mardi 21 août 2018

Et maintenant chantons !




Au tout début des années 60, Margit Lorenz a toutes les raisons d'être contente. Ses années de chanteuse de bal sont enfin derrière elle et affublée d'un patronyme dans le vent, Peggy Brown, elle vient d'enregistrer un titre qui passe en bouche à la radio et va devenir l'un des succès de l'année 1961. 

Depuis toute petite, Margit / Peggy sait qu'elle sera un jour derrière un micro et puisque ce ne fut pas possible dans sa Tchéquie natale, elle déménagea en Allemagne, dans la future RDA tout d'abord où elle se familiarisa avec le folklore russe puis, juste à temps, en RFA où cette fois c'est le jazz qui lui fit de l'oeil. Elle se rêvait en chanteuse de big band, on lui proposa d'être une simple choriste de reprises, jusqu'à "Denn sie fahren hinaux auf das Meer" qui va rester classé 20 semaines dans les hit-parade allemands.

Comble du chic, elle est même invitée à chanter son tube dans le film "Elles pensent toutes à ça" avec en vedette Marion Michael, qui sera l'année d'après "Liane l'esclave blanche" qui était notre aventure dans la jungle du 14 août dernier. 





Franchement, les choses pouvaient-elles alors mal se passer ? Eh bien oui : des 45 tours suivants qui séduisent beaucoup moins, un label, Telefunken, qui ne croit plus en elle et des rivales qui fleurissent un peu partout, prenant la vague yé-yé vers laquelle Peggy se tourne alors mais trop tard. 

En  1965, Peggy n'a plus de maisons de disques, plus de projet or elle n'envisage pas d'arrêter la musique. Et c'est alors l'idée, qui a défaut d'être géniale va lui permettre de survivre dans l'industrie : et si je fondais un groupe vocal ? Et c'est ainsi que sans l'ambition de révolutionner le genre ou de faire de l'ombre à Gunter Kallmann, les Peggy Brown singers voient le jour et pour nous, c'est une très bonne chose.



























Jusqu'au milieu des années 70, les Peggy Brown Singers vont, comme leur nom l'indique, chanter, non pas sur le devant de la scène ou en tournées internationales, mais en studio, beaucoup, interprétant pour des collections petit prix les tubes du moment mais occasionnellement aussi des compositions originales, über easy listening qui sont, il faut le dire, des délices. 

C'est un tour de force aujourd'hui de trouver un 45 tours ou, Graal suprême, un des rares 33 enregistrés par le groupe qui jouit, grâce aux diverses compilations d'obscures musiques d'ascenseur, d'un léger statut vaguement culte. Totalement retirée de la vie publique depuis le milieu des années 70 et refusant la moindre interview, espérons qu'elle soit au courant de ce petit revival. Parce qu'on dira ce qu'on voudra, mais ça fait toujours plaisir.

Et sur ce, il nous faut un drink. 

1 commentaire:

Jérôme (moins anonyme) a dit…

Fredonnée comme ça, c'est pas si difficile finalement la languebde Goethe