mercredi 1 février 2012

La question du jour : est-il suave d'avoir des canaris ?



Fiers défenseurs du caniche et depuis peu (oui c'est très récent) amateurs de caresses félines, l'équipe de Soyons-Suave n'est pas pour autant sectaire et nous reconnaissons sans difficultés que le monde animal propose de nombreux spécimens dignes d'intérêt.

Si l'univers des rongeurs et des rampants nous a toujours laissé un peu froid, les oiseaux avaient, pensions-nous naïvement, toutes les qualités requises pour nous séduire. En effet, l'oiseau, si nous laissons l'émeu en Australie et dans la savane l'autruche, est généralement, petit, joli et il possède un chant mélodieux. L'oiseau semblait donc suave. C'est du moins ce que nous imaginions jusqu'à il y a 6 mois.


Vous connaissez, puisqu'elle est déjà intervenue ici-même, notre chargée en relations publiques, Renée-France, efficace, discrète : souvenons-nous avec quelle maestria elle géra notre terrible panne informatique de 2011. En août dernier, déclarant que notre open-space était un peu anxiogène, elle suggéra l'introduction, entre le mobilier de collection et l'équipement hi-tech, d'un peu de vivant qui humaniserait l'espace. Nous avons suggéré une femme de ménage à plein temps, elle revint le lendemain avec des canaris.

Cohabitant donc depuis de longues semaines avec un couple de serinus canaria appelé Saint Laurent et Saint Jean (Renée France est catholique et québécoise), nous sommes en mesure de répondre à la question : "Est-il suave d'avoir des canaris ?" et surtout d'y apporter une réponse définitive : non ! Et nous nous proposons de développer la réponse en 5 points.

1. Le canari est une souillon.

S'il est bien une chose que nous avons découvert, c'est que le canari est incapable d'effectuer la moindre tâche sans littéralement dévaster son habitat, en ce qui concerne Saint Laurent et Saint Jean, une cage fin XIXème aux admirables volutes en ferronneries. Le canari ne mange pas, il répand ses graines sur environ un hectare, le canari ne se baigne pas, il provoque un dégât des eaux.

Evidemment il existe des solutions radicales : l'obliger à prendre ses repas dans une pièce capitonnée et lui offrir une véritable baignoire pour ses ablutions mais cela repousse assez loin la conception que nous avons des relations que doivent entretenir l'homme et l'animal, fut-il jaune.


2. Le canari appelle aux dépenses stupides.

Nous n'avons tout d'abord pas prêté attention aux notes de frais de Renée-France : nous avons eu tort. Un déjeuner professionnel : c'est logique. D'innombrables cartouches pour son imprimante couleur : certes. Mais une échelle, un trapèze et un nid en osier doublé vichy ? Le canari, qu'on pensait bêtement pouvoir se satisfaire d'un bout de bois auquel s'accrocher aime les accessoires, ce qui est suave, mais avouons que ses goûts nous échappent.

3. Le canari pousse au meurtre.

Le chant du canari se compose de petits "cui", parfois doublés lorsque c'est une femelle et de trilles puissantes lorsqu'il est de sexe masculin. On lit parfois que le canari suit le rythme du jour, chantant aux premières lueurs et plongeant dans une catatonie reposante une fois la nuit tombée. C'est faux. Souffrant indéniablement d'un complexe d'infériorité, il chante dès qu'il y a du bruit mais en tentant surtout de couvrir les décibels de sa glotte musclée. Tentez une conversation, il vocalise aussitôt, écoutez un peu de musique, il s'époumone.

Par une certaine malchance, Saint Laurent et Saint Jean aiment beaucoup la bossa nova. Toute l'équipe est donc, depuis 6 mois, équipée de baladeurs et nous travaillons dans une ambiance très Ordre des Chartreux ou couvent Carmélites fort sympathique.


4. Le canari n'est pas reconnaissant.

Contrairement au chien, au chat ou, cela dépend des modèles, à vos enfants, le canari ne semble éprouver aucune reconnaissance pour la main qui le nourrit, nettoie ses continuels excréments et supporte ses jérémiades en ne lançant qu'occasionnellement un objet indéterminé sur sa cage. N'espérez donc pas le moindre témoignage de sympathie de sa part, le plus petit regard bienveillant. Le canari ne connait, à l'encontre de l'homme, qu'une attitude : la fuite, généralement vers le haut de sa cage, avec force battements d'ailes et possibles pertes de plumes. Ajoutons d'ailleurs que le canari en fait souvent trop.


5. Le canari n'est pas adapté à partager notre monde.

Non content de manger comme un malpropre, d'être un gouffre financier, d'une misanthropie surprenante et d'être invraisemblablement (pour sa taille) sonore, le canari, supposé pouvoir vivre jusqu'à 8 ans, peut décéder rapidement, sans prévenir et pour de ridicules raisons.

Il est en effet sensible aux changements de températures, aux courants d'air, au stress, il a le foie fragile et le cloaque inflammable, sans parler du fait que son joli plumage peut abriter diverses puces et parasites, qu'il convient de débusquer en l'attrapant, mais pas trop fermement sinon ça craque, et en lui soufflant sur les plumes afin de les soulever. Visualisez-vous faisant cela et une certaine détresse devrait vous envahir.



Samedi dernier "Soyons-Suave Weekend" vous recommandait le canari comme suave objet de collection potentiel, à condition qu'il soit en céramique, en feutrine ou empaillé. Nous ne saurions trop vous conseiller de suivre les conseils de notre supplément weekend.

Le canari vivant n'est pas suave, c'est un peu brutal mais c'est comme ça. Nous savons de quoi nous parlons.

2 commentaires:

Jérôme (moins anonymes) a dit…

Oh mon pauvre! Auriez-vous besoin d'un suave remontant?

Ne saviez-vous que seules les vieilles tantes sont suffisamment robustes pour supporter les plumes?

soyons-suave a dit…

Merci Jérôme, cela va tout de même mais nous avions besoin de partager notre désarroi.
Et nous avons également une pensée pour les concierges méridionales et ferventes catholiques.