Il semblait prévisible que cette semaine familiale de notre été harmonique se termine par les Pointer Sisters, qui du coup proposent une légère accélération temporelle par rapport à ce que nous écoutons depuis lundi. Cependant, en y regardant de plus près, Ruth, Anita, Bonnie et June sont en fait la parfaite conclusion à cette petite visite des années 30, 40 et 50 puisque c'est en s'inspirant précisément de ces décennies qu'elles montrèrent qu'elles n'étaient pas comme tout le monde.
Formées dans le choeur de l'église de leur révérend de papa à Oakland en Californie, les Pointer Sisters débutèrent comme un duo, puis un trio et enfin un quatuor à partir de 1972, année où le label Blue Thumb se décida à signer cet étrange groupe qui s'habillait comme si nous étions en 1934 et chantait du Count Basie ou des reprises des Andrews Sisters avec une technique vocale qu'on pensait alors perdue.
Les trois premiers albums des soeurs Pointer, sortis en 73, 74 et 75, sont des merveilles absolues sur lesquelles on croise du Stevie Wonder, du Isaac Hayes, du Duke Ellington, des clins d'oeil à Peggy Lee et à Broadway mais aussi des compositions originales à l'image de ce "Fairytale", écrit comme une blague et qui leur vaudra le Grammy du meilleur groupe Country (une première pour une formation noire) et sera repris par Elvis.
Avec des emprunts au blues, au funk, au jazz, les Pointer Sisters montraient ce que des scientifiques ont depuis affirmé : que les plus belles harmonies sont produites par des voix issues de la même famille.
Lorsqu'en 1977, Bonnie quitta le groupe pour une carrière solo chez Motown racontée ici et June prit des vacances au pays de la cocaïne, Anita et Ruth firent le point. Et si on se réinventait ? Fini le glamour - dépôt vente vintage et les voix à l'unisson, les Pointer devinrent pop et même rock, avant de devenir electro-dance et avec le retour de June, elles attaquaient les années 80 en robes fluo et allaient obtenir leurs plus grands succès.
C'était bien, pourtant, lorsqu'elles emmenaient les Andrews Sisters à la Nouvelle-Orléans...
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