vendredi 17 février 2012

La question du jour : est-il suave de ressusciter une idole ?


Ce n'est que dans quelques semaines que nous pourrons enfin, après la presque totalité de la planète, découvrir la Marilyn de Michelle Williams, décrétée, sur les affiches du film en tout cas, meilleure performance de toute sa carrière. Incarner Marilyn ce n'est pas rien et ajoutons : redonner vie à une icone est une entreprise risquée.

Avant d'accepter un tel défi, Michelle a-t-elle pris le temps de rencontrer certaines de ses consoeurs qui, avant elle, avaient tenté de relever ce pari suicidaire ? S'est-elle renseignée sur les conséquences d'une telle entreprise ? A-t-elle seulement le numéro de téléphone de Loni Anderson ?

Même s'il est trop tard, investiguons cependant, cela pourra toujours servir à quelqu'un, à partir des cinq remarquables exemples que voilà :

1. Cheryl Ladd est Grace Kelly en 1983.


Deux ans après la fin de "Drôles de dames", il sembla judicieux à quelqu'un, non seulement de produire un téléfilm de 90mn sur la vie de Grace Kelly mais surtout d'en confier le rôle principal à Kris Monroe, c'est à dire à Cheryl Ladd. La légende prétendant que le produit finit fut montré à la véritable princesse, peu de temps avant sa mort, afin d'obtenir son accord, on comprend pourquoi l'ensemble est très inoffensif et à la limite de l'Harlequin.

Ressemblance : malgré la blondeur et la robe à double bretelle, Cheryl Ladd ressemble, ironiquement, bien plus à Tippi Hedren qu'à sa rivale hitchcockienne.

Booster de carrière : presque nul. Cheryl Ladd devint une des reines des mini-séries jusqu'à obtenir à nouveau un rôle récurent 20 ans plus tard dans "Las Vegas" de 2003 à 2008.



2. Lynda Carter est Rita Hayworth en 1983.


En 1983, Rita Hayworth était déjà très malade, aussi n'eut-elle sans doute jamais l'occasion de savoir que sa vie était en train de devenir un téléfilm avec Lynda Carter, à la recherche d'un nouveau souffle depuis l'arrêt de "Wonder Woman". Se concentrant sur les amours malheureuses de Gilda, "The love goddess" permit surtout à Lynda de porter l'une des premières paires de lentilles colorées jetables.

Ressemblance : un peu floue.

Booster de carrière : nul. Lynda Carter est et restera Wonder Woman.



3. Loni Anderson est Jayne Mansfield en 1980.


Décédée en 1967, Jayne Mansfield était depuis longtemps (toujours ?) dans l'ombre de Marilyn lorsqu'un producteur décida, en 1980, de la remettre dans la lumière. Un temps rôle le plus convoité de la télévision, il échoua entre les bras de Loni Anderson pour d'évidentes raisons, laquelle eut le privilège d'être une Jayne assez convaincante face à un Arnold Schwarzenegger débutant.

Ressemblance : plutôt spectaculaire.

Booster de carrière : confirma à Loni que son physique était son meilleur atout dramatique. Elle le promènera au cours des années 80 et 90 et lui fera rencontrer Burt Reynolds dont elle fut l'épouse pendant 5 ans.



4. Sherilyn Fenn est Liz Taylor en 1995.


Après plusieurs tentatives avortées, 1995 fut l'année où, enfin, la vie de Liz Taylor devint un téléfilm qui, étant donné les innombrables péripéties jalonnant la vie de Cléopâtre, aurait facilement pu être envisagé en mini série. 210 minutes tout de même, c'est malgré tout bien peu pour évoquer les mariages, les mariages, les divorces et les mariages. Inutile de préciser que les cures de désintoxications sont à peine évoquées.

Ressemblance : Sherilyn Fenn EST Elizabeth Taylor.

Booster de carrière : aurait dû mais n'a pas pu. Révélation de"Twin Peaks", félicitée pour "Liz", le cas Sherilyn Fenn reste un mystère. Elle tourne actuellement un téléfilm sur le Bigfoot.



5. Jennifer Love Hewitt est Audrey Hepburn en 2000.


Pour ses admirateurs, Audrey Hepburn n'aura connu que 7 années de tranquillité entre son décès en 1993 et la sortie de "The Audrey Hepburn story", officiellement le téléfilm le plus détesté et critiqué de l'histoire de la télévision américaine. Les raisons d'une telle haine se résument en 3 lettres : JLH, Jennifer Love Hewitt, ancienne héroïne de la série "la vie à 5" et chanteuse fort réputée au Japon.

Ressemblance : c'est peut-être le plus gros problème.

Booster de carrière : catastrophique. JLH connaîtra une longue traversée du désert avant de se décider à murmurer à l'oreille des fantômes dans "The Ghost whisperer", 2005-2010.



Au vu de ces exemples, ressusciter une idole semble donc potentiellement très dangereux.

Michelle Williams, qui, ne l'oublions pas, vient de la télévision où elle officia pendant 5 ans dans la série "Dawson", peut cependant se réjouir que "My week with Marilyn" soit un film et non un téléfilm. Evidemment, il y a toujours des exceptions : "Harlow", "Valentino" et ne parlons pas de "Gable and Lombard" mais dans l'ensemble, la fatalité semble moins s'acharner sur le grand écran que la petite lucarne.



Et puis surtout, Michelle Williams semble intelligente. Elle a été très claire : il n'a pas été question pour elle de chercher le mimétisme à tout prix mais plutôt de proposer dans "My week with Marilyn" sa vision de l'actrice.

Nous ne pouvons qu'attendre fébrilement en nous contentant des quelques minutes offertes gracieusement par la production. Une chose est en tout cas certaine : Michelle est parfaite en Marilyn, ce qui doit peut-être donner quelques sueurs à Noami Watts qui l'incarnera également dans l'adaptation du roman de Joyce Carol Oates, "Blonde". Pour quelqu'un dont la vie n'avait jusqu'alors été adaptée qu'à la télévision, deux films en 3 ans, c'est plutôt suave, non ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Notre ami Jean-Michel a également fait des incarnations flamboyantes de toutes ces grandes stars, malheureusement ces documents restent immontrables pour le moment. On ne peut que s'en désoler.
Bruno

soyons-suave a dit…

Son Mae West est irrésistible il est vrai :)