Retrouvons avec un plaisir non dissimulé notre tourbillon harmonique estival consacré cette semaine aux formations patronymiques ce qui est une façon un peu compliquée d'expliquer que nous allons écouter jusqu'à vendredi des groupes formés autour d'un nom dès le départ célèbre ou qui ne va pas tarder à le devenir.
Ne combattons pas l'évidence : il n'y a pas mieux qu'Anita Kerr (et son quartet - et ses chanteurs - et son orchestre - et ses violons) pour incarner cette catégorie, Anita et ses plus de cinquante albums, ses grammys, ses 60 ans de carrière puisque née en 1927, elle est toujours parmi nous et visiblement toujours relativement active.
A l'origine de cette carrière admirable, il y a une jeune fille née à Memphis qui apprendra le piano dès l'age de 4 ans, dirigera le choeur de son église à 12 et écrira des arrangements pour la radio à 15. Musicienne, compositrice, chanteuse (c'est une très solide soprano), chef de choeur, spécialiste des arrangements alambiqués, puis productrice, Anita va rapidement prendre en main un octet qui sera réduit à un quartet plus maniable en studio et en tournée et va chanter derrière à peu près tout le monde à la fin des années 40 et au cours des années 50 , jusqu'à ce qu'elle ait envie de briller pour elle même.
A ce niveau, les pochettes des albums d'Anita, de n'importe quelle période et de n'importe quelle formation sont assez explicites : ce qui est important dans un disque d'Anita Kerr, c'est Anita Kerr, les autres chanteurs étant généralement assez loin derrière ou franchement absents.
Débutant dans la country, Anita et ses singers vont explorer pratiquement tous les aspects de la musique américaine : le jazz, la pop, le chant religieux et même le rock ou le funk, ce qui à priori comblerait les envies de n'importe qui. Mais un brin hyperactive, Anita ne va jamais se contenter de l'immense succès qu'elle va obtenir avec son groupe. Elle se cache derrière une petite dizaine de noms d'emprunt qui lui permirent de se faire plaisir de façon plus ou moins discrète : les Living Voices, les Mexicali singers, les San Sebastian Strings, les Hallelujah voices, les Velvet voices.
Elle obtiendra même un tube en 1960 avec les Little Dippers et c'est charmant.
Ce qui fera beaucoup dans le succès d'Anita Kerr, c'est incontestablement d'être capable de prendre n'importe quel succès ou n'importe quel compositeur (Mancini, Stevie Wonder, Les Beatles, Burt Bacharach) et de le Kerriser, par sa maîtrise absolue des harmonies à quatre voix.
Et si vous l'associez irrémédiablement à la musique d'ascenseur, jetez une oreille à ses albums de la fin des années 70 et début 80, c'est assez déroutant.
En tout cas, il y a une Anita Kerr que nous adorons plus que tout, c'est la formidable machine à jingles radiophoniques qui travaillera pour une quantité invraisemblable de stations de radios dans les années 60 et fera attendre avec une certaine impatience l'arrivée de la rubrique météo ou le journal du soir à des milliers d'auditeurs, uniquement afin d'en entendre l'indicatif. Et si cela, ce n'est pas un talent rare...
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