc pourquoi ce rectangle de tissu, qui s'adonnera rapidement au coton, s'appelle si on simplifie "Serviette à thé" et pourquoi c'est une spécificité des pays grands consommateurs de Ceylan ou de Darjeeling. En Angleterre, la "Tea Towel" va rapidement devenir un produit industriel tout en conservant une sorte de pureté qui peut éventuellement confiner à l'ennui, en Australie, réjouissons-nous qu'elle soit devenue un support à n'importe quoi, pour peu que ce n'importe quoi glorifie la plus grande île du monde (et nous venons de perdre en écrivant cela nos lecteurs du Groenland).
L'heure de gloire de la "Tea Towel" australienne sera incontestablement les années 70 où elle devient l'objet sans lequel on ne quitte pas un lieu de villégiature et celui sans lequel on ne rend pas visite aux cousins du Queensland. Tout le monde imprime sa "Tea Towel", elle remplace le calendrier des postes et la carte postale, elle permet soudain l'identification de la faune et la flore et reconnait même l'existence des aborigènes.
Mais parce qu'on la trouve partout et que personne finalement ne peut stocker 150 torchons décoratifs dans sa cuisine, la "Tea Towel" connait dans les années 90 un sort comparable à celui du canevas dont elle est la cousine des antipodes : elle agace, elle lasse, elle trépasse.
Il est toujours amusant de repérer le moment historique qui permet à un objet de passer de dépassé à kitsch et enfin à hip. Les aventures de la boule sous la neige ou de la veilleuse moule Vallauris ne sont pas des cas isolés : il était donc écrit que la "Tea Towel" renaîtrait de ses mailles et c'et exactement ce qui est en train de se produire.
Rendons hommage ici même à Suzie Standford, jeune décoratrice qui fut sans doute la première à voir le potentiel énorme de la "Tea Towel" australienne et révisons par la même occasion ce qui définit un objet prompt à être collectionné. Tout d'abord il est dédaigné par la grande majorité, ensuite il est peu onéreux et si embarrassant qu'il est parfois prêt à être donné et enfin, il se plie aux détournements qui vont pouvoir le rendre suave.
En devenant coussins, fauteuils, canapés, tabliers, la "Tea Towel" australienne ne risque plus de voir le moindre plateau ou le moindre verre à pied mais est enfin reconnue comme une icone. Et elle offre la seule possibilité d'avoir chez soi un ornithorynque.
S'il est encore temps de vous lancer dans la collection de "Tea Towel" australiennes, sachez que déjà les prix grimpent et qu'il est rare d'en trouver à moins de 10 euros pièce, même sur "The good Corner". Et afin d'éviter de longues recherches inutiles, non, il n'existe pas de "Bon coin" australien. C'était une blague.
Mais lorsqu'on réalise que pour moins d'une centaine d'euros (car vous aurez obtenu un prix de gros), on peut confectionner un rideau de séparation ou une tenture murale que vous ne verrez chez personne d'autre, on se dit que finalement, la dépense est justifiée.
Ne traînez donc pas, envolez-vous pour l'Australie et engrangez tous les chiffons que vous trouverez. La "Tea Towel" a aujourd'hui droit à des tirages d'art limités ce qui n'est jamais bon signe. La marque même du déclin si vous voulez notre avis.
1 commentaire:
Encore une fois, c'est le fauteuil qui attire mon attention... Je dois faire une sorte de fixation !
Pruneauxyz.
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