Vladimir Tretchikoff et J. H. Lynch furent incontestablement les artistes les plus vendus des années soixante, sans pour autant pouvoir prétendre à la moindre installation dans un musée. Comme le suggère l'un des rares livres qui leur ait été consacré, "Just above the mantelpiece", ils trouvèrent cependant leur place juste au-dessus de la cheminée, ou sur les murs des salons de dizaines de milliers de foyers à travers le monde et particulièrement en Angleterre, aux USA et aux antipodes.
Vendus dans les magasins de cadeaux ou aux rayons décoration des supermarchés, les tirages de leurs toiles, généralement suavement déjà encadrées, n'étaient ni plus ni moins que de l'art pour les masses, en plus pop que les reproductions des "Déjeuner sur l'herbe" et "La liseuse" au point de croix.
Vladimir Tretchikoff autoportrait.
Vladimir Tretchikoff, né au Kazakhstan en 1913, apprit la peinture sur le tas, devint forgeron en forgeant et est l'auteur d'au moins trois toiles absolument iconiques : "The green lady", "Miss Wong" et "The Balinese girl", qui lui assurèrent, un temps, d'être l'artiste le plus vendu dans le monde après Picasso... en tout cas d'après ses propres déclarations.
Préférant exposer dans les grands magasins que dans les galeries d'art, il réunit dans les années 50 plus d'1 million de personne à New-York et on peut occasionnellement l'apercevoir dans "Frenzy" de sir Alfred.
Décédé au Cap en Afrique du Sud en 2006, il se décline aujourd'hui en une multitude de produits dérivés dont nous ne manquerons pas de reparler et fait éventuellement de très belles toiles tendues.
Beaucoup plus mystérieux que son confrère, J.H. Lynch serait né en Angleterre en 1911 et décédé en 1989 mais ces dates, de même que la preuve que Lynch ait été son véritable nom, restent fortement hypothétiques. La rumeur plana un temps que derrière cette signature se cachait une femme vivant dans le sud de l'Angleterre, mais également un portraitiste mexicain et finalement une nonne néo zélandaise.
Il est l'auteur d'au moins trois toiles absolument incontournables : "Tina", "Tina in a green dress" et "The Woodland Goddess".
Intriguant critiques et documentaristes qui tentent encore aujourd'hui d'élucider son mystère, il est désormais certain que l'artiste qui signa "J.H. Lynch" produisit, sous d'autres pseudonymes, une quantité certaines de toiles. On peut en tout cas le croiser dans "Orange mécanique" de Kubrick.
Décliné également en suaves produits dérivés depuis le revival retro kitsch de la fin des années 90, Lynch fait de beaux coussins, de beaux tapis et surtout de somptueux ascenseurs.
Lynch, Tretchikoff, il est évidemment cornélien de choisir et le fait que trois Trechikoff ornent, depuis des années, la réception de nos locaux ne nous empêche pas de proclamer que s'il est difficile d'être à la fois Gina et Sophia, alors que, par contre, on peut être Bette et Joan, il est possible d'aimer Vladimir et J. H.
La solution, si vraiment la vie de quelqu'un en dépendait, serait sans doute de se tourner vers Lou Shabner. C'est tout aussi pop, tout aussi suave. C'est compliqué, l'art, finalement.
4 commentaires:
Merci pour ce bel article!!! J'adore J.H Lynch. J'ai trois tableaux à la maison (Tina, Autumn et Nympth) Je recheche Tina dans sa robe verte et Nina...
http://exotikitsch.canalblog.com/
Aurions-nous enfin trouvé un (une) partenaire pour jouer à la bataille ? Nos trois Tretchikoff contre vos trois Lynch, voilà un suave combat :) Et merci pour le commentaire.
Many thanks for this article!
Boris Gorelik
author of Incredible Tretchikoff
(Art / Books, London, 2013)
De nada Boris.
And now I need to find your book :)
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