samedi 2 juillet 2022

C'est le weekend : soyons musical !

 


Il est difficile d'exprimer la joie intense que ressentent aujourd'hui les MP3 du weekend à l'idée de partager avec vous ce bijou intégral qu'est l'album de 1976 de Jaye P. Morgan, intitulé sobrement "Jaye P. Morgan", ce qui va immanquablement nécessiter d'expliquer qui fut et est encore (elle a aujourd'hui 91 ans) Jaye P.  Morgan. 

Alors que nous nous apprêtons à écrire pour la 4e fois en 3 lignes "Jaye P. Morgan", quelques explications : originaire du Colorado, la petite Mary Margaret commença à chanter avec ses frères (elle en avait 5) jusqu'à ce qu'elle soit repérée par le label RCA qui lui offrit un contrat et auquel, par reconnaissance, elle offrit quelques tubes. 

Chanteuse blonde des années 50 parmi des centaines de chanteuses blondes de la même époque, Jaye P. fit tranquillement son chemin des juke-box à la télévision en devenant la glotte officielle de plusieurs programmes, jusqu'à avoir en 1956 son propre show. Elle était sympathique, très inoffensive et un rien country. Parfaite pour l'époque, entre 1954 et 1962, elle enregistra 15 albums aux pochettes irrésistibles et fortement chargées en saccarose. 















Rien à voir pour le moment avec la vision fortement lissée qui ouvre ce billet et ce pourquoi les MP3  trépignent : le virage des années 70. Pendant 20 ans, Jaye P. va suivre la mode et faire ce qu'on attend d'elle, jouant des coudes avec Patti Page, bien plus populaire et Jane Morgan avec laquelle on ne manquait pas de la confondre. Jusqu'à ce qu'un beau matin (nous imaginons évidemment cette scène), elle dise "halte-là" et décide de montrer au monde qu'elle était drôle, bien plus moderne qu'on ne l'imaginait et finalement un peu punk. 

Et à partir notamment de 1976, Jaye P. va faire sa révolution : musicalement, elle décide de s'autoproduire pour chanter ce qu'elle aime vraiment, et entame à la télévision une carrière de guest ébouriffante dont on redoute un peu les sorties salaces. Accessoirement elle se coupe les cheveux : Carita nous voilà. 

Deux faits marquants vont sceller l'arrivée de cette nouvelle Jaye P. : jurée préférée des téléspectateurs d'une sorte de "L'Amérique a un incroyable talent", sans crier gare, elle expose sa poitrine en plein enregistrement. Imaginons, pour comprendre le choc, Charlotte Julian remontant sa jupe en pleine "Académie des neuf". Et il y a comme vous l'imaginez l'album qu'elle sort en 1976, qui sera pendant de longues années le disque autoproduit le plus cher du monde. 






















Pour comprendre le choc que fut l'album "Jaye P. Morgan" de 1976, peut-être est-il bon de se remémorer que dans les années 50, Jaye P., c'était ça :


En 1976, à l'âge de 45 ans, Jaye P., c'est à présent cela : 



Il nous est très difficile de n'écouter qu'une seule fois "I fall in love everyday" et à vrai dire, il nous est quasiment impossible de passer un mois sans retourner vers cet album que Jaye P. finança entièrement et dont elle confia la production au jeune David Foster, bien avant qu'il devienne Monsieur Tube (mais nous en reparlerons cet été) en produisant et en composant pour Céline Dion, Chaka Khan, Chicago, Donna Summer, Barbra Streisand ou Whitney Houston. "Bodyguard" par exemple, c'est lui. 

Et si nous devions définir l'ambiance de ce LP, nous dirions que c'est un peu Quincy Jones qui rencontre avant l'heure Jamiroquaï tout en serrant dans ses bras l'intégralité de la scène West Coast des années 70. On pouvait s'attendre à cela de la part de beaucoup de monde mais certainement pas de Jaye P., que beaucoup de stations de radio noires, qui ignoraient tout d'elle, se mirent à programmer en célébrant l'arrivée d'une nouvelle "soul sister", avant de réaliser qui elle était. 

Tiré à très peu d'exemplaires, une sorte de "vanity project" donc, destiné à l'origine à la presse et regroupant les meilleurs musiciens et compositeurs de l'époque, l'album ne fera pas grand chose auprès du public, ce n'était finalement pas le but, mais deviendra aussitôt fort recherché, d'autant qu'il attendra 2019 pour une sortie officielle en CD, vite épuisée et donc encore plus demandée.



















Il est grand temps de découvrir à votre tour cette merveille absolue, qui pourrait, soyez prévenus, devenir rapidement un de vos disques préférés, si vous aimez le groove, la crème des musiciens de studio, les voix chaudes et les résurrections. 

9 pistes, ce qui est bien trop peu évidemment, dont les titres se trouvent juste au-dessus de ces lignes. 









Et pour télécharger ce monument, normalement, vous savez comment faire... 

2 commentaires:

Gatsby a dit…

L'espace d'un instant j'ai cru que J P Morgan le banquier avait donné dans des activités de saltimbanque...
En tout cas merci pour cette découverte (j'avoue !), je l'ai ajoutée fissa à ma playlist !

soyons-suave a dit…

:)