mardi 19 juillet 2022

Et maintenant chantons !


Découverte, par nos suaves oreilles en tout cas, dans des circonstances bienheureuses que nous racontions hier, la chanson "Temptation" fit en fait sa première apparition en 1933, et sur grand écran s'il vous plait. La chose se trouve juste ci-dessus, le monsieur est Bing Crosby, la dame qui en fait beaucoup Fifi d'Orsay, et cela se passait dans le film "Going Hollywood" de Raoul Walsh. 

Et si le film existe en DVD (cela doit être), il est sans doute intéressant d'y jeter un oeil tout en faisant autre chose, puisqu'il s'agit d'une des superproductions voulues et financées par Hearst afin de transformer sa maîtresse Marion Davies en étoile d'Hollywood, ce qui ne se produisit jamais, sauf peut-être et ironiquement dans "Citizen Kane". 



































Reconnaissons en tout cas à William Randolph Hearst qu'il avait une certaine constance et le donc de dépenser son argent sans compter puisque tout est luxueux dans "Going Hollywood", le casting évidemment, le réalisateur, les décors, les costumes, et enfin le choix des paroliers, ni plus ni moins que Brown pour la musique et Freed pour les paroles, Arthur Freed, futur producteur qui fera de la MGM dans les années 40 et 50 le studio de la comédie musicale et qui avec son compère, composeront dans les années 30 tellement de succès que Freed décidera d'en recycler une partie dans un seul film et ça donnera "Chantons sous la pluie". 

Quant à Fifi d'Orsay, qu'on reconnait peut-être comme une des personnalités ayant un jour croisé la route des "Follies" de Sondheim, nous nous pencherons un jour sur l'immense supercherie qui fit d'elle la française la plus célèbre d'Hollywood avant Claudette Colbert alors qu'elle était canadienne et n'avait jamais mis les pieds à Paris. 


Comme vous avez pu l'entendre en ouverture de ce billet, "Temptation" est un slow qui tue, terriblement envoutant et presque hypnotique, qui plus est légèrement arabisant, dont Bing Crosby va faire un tel succès qu'à la différence, en gros, de tous les autres tubes de l'époque, il faudra attendre 1945 pour qu'un autre chanteur décide de s'en emparer. 

12 ans après sa création, "Temptation" sera de nouveau un immense succès pour un autre crooner, le délicieux Perry Como que nous avons, reconnaissons-le, appris à apprécier relativement récemment. Mais avec Bing, Frank et Dean, avions-nous vraiment d'une autre voix de velours ? 

Et ce que nous aimons vraiment avec Perry, c'est qu'il n'avait pas peur de grand chose. En 1974, soit 30 ans après sa première "Tentation", il offrait à son public une nouvelle orchestration de son premier gros tube, en version quasiment disco, à l'occasion d'un de ces albums désespérés que nous aimons tant, où Perry tentait de montrer qu'il était encore hip. 

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