Oui mais voilà, c'est fini. Et avec elle s'achève notre nouvelle saison de "Soyons-Suave en été", ce qui veut dire qu'il va falloir ranger les vacances dans des valises en cartons et c'est triste quand on pense à la saison, du soleil et des chansons...
Sur une note cependant souriante, nous pouvons tout de même nous féliciter d'avoir passé ces deux mois en compagnie de 7 invités et non des moindres, gambadé sur 35 plages et joué avec autant de poupées, chanté 7 somptueuses chansons dont désormais nous savons tout et vérifié à 35 reprises qu'à trois, c'est aussi bien qu'à deux, sinon mieux, ce qui l'a donc prouvé 110 fois. 14 voyages à Hawaii, 7 clowns pour les enfants. Et tout cela grâce à nos 7 sponsors. Non vraiment, ce fut un bel été. En espérant que vous soyez d'accord avec cela.
Et pour vous prouver une dernière fois que nous sommes définitivement suaves, nous terminerons en cédant à la demande expresse d'un de nos fidèles visiteurs. Ce ne fut pas simple. Mais l'existence est-elle intéressante sans un peu de difficultés ?
Comme chaque année, voici venu le moment où nous nous éclipsons provisoirement, et nous comptons sur vous pour commenter ce "provisoirement". Un peu de vacances, flûte quoi !
Nous gardons cependant toujours un oeil sur vous et d'ici notre retour, comme d'habitude : soyez suaves !
Retour à la case départ pour ce dernier épisode et à Nina Simone, qui, depuis sa disparition en 2003 à Carry-Le-Rouet (c'est un détail), a suscité l'enregistrement de dizaines d'albums rendant hommage à la chanteuse, la musicienne et la militante. Le dernier en date est sorti en 2021, il est signé par Ledisi dont nous ne répéterons jamais assez à quel point il conviendrait chaque jour de célébrer la voix et le talent. Nous avons à cet effet un petit autel absolument charmant dont il va falloir que nous changions les fruits ce qui pourrait expliquer les nuages de moucherons occasionnels.
"Nina Remixed", "Nina revisited", "The songs of Nina Simone", "Round Nina", "Celebrating Nina", "Tribute to Nina" : vous trouverez forcément de quoi satisfaire votre amour pour le répertoire d'Eunice Waymon (son véritable nom) ou réaliser que personne ne peut réellement remplacer l'originale.
A l'exception peut-être, en plus de Ledisi, mais qui pourrait reprendre Charlotte Julian pour notre plus grand plaisir, de Meshell Ndegeocello, dont nous n'avions jamais encore tenté d'écrire le nom sans regarder chaque lettre sur Wikipedia, qui fut quelque chose lors de son apparition sur la scène musicale en 1993 et reste quelque chose aujourd'hui, au moins comme bassiste. Et son "Feeling good" de 2012 est vraiment très beau.
Nous sommes presque confus (presque seulement) de vous quitter en vous laissant face à Eddie Albert, inoubliable interprète des "Arpents verts" et très méchants de "Falcon Crest" qui eut une aimable carrière vocale à Broadway et sur disques et qui apporte la touche "Règlements de compte à Ok Corral" à notre semaine "Feeling good".
Cela n'apporte rien à la chanson mais il eut été dommage de s'en priver, non ?
Nous pouvons sans doute dire à l'issue de ces 5 épisodes et de cette dernière saga musicale et estivale que nous nous sentons bien, très bien même, et que l'humeur sera extatique lorsque nous aurons récupéré tout ce que nous avons entendu depuis lundi, ou presque. 15 "Feeling good", toute de même !
Et pour cela, répétons que normalement, vous savez comment faire.
Parce qu'à trois, c'est aussi bien qu'à deux, sinon mieux, Soyons-Suave est heureux de vous offrir trois petites tenues sans prétention pour dîner en ville.
Lorsqu'en 1965, Chris Connor fait partie de l'immense cohorte qui va enregistrer "Feeling good", elle a déjà une vingtaine d'albums à son actif et étrangement, c'est presque pour elle le début de la fin. Chanteuse la plus branchée des années 50, elle fut pour le jazz ce que Peggy Lee fut à la pop : un modèle à suivre qui transformait tout ce qu'elle gravait sur disques en tube. Mais peut-on rester hip toute sa carrière ? Evidemment non.
Ce qui explique sans doute le virage bossa nova qui en 65 était la musique à la mode. On y vit une tentative un peu désespérée pour rester dans le coup. Nous y voyons un album absolument délicieux. Comme quoi, tout est question de perspectives...
Si nous envisageons aujourd'hui "Feeling good" comme la chanson permettant à certains artistes un peu en pente descendante de rester dans la lumière, et prêts à explorer des styles musicaux relativement expérimentaux (Chris Connor et la bossa n'étaient pas vraiment une évidence), comment ne pas parler de Dorothy Ashby, autre injuste absente jusqu'à ce jour de nos page, l'Impératrice de la harpe, et en tout cas la seule harpiste groovy à notre connaissance, puisqu'il ne nous semble pas que Lily Laskine se soit un jour attaquée à Stevie Wonder.
Originaire de Detroit et dans ses jeunes années harpiste classique, Dorothy Ashby avait un but dans l'existence : populariser la harpe auprès du public de façon générale et si possible noir de façon plus particulière. La relative obscurité dans laquelle elle se trouve aujourd'hui prouve malheureusement que dans les années 50 et 60 ( car sa carrière fut très longue et propose de très glorieuses associations), personne n'avait réellement envie de voir ou entendre une telle chose.
Si le coeur vous en dit, nous ne pouvons que vous recommander ses trois albums de 1965, 68 et 69 dans lesquels elles s'attaquaient à la pop et à la soul. C'est exquis et toujours un peu étonnant. Et vous l'avez sans doute entendue sans le savoir puisqu'à partir des années 70, on va la retrouver comme harpiste sur 1 album de soul sur 3 : Earth Wind & Fire, Stevie Wonder, Gladys Knight, Bill Withers... Elle est partout.
Très déterminée à sortir du Cotton Club et à ne plus être vue comme une ancienne gloire de la MGM, Lena Horne va, elle aussi, aborder un virage à partir des années 60 et s'aventurer loin des standards qui ont fait d'elle une superstar. A partir de 1963, Lena devient latine, puis soul, puis pop. Elle fréquente des guitaristes hongrois et même Michel Legrand. Evidemment, elle reviendra à "Stormy weather" en fin de carrière, comme le saumon revient toujours... et vous connaissez la suite.
Où est donc Bobbie Gentry ? Voilà une question dont beaucoup de gens, et pas seulement journalistes, aimeraient connaître la réponse car depuis 1982, la pionnière de la country-pop est quasiment invisible, ce qui fait d'elle la Greta Garbo de la guitare acoustique.
Grosse sensation des années 60, entre 1967 et 1971, Bobbie enregistra 7 albums pour Capitol, décrocha 3 Grammy et un numéro 1 des charts qui détrôna les Beatles. Et puis bye bye. Mais ce qu'on découvrit en 2018, c'est qu'à la même période, elle enregistra des wagons de demos (dont "Feeling good") et de titres qui restèrent dans les archives du label, qui eut la bonne idée de tout ressortir dans un luxueux coffret vite épuisé.
Nous n'écrivons jamais cela avec une intention particulière mais savez-vous que finalement, Noël n'est pas si loin ?