Lorsqu'en 1965, Chris Connor fait partie de l'immense cohorte qui va enregistrer "Feeling good", elle a déjà une vingtaine d'albums à son actif et étrangement, c'est presque pour elle le début de la fin. Chanteuse la plus branchée des années 50, elle fut pour le jazz ce que Peggy Lee fut à la pop : un modèle à suivre qui transformait tout ce qu'elle gravait sur disques en tube. Mais peut-on rester hip toute sa carrière ? Evidemment non.
Ce qui explique sans doute le virage bossa nova qui en 65 était la musique à la mode. On y vit une tentative un peu désespérée pour rester dans le coup. Nous y voyons un album absolument délicieux. Comme quoi, tout est question de perspectives...
Si nous envisageons aujourd'hui "Feeling good" comme la chanson permettant à certains artistes un peu en pente descendante de rester dans la lumière, et prêts à explorer des styles musicaux relativement expérimentaux (Chris Connor et la bossa n'étaient pas vraiment une évidence), comment ne pas parler de Dorothy Ashby, autre injuste absente jusqu'à ce jour de nos page, l'Impératrice de la harpe, et en tout cas la seule harpiste groovy à notre connaissance, puisqu'il ne nous semble pas que Lily Laskine se soit un jour attaquée à Stevie Wonder.
Originaire de Detroit et dans ses jeunes années harpiste classique, Dorothy Ashby avait un but dans l'existence : populariser la harpe auprès du public de façon générale et si possible noir de façon plus particulière. La relative obscurité dans laquelle elle se trouve aujourd'hui prouve malheureusement que dans les années 50 et 60 ( car sa carrière fut très longue et propose de très glorieuses associations), personne n'avait réellement envie de voir ou entendre une telle chose.
Si le coeur vous en dit, nous ne pouvons que vous recommander ses trois albums de 1965, 68 et 69 dans lesquels elles s'attaquaient à la pop et à la soul. C'est exquis et toujours un peu étonnant. Et vous l'avez sans doute entendue sans le savoir puisqu'à partir des années 70, on va la retrouver comme harpiste sur 1 album de soul sur 3 : Earth Wind & Fire, Stevie Wonder, Gladys Knight, Bill Withers... Elle est partout.
Très déterminée à sortir du Cotton Club et à ne plus être vue comme une ancienne gloire de la MGM, Lena Horne va, elle aussi, aborder un virage à partir des années 60 et s'aventurer loin des standards qui ont fait d'elle une superstar. A partir de 1963, Lena devient latine, puis soul, puis pop. Elle fréquente des guitaristes hongrois et même Michel Legrand. Evidemment, elle reviendra à "Stormy weather" en fin de carrière, comme le saumon revient toujours... et vous connaissez la suite.
Où est donc Bobbie Gentry ? Voilà une question dont beaucoup de gens, et pas seulement journalistes, aimeraient connaître la réponse car depuis 1982, la pionnière de la country-pop est quasiment invisible, ce qui fait d'elle la Greta Garbo de la guitare acoustique.
Grosse sensation des années 60, entre 1967 et 1971, Bobbie enregistra 7 albums pour Capitol, décrocha 3 Grammy et un numéro 1 des charts qui détrôna les Beatles. Et puis bye bye. Mais ce qu'on découvrit en 2018, c'est qu'à la même période, elle enregistra des wagons de demos (dont "Feeling good") et de titres qui restèrent dans les archives du label, qui eut la bonne idée de tout ressortir dans un luxueux coffret vite épuisé.
Nous n'écrivons jamais cela avec une intention particulière mais savez-vous que finalement, Noël n'est pas si loin ?
4 commentaires:
c'est quand même une belle chanson, qui permet vraiment aux "voix" (ou aux VOIX) de s'exprimer.
Si je peux me permettre : si le coffret est épuisé, le Père Noël vous répondra "tu peux te gratter, Martine"
Il me semblait que Martine se brossait, non ?
Gatsby, 2 réponses possibles :
Réponse A p...g, je me suis gourré
Réponse B à la campagne en Normandie, on se gratte...
https://youtu.be/H_N5hBlaMiw
Martine se brossait bel et bien !
Enregistrer un commentaire