mercredi 22 septembre 2010

Les très suaves heures de l'histoire contemporaine : le jour où Ginger Rogers décida d'éclipser tout le monde.


Dans les premiers jours du mois de mai 1963, le magazine Time décida, afin de célébrer son 40ème anniversaire, d'organiser trois jours de festivités comme on n'en avait pas vu depuis longtemps à New York. Il fut décidé que tout commencerait par un cocktail assez intime le samedi soir, présidé par l'éditeur du magazine. Suivrait une réception le dimanche dans l'immense propriété du président du groupe Time, James Linen, dans le comté de Westchester non loin de New-York et que tout s'achèverait au Waldorf Astoria par un dîner de gala, pendant lequel serait servi du "Filet de boeuf au foie gras sauce périgourdine" pendant que 40 ans de couvertures illustres seraient projetés sur un écran géant.

Si le cocktail inaugural rassembla essentiellement des responsables de la publication et des annonceurs, le brunch du dimanche vit défiler tout ce que les USA comptaient de suave et de sophistiqué : politiciens, scientifiques, auteurs, stars, tout simplement, non seulement incapables de refuser l'invitation très happy few (le dîner du lundi fut pour plus de trois cents personnes, quand seules 150 étaient conviées à la campagne) mais cédant sans doute et surtout aux touchantes attentions du président qui envoya 150 Cadillacs avec chauffeur aux heureux élus afin de faciliter leur sortie de New York.







Bette Davis, Gina Lollobrigida avec tiare, Jennifer Jones avec David O'Selznick, Rosalind Russel, Olivia de Havilland : toutes et tous anciennement en couverture répondirent bien sûr à l'invitation, ce qui suffisait déjà largement à en faire l’évènement mondain de l'année. Mais Ginger Rogers contribua, elle, à en faire l'évènement brushing de la décennie. Consciente sans doute qu'elle devait faire fort si elle souhaitait être inoubliable au sein de cette assemblée de gens tout autant inoubliables, elle réussit à donner une nouvelle définition au mot "bouffant". Illustrations.


Ce dernier cliché qui oppose la coiffure gonflée à l'hélium de Ginger aux mèches manquant peut-être un peu de ressorts de Bette est incontestablement le plus célèbre de tous ceux qui furent pris en ce dimanche à la campagne. Miss Rogers fut en tout cas la plus photographiée lors de cette assemblée, et d'ailleurs souvent de profil, pour des raisons évidentes de mises en perspective de son travail du volume. Nous vous assurons qu'il n'y a pas que dans les centres d'apprentissage qu'on se souvient les yeux humides de cette ode à la laque : essayez n'importe quel moteur de recherche, Ginger brushée apparaît aussitôt !

Fine danseuse, assez habile comédienne, l'ancienne partenaire de Fred Astaire était en plus pleine d'intuitions. N'eut-elle pas crêpé et crêpé encore qu'elle aurait été facilement distancée par l'unique Hedda Hopper, toujours chapeautée, toujours parfaite, toujours prête à voler la vedette ce qui que ce soit. Bravo Ginger et que ce soit le conseil du jour : méfiez-vous toujours des vieilles dames ! Surtout avec des fleurs sur la tête !

4 commentaires:

Dsata a dit…

Ne pourrait-on pas y déceler l'influence souterraine exercée par notre B. B. hexagonale ?
Photo datant de 1961 : http://farm5.static.flickr.com/4148/5000650151_4b8da425f2_b.jpg

La question reste ouverte...

soyons-suave a dit…

BB porte la choucroute originale, dans le cas de Ginger, c'est quelque chose de plus fuselé, un modèle Boeing peut-être... Dsata, vous êtes en tout cas une mine !

Anonyme a dit…

Vous avez précisé sous la photo au Waldolf Astoria : "Le dîner du lundi fut pour plus de trois personnes, quand seules 150 étaient conviées à la campagne".
N'en auriez-vous pas oublié 297 (300-3=297)?
Ou bien sont-ce mes 300 neurones restants qui se font la malle, à leur tour ?

Randolph

Anonyme a dit…

Grosse choucroute garnie... à l'hélium.
Randolph