Si nous résumons ce que nous avons appris depuis lundi, la chanson "Don Cha Go Way Mad", tube en 1950, mais semblant déjà être d'une époque révolue, n'a réussi qu'aux big bands et à Ella Fitzgerald, cette dernière la reprenant régulièrement sur disque ou en concert pratiquement jusqu'à son dernier souffle. Les jeunes chanteuses s'y étant essayées n'ont mené la chanson nulle part et l'instrumental d'origine, "Black Velvet", est à peine devenu un standard de jazz.
Ne manquaient à l'appel que les crooners et c'est pourquoi nous convoquons pour ce dernier épisode Frank Sinatra et Mel Tormé. De façon assez évidente, Mel Tormé avait la voix mais pas le physique. Frank Sinatra, lui, avait tout et surtout une carrière chancelante au début des années 60. "Stangers in the night" n'arrivera qu'en 1965, et les années qui y méneront seront un peu rudes.
Deux chanteurs et finalement deux écoles : perdu en 1962, Sinatra va quitter sa maison mère Capitol et créer son label. Il va chanter Noël, Cole Porter, les chansons oscarisées, avec Count Basie, et revisiter ses années de chanteur d'orchestre sous la direction artistique de Neal Hefti, trop heureux de collaborer avec la légende, même sur le déclin.
En 1986, Mel Tormé est une sorte de dinosaure du swing, un "Tony Bennett" sans "I left my heart in San Francisco" qui survit sur le circuit des salles de Jazz et passe une partie de son temps au Japon où on l'adore.
Il a toujours la voix. Il ressemble encore moins à quelque chose mais ce n'est pas un problème puisque cela ne s'entend pas sur disque.
Il a toujours la voix. Il ressemble encore moins à quelque chose mais ce n'est pas un problème puisque cela ne s'entend pas sur disque.
Dans les deux cas, qu'on soit en recherche d'un second souffle ou qu'on tente juste de survivre, c'est apparemment judicieux de ressortir "Don Cha Go Way Mad", à condition d'avoir sous la main une énorme section de cuivres.
Seule Julie London, qui ne sera jamais en perte de vitesse et naviguera avec une aisance assez admirable du jazz à la variété à la pop, adoptera, mais c'est Julie London, une approche intimiste et choisira de susurrer l'hymne swing. Comme toujours, c'est formidable.
Finalement, pour un instrumental devenu très accidentellement l'une des chansons de notre enfance, "Don Cha Go Way Mad" nous montre, avec ses 50 ans de carrière, qu'en cas de problème de couple, en parler reste la meilleure solution, ce que vous prouveront ces 13 versions qui reprennent tout ce que nous avons pu écouter depuis lundi.
Et pour télécharger tout ceci au format zip, vous savez comment faire.
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