dimanche 30 décembre 2018

Une caresse avant de se quitter.


































C'était le 128e numéro de "Soyons-Suave Weekend" et ce fut, comme toujours, un plaisir. 

Etant donné que nous ne serons pas là demain, dernier jour de l'année, pas plus qu'après demain, premier jour de la nouvelle année, il nous parait raisonnable de vous souhaiter dès aujourd'hui le plus suave des réveillons et de vous rappeler, non pas que sans alcool, la fête est plus folle, ce qui n'a jamais pu être démontré scientifiquement, mais qu'une nouvelle année est bien plus agréable lorsqu'elle ne débute pas aux urgences. 

Soyez donc sages, soyez suaves et à très vite. 


Les très suaves heures de l'Histoire Contemporaine : le jour où Blanche-Neige coula trois carrières.






















En ce 29 mars 1989, les producteurs de la 61e cérémonie des Oscars et ceux de la chaîne ABC, qui retransmet la soirée, sont un peu dans leurs petits souliers. La nuit des Oscars est une énorme machine, regardée dans le monde entier et cela fait maintenant 5 ans que les audiences sont en chute libre. Alors même si tout le monde sait que produire un tel mammouth est extraordinairement compliqué, de nombreuses personnes jouent potentiellement leurs places. Cette soirée doit être une réussite. 

Et pour cela, les décideurs ont choisi de jouer le tout pour le tout en confiant l'organisation de l'événement à quelqu'un qui n'a encore jamais fait cela mais semble en mesure de rajeunir la chose. Toutes ses propositions ont été accueillies avec joie : l'arrivée des stars sur le tapis rouge ne durera pas 2 minutes pendant le générique d'ouverture mais sera un véritable programme de 15 minutes, il n'y aura pas de présentateur vedette mais des couples de stars pour chaque catégorie, pas de chanson sur scène puisqu'il juge toutes les nominées mauvaises et surtout, plus de "And the winner is..." un peu brutal mais à la place un consensuel "And the oscar goes to". 

Et cet homme c'est Allan Carr. 




















Si la moindre recherche concernant Allan Carr vous mène irrémédiablement à Olivia Newton John ou John Travolta, c'est qu'Allan est le producteur du miraculeux film "Grease", triomphe que personne n'avait vu venir et qui navigue aux alentours des 150 millions de dollars de recettes. 

Mais Allan n'est pas que cela : personnage exubérant jamais sans sa djellaba couture, sauf lorsqu'il se fait bloquer les mâchoires afin de perdre du poids, il a été producteur dès l'âge de 18 ans, de théâtre d'abord, puis imprésario. Il s'est fait une solide réputation de redresseur de carrières depuis qu'il a transformé Ann-Margret en reine de Vegas. Il se bat pour ses clients avec la pugnacité d'un lion enragé mais est aussi capable de les abandonner au moindre sentiment de trahison. 

Allan Carr est de plus un attaché de presse et organisateur d'événements hors pair. On lui confie les sorties de films auxquels personnes ne croit et qu'il arrive parfois à propulser jusqu'aux Oscars. Il donne des fêtes mémorables et possède plus de propriétés qu'il est capable de visiter pendant une année, dont l'ancienne demeure d'Ingrid Bergman à Beverly Hills qu'il a transformé à coup de millions en palais équipé d'une discothèque privée où n'importe quoi peut arriver. 




































Producteur à Broadway de "La cage aux folles" et au cinéma de l'unique "Can't stop the music" avec les Village People et la future Caitlyn Jenner, il n'est un secret pour personne qu'Allan Carr est un homosexuel très très flamboyant, adjectif le plus souvent utilisé dans le presse de l'époque dès qu'on l'évoque afin de ne pas dire "gay". Ou "grosse tapette" comme il se dit derrière son dos. 

Alors évidemment, ce n'est pas bouleversant, même dans les années 70 et 80, de découvrir que le monde du cinéma et du théâtre abrite de très suaves personnalités, mais ce qui déplaît chez Carr, c'est qu'il ne fait rien pour le cacher. Excessif, très folle, dragueur impénitent de jeunes premiers en devenir, Allan Carr savoure chaque instant de sa célébrité et de son pouvoir comme une revanche sur ses années adolescentes, un peu difficiles lorsqu'on est comme lui et qu'on a grandi dans l'Illinois. 



















Amoureux du vieil Hollywood et de ses gloires un peu surannées, Allan Carr n'a pas hésité une seconde lorsqu'on est venu le trouver pour produire la 61e cérémonies des Oscars. C'est depuis toujours un de ses rêves les plus fous et à plus de 50 ans, il a bien l'intention de ne pas louper cette incroyables opportunité. Et de tout faire pour que le monde s'en souvienne. 

En plus des nouveautés évoquées en ouverture de ce billet, Allan a en tête deux projets pour la soirée qui vont, d'après lui, marquer à jamais les Oscars et l'Histoire de la télévision. Un grand numéro d'ouverture tout d'abord, qui doit rendre hommage au glamour et à la classe légendaire d'Hollywood et un coup de projecteur sur le renouveau de l'industrie cinématographique. 

Pour le premier, il choisit d'engager le créateur de la mythique revue de San Francisco "Beach Blanket Babylone", show satirique et pas forcément raffiné réputé pour les invraisemblables perruques et chapeaux de la taille d'un stade de football de ses interprètes. Et il lui donne comme consigne : "Épate-moi". Pour le second, il sélectionne 15 jeunes actrices et acteurs (dont Patrick Dempsey et Christian Slater tous jeunots) qu'il décide de faire danser et chanter; sans vraiment se soucier du fait qu'ils soient capables de l'un ou de l'autre. 



















Mais le tour de force, et la partie qui compose notre belle histoire du weekend, c'est incontestablement le numéro d'ouverture de la cérémonie, qu'Allan souhaite d'une durée de 15 minutes et qui doit dans les grandes lignes ressembler à cela : Blanche-Neige arrive à Hollywood et se retrouve au Coconut Grove parmi les stars où on lui annonce que son fiancé pour la soirée sera Rob Lowe. Les deux chantent et dansent alors que les tables du cabaret les rejoignent, avant de poursuivre devant le Grauman's chinese Theater. 

Après un nouveau pas de danse, un gigantesque paquet de pop-corn entre en scène et finit par s'ouvrir pour permettre à Bette Midler d'apparaître et d'accueillir spectateurs et téléspectateurs. Voilà. C'est simple. C'est sobre. Cela n'a aucun sens mais ce n'est pas grave. 

Et le jour J, cela donna ceci : 



Pour tout dire, le numéro rêvé par Allan Carr ne fut pas exactement celui que les téléspectateurs purent admirer, avec certainement la mâchoire tranquillement posée sur les cuisses d'effroi et de stupéfaction. Découvrant qu'elle n'était pas nommée dans la catégorie "Meilleure actrice" pour "Beaches", Bette Midler se retira du projet et fut donc remplacée par Lily Tomlyn. Les stars qui devaient peupler le Coconut Grove (Lana Turner, Doris Day, Brigitte Bardot, Liz Taylor) se désistèrent au fur et à mesure, remplacées par des vedettes... un peu moins prestigieuses et pouvant parfois difficilement se déplacer. 

Et le rôle de Blanche-Neige, pensé au départ pour Lorna Luft, soeur de Liza Minnelli et relativement hot dans les années 80, revint à Eileen Bowman, qui n'avait absolument rien fait jusqu'alors et arrivait à peine par le dernier bus de sa campagne des rêves plein la tête et qu'un concours de circonstances amena jusqu'aux auditions organisées lorsque Lorna Luft annonça que si elle faisait cela, sa carrière serait fichue pour toujours. 

















A l'image du Titanic heurtant son iceberg dans une certaine indifférence jusqu'à ce qu'il commence effectivement à couler, il fallut environ 24 heures pour qu'Allan Carr comprenne que sa carrière était totalement finie à Hollywood. Si dans la soirée qui suivit la cérémonie, on le félicita, parfois même chaleureusement, pour son audace et sa grande créativité, c'est dès le lendemain que les choses commencèrent à se gâter.

La première salve vint de chez Disney qui décida que l'image de Blanche-Neige avait été salie et décida de poursuivre l'Académie des Oscars, qui se retourna bien entendu vers le seul responsable : Allan Carr. Deux jours plus tard, une vingtaine de personnalités respectées du cinéma, dont Gregory Peck ou Julie Andrews signait une lettre ouverte pour dénoncer le ridicule de la cérémonie et la honte qui s’abattait sur l'industrie cinématographique.

Le coup de grâce survint une semaine plus tard avec la découverte d'une vidéo dans laquelle on voyait Rob Lowe au lit avec deux jeunes filles dont une âgée de 16 ans. Il mettra 25 ans à s'en remettre.



































La carrière de Rob Lowe ne fut qu'indirectement entachée par sa participation à la cérémonie des Oscars 1989, qui fut par contre fatale à celles d'Eileen Bowman et d'Allan Carr. Incapable de trouver le moindre travail à Hollywood, Eileen fit une apparition dans "Killer Tomatoes eat France" et décida de se faire oublier sur les planches.

Ironiquement, elle trouva refuge à Las Vegas où elle devint le meneuse de revue de la version locale de "Beach Blanket Babylone". La vie est impitoyable.




































































Elle semble en tout cas se souvenir que Blanche-Neige n'est pas sa meilleure amie.

La chute fut nettement plus cruelle pour Allan Carr dont le téléphone cessa de sonner du jour au lendemain et qui après un retour à la production théâtrale, décéda d'un cancer en 1999. Toutes les nécrologies publiées alors n'oublièrent pas qu'il avait produit l'infamante cérémonie des Oscars 89, à laquelle on se pressa d'ajouter "Grease 2" et le remake de "Where the boys are" au détriment parfois de "Grease" tout court.

Et la belle histoire du weekend rencontre donc une fin un peu amère, dont la morale serait qu'il ne faut jamais en faire trop et toujours se méfier d'un éventuel retour de bâton. Si nous confirmons la seconde, permettez-nous d'ajouter que "trop" semble tout de même bien plus tentant que "pas assez". Moins sage, certes. Mais plus suave, non ?

La roue ne cessant continuellement de tourner, Allan Carr serait sans doute ravi de savoir qu'un documentaire et un livre le concernant peuvent faire depuis peu la joie de ceux qui s'intéressent aux splendeurs et misères des habitants d'Hollywood. Les deux sont d'ailleurs formidables. Mince, et Noël qui vient de passer...



Que manger pour le réveillon ?



Un Smörgåsbord, évite la discorde.

Et maintenant dansons !



La touche Brazil sans laquelle un dimanche n'est pas totalement suave nous démontre une fois encore que Sergio Mendes se prête à tout, même au français, et même aux trios québécois. 

L'Instant Mode du Weekend.


































Ne serions-nous pas passés à côté de la migraine ophtalmique ? 

C'est le weekend : soyons musical !


Puisque ce sont les derniers mp3 de l'année, "Soyons-Suave Weekend" a décidé d'opter pour quelque chose de spécial, loin des compilations pour danser que nous proposions jadis et que vous retrouverez ici ou là. Après tout vous n'avez peut-être pas besoin de nous pour dénicher de quoi vous déhancher après minuit le soir de la Saint Sylvestre, alors que nous serons peut-être plus utiles en évoquant Mavis Rivers. 

N'y allons pas par quatre chemins, Mavis Rivers, qui nous a tout de même quitté il y a 26 ans, est pourtant notre révélation de l'année, tout simplement parce qu'il y a encore quelques mois, nous n'en avions jamais entendu parler, ce qui est impardonnable mais en passe d’être cependant pardonné. 
























Née en 1929 dans la partie américaine des Îles Samoa, ce qui fait automatiquement d'elle la seule grande chanteuse de jazz internationale polynésienne, Mavis Rivers demeure encore aujourd'hui l'un des secrets les mieux gardés du monde de la musique, ce qui, supposons-le, n'était pas du tout son intention. 

Car on ne se réveille pas un jour en se disant qu'on a toutes les qualités pour être la nouvelle Sarah ou the new Carmen mais qu'on va cependant préférer un certain anonymat et ne jamais devenir la remplaçante officielle d'Ella. 




































Mavis Rivers ne peut cependant pas blâmer qui que ce soit pour sa relative carrière loupée : alors qu'elle aurait pu rester dans son île à chanter avec le choeur de son église, sa famille déménage pour la Nouvelle Zélande où, vite repérée, elle va devenir la vocaliste incontournable de la radio et des night-club, enregistrant 20 disques en 3 ans. 

Star d’Auckland, elle part pour étudier le chant aux Etats Unis et se retrouve signée sur le label Capitol qui lui offre trois albums entre 1959 et 1961. Courtisée par Frank Sinatra qui est un fan absolu, elle rejoint la maison de disque du chanteur, Reprise, où elle grave 3 albums et une quantité de singles, avant de voguer vers d'autres cieux : le mythique label Vee Jay records qui sera le premier à distribuer les disques des Beatles aux USA.























Mais alors pourquoi ? Pourquoi la petite rivière n'est-elle pas devenue un fleuve imposant et bien évidemment, nous ne parlons pas de son tour de taille ? Difficile à dire : malgré tous les efforts des maisons de disques et des producteurs, Mavis ne trouva jamais le tube qui lui permit de devenir un véritable nom. Et puis de toute évidence, on ne savait pas trop quoi faire de ses origines exotiques, allant même jusqu'à la faire disparaître de certaines pochettes comme il ne vous aura pas échappé dans l'image ci-dessus.

Avançons une dernière possibilité : sa troublante proximité vocale avec Ella Fitzgerald, qui est même parfois assez sidérante, et qui fut peut-être la croix de Mavis Rivers. Lorsqu'en 1959 son premier album arriva dans les stations de radios, Mavis fut aussitôt appelée "la voix la plus excitante depuis Ella". Et ne doutons pas une seule seconde qu'en la signant, Capitol avait vaguement en tête de marcher sur les sillons de Verve, royaume d'Ella depuis 56.

Mais il ne devait y avoir qu'une seule reine.























Ainsi donc, pour finir l'année en beauté, nous vous proposons de découvrir "Take a number", premier album enregistré en 1959 par Mavis Rivers pour Capitol et pour lequel le label dégaina la plutôt grosse artillerie : arrangements de Nelson Riddle, énorme orchestre, des tubes et des chansons originales et surtout, spécialité de l'époque, le concept album !

Les plages de "Take a number" proposent de compter jusqu'à 12 avec Mavis, partant de "One minute to one" et s'achevant sur l'extraordinaire "It's twelve o'clock". C'est d'une suavité incomparable, c'est parfait, autant pour se réveiller le matin que pour vous accompagner jusqu'au bout de la nuit. Et puis la voix de Mavis est la cerise confite qu'il manque toujours à votre Maï Taï. Même lorsqu'elle est présente. Parce que, honnêtement, une cerise n'est jamais assez.
























Et pour télécharger cet album dont nous ne sommes pas parvenus à nous lasser alors qu'il tourne depuis des mois, et dont les plages sont assez claires ci-dessus, vous savez à priori comment faire.




Mais avant de poursuivre, un café peut-être...


































Noir et sans sucre pour nous, merci... et si vous aviez une petite passoire ou même un chinois... l'ustensile de cuisine, vous voyez... 

Vous n'allez tout de même pas sortir en cheveux ?

Ce n'est pas parce que nous sommes le weekend qu'il ne faut pas faire un effort. Rossy de Palma montre l'exemple et propose l'option "Plafonnier Latin". 

Bienvenue dans "Soyons-Suave Weekend" !


Comme chaque weekend, ou presque, ou vraiment presque, ou vraiment vraiment presque, Soyons-Suave devient "Soyons-Suave Weekend", c'est à dire la même chose mais en plus "fin de semaine", un supplément détente qui vous permettra, sans erreur, d'affirmer que, oui nous sommes samedi, crévindiou nous sommes dimanche.

Et au programme de ce 128e numéro : un chapeau, une idée repas, de la mode, des mp3 qui viennent du coeur et des îles Samoa, une caresse, une édifiante histoire mêlant pouvoir, ivresse et Blanche-Neige, une touche Brazil et du café. 

De belles histoires, de douces musiques, de chatoyantes couleurs pour vos yeux. C'est le weekend. C'est "Soyons-Suave weekend" !

lundi 24 décembre 2018

Pour le plaisir.


Soyons-Suave est heureux de vous annoncer que tout est enfin prêt. Un Martini, un peu de musique d'ambiance, une bûche dans la cheminée et les invités n'ont plus qu'à arriver. 

Nous vous souhaitons bien entendu un très suave réveillon et nous vous embrassons. 


Soyons prêts pour le jour J


































N'oublions pas les petits éléments de décoration.

Le trio de l'avent.



















Parce qu'à trois, c'est aussi bien qu'à deux sinon mieux, "Soyons-Suave" est heureux de vous proposer trois idées sortie. 

Et si en plus le restaurant fait hôtel, soyons fous, restons dormir. 

Et maintenant chantons !



C'est la chanson bonus de notre compilation "Suave Noël 2018" et si nous l'avons placé en dernier, c'est peut-être parce que c'est un peu déprimant. Et un peu long. Mais c'est Maurice. 

Que manger pour le réveillon ?


































A ce stade, on ne peut plus qu'improviser...