Chaque semaine (enfin presque), comme son homologue le string, Joan Crawford, une des femmes les plus élégamment chapeautées, vous apprend à choisir un bibi. Pour cette vingt-sixième leçon, les mots à retenir sont "Une voilette et je suis prête". Tous ensemble : "Une voilette et je suis prête". Merci Joan.
jeudi 26 août 2010
mercredi 25 août 2010
Le Brushing du jour.
La question suave du jour : pourquoi Joan Crawford fumait-elle à l'écran ?

Partant du principe qu'on ne fume pas par obligation ou sous la menace ( les condamnations pour "consommation forcée de tabac" sont toujours assez rares), un esprit naïf pourrait croire que si on fumait tant dans les productions hollywoodiennes des années 40 ou 50, c'est que les acteurs adoraient ça. Reconnaissons qu'il est difficile d'imaginer un film de cette époque sans volute et reconnaissons surtout, adepte ou pas de la nicotine, que tout cela était absolument suave, à condition de ne pas tenter la conversion goudronnée en tronçons d'autoroute consommés en une carrière.
Ce qui est beaucoup moins suave est de réaliser que si Joan a allègrement décimé une partie des plantations de Virginie en une cinquantaine de films, c'est uniquement parce que l'industrie du tabac y a mis le prix, des sommes absolument faramineuses récemment découvertes et dévoilées au grand jour par un sénateur US travaillant au boycott définitif des cigarettes.
C'est avec l'arrivée du parlant et le degré de célébrité atteint par Al Jolson à la suite du "Chanteur de Jazz" que les grands groupes du tabac américain ont réalisé qu'ils tenaient là un outil publicitaire formidable afin de promouvoir leurs produits. Un contrat plus tard, Al devenait le premier acteur à figurer sur une affiche Lucky Strike, annonçant que non seulement les cigarettes adoucissaient sa gorge mais qu'en plus, elles lui permettaient de ne pas sombrer dans les sucreries et donc de conserver sa ligne.
Sentant qu'il était encore plus profitable de s'associer avec un studio plutôt qu'une personnalité, Lucky Strike et Old Gold se mirent à signer des contrats d'exclusivité avec la Metro, la Warner et la Paramount, allant jusqu'à verser près de 3 millions de dollars par an aux dirigeants qui ensuite, rétribuaient ceux qui, à l'écran, fabriquaient tranquillement leurs futurs cancers. Dans les années 50, les sommes versées par Chesterfield atteindront l'invraisemblable chiffre de 50 millions.
Pour l'année 1938 par exemple, Lucky Strike, qui tenait une comptabilité exemplaire, versa donc 150000 dollars actuels à Gary Cooper et Joan Crawford, les mieux payés, mais aussi à Myrna Loy et Carole Lombard, 90000 à Fred MacMurray et simplement 30000 au jeune Henry Fonda, alors que Robert Taylor devait se contenter de quelques misérables 21000 billets verts. Cette liste est loin d'être d'exhaustive puisqu'on extime que les 2/3 des acteurs étaient sous contrat avec une marque dans les années 40. Une firme telle que l'American Tabacco sponsorisait également des shows radiophoniques, participait aux budgets des films et construisait avec les studios les campagnes de lancement des nouvelles productions : Joan fume comme un pompier dans "Humoresque", elle sera donc le visage de la nouvelle Camel.
Joan est certainement l'actrice qui s'est révélée la plus versatile en matière de marques puisqu'elle a globalement tout fumé ou plutôt fumé de tout mais avec la même sincérité, déclarant à chaque fois que seules les Camel/Lucky/Chesterfield/Old Gold convenaient à sa gorge délicate. Elle ne s'est arrêtée que deux ans avant sa mort, renonçant par la même occasion à son inséparable vodka. Et c'est finalement la chose la plus intrigante, que Smirnoff n'ait jamais pensé à elle. L'industrie du tabac serait-elle plus fine que celle de l'alcool ? C'est dommage, les deux vont si bien ensemble.
La pause nicotine de Joan Crawford
mardi 24 août 2010
Les très suaves heures de l'histoire contemporaine : le jour où Barbara Stanwick dit non !

L'amitié pendant près de 40 ans entre Barbara Stanwyck et Joan Crawford fut certainement un supplice de Tentale pour les journalistes hollywoodiens qui, comme la bonne du curé immortalisée par Annie Cordy et censure oblige, voulaient bien mais ne pouvaient point. Barbara, étrangement mariée à Robert Taylor qui faisait défiler tout Hollywood dans son lit et Joan, croqueuse de tout sans distinction de jupes ou de pantalons, étaient inséparables et on ne pouvait rien sous-entendre, si ce n'est que ces deux-là, faisant fi des rivalités de studio, étaient très amies.
Depuis leur rencontre dans les années 30 jusqu'à la mort de Joan en 1977, les deux "bonnes copines" dinaient fréquemment entre filles, allaient danser sans cavalier et dormaient occasionnellement l'une chez l'autre. Et lorsqu'elles posaient de façon plus cérémonieuse pour les fan magazines ou se croisaient lors de très officielles manifestations, elles finissaient toujours par se toucher, s'embrasser, s'étreindre. Ces deux femmes étaient très tactiles, même accompagnées de leurs maris.
Avec Franchot Tone et Robert Taylor. Les femmes s'enlacent, les hommes s'approchent.
On peut facilement imaginer ce qui pouvait rapprocher la star de la MGM et celle qui était en 1944 la femme la mieux payée des USA. Joan et Barbara venaient de milieux plus que modestes, elles avaient grandi dans des foyers désunis et ne devaient qu'à elles-mêmes leur succès. Elles avaient de plus réussi dans un monde d'homme à être respectées et s'imposaient pour rester au sommet une discipline de fer. Elles avaient enfin connu toutes deux des débuts inavouables, films érotiques pour Joan et cabaret lesbien pour Barbara. On apprécie d'autant plus la gloire quand on a connu le caniveau.
Pourtant, deux caractères aussi forts peuvent faire des étincelles et il est assez évident que des deux, c'est Joan qui portait la culotte. Invitée à déjeuner en compagnie des deux stars, la journaliste Shirley Eder raconte comment elle ne put que contempler, médusée, Joan Crawford commander du foie de veau saignant pour elles trois, sans demander l'avis de quiconque et Barbara venir tant bien que mal à bout de sa pièce d'abat sanguinolent, sans dire un mot. Christina Crawford n'aurait donc pas que menti dans son livre charmant "Mommie Dearest", relatant exactement le même genre de scène entre elle et sa mère.
Et si on se rendait visite sur les plateaux ? Notons que cette fois James Stewart réussit à toucher Henry Fonda...
Si Barbara sut, à la fin des années 50, négocier sa transition du grand au petit écran, devenant à l'occasion grâce à "La grande vallée" et plus tard "Les oiseaux se cachent pour mourir", la femme la mieux payée de la télévision, la fin de carrière de Joan fut plus laborieuse : de délicieux films d'horreurs, un peu de Pepsi et beaucoup de Vodka. Rien pourtant dans son attitude ne pouvait laisser entrevoir la moindre déchéance, Joan était toujours parfaite, totalement suave, résolument star, jusqu'à dans son comportement, ce qui pouvait porter un peu sur les nerfs. Que Miss Crawford exige que ses plateaux soient maintenus à la température de 15° celcius lorsqu'elle tourne, que des distributeurs de Pepsi soient immédiatement installés lors de la moindre de ses apparitions passe encore, mais qu'on se plie, dans le privé, à ses moindres caprices, c'est autre chose.
Un beau jour de 1972, alors que Joan revient de New-York, elle téléphone à Barbara, heureuse d'être de retour en Californie et mourant d'envie de dîner avec son amie de toujours. Barbara est enchantée, tant de choses à se raconter, d'embrassades à venir, c'est bien simple, elle est presque en route vers son dressing lorsqu'elle entend Joan ajouter qu'elles dîneront à 16 heures, l'estomac de la star étant toujours sur le fuseau horaire de la côte Est. Barbara fait une pause, réfléchit et répond "non", qu'elle n'a aucune envie de dîner aussi tôt mais que ce sera un plaisir lorsque le décalage horaire intestinal de Joan ne sera qu'un mauvais souvenir.

Amies depuis 40 ans et sans doute plus qu'amies, Joan n'adressa plus la parole à Barbara, qui fut l'une des grandes absentes lors des cérémonies suivant le décès de Joan où étaient présents d'aussi diverses personnalités que Myrna Loy, John Wayne, George Cukor ou Andy Warhol. Barbara, dans les interviews qu'elle donna par la suite, n'évoqua Joan qu'en termes élogieux, la défendant lorsqu'en 1981, le tabloïd "Hollywood Star" publia une liste de 101 supposées stars bisexuelles, dont Barbara occupait la première place et Joan la quarantième. "Joan était mon amie et c'est tout ce que j'ai à dire". Franchement Barbara, est-ce que pour une amie justement, on n'est pas prête à déguster une tranche de foie de veau à l'heure du thé ? Pas très suave finalement cette attitude...
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