Pour nos oreilles adolescentes, "Why don't you do right" a d'abord été la chanson de Jessica Rabbit, puis la curiosité l'a emporté et quelques rapides recherches plus tard, nous découvrions que le titre ne datait pas d'hier et avait été un tube immense pour Peggy Lee en 1942, alors qu'elle est le rossignol du big band de Benny Goodman et qu'elle avait vendu plus d'un million d'exemplaire du vinyle chez Columbia.
Une nouvelle fois, la saga musicale de la semaine refait l'histoire et découvre que certains titres sont parfaitement inusables. D'autant que Peggy Lee n'est même pas la créatrice de "Why don't you do right", composé en 1936 et alors sans parole, mais avec un titre intrigant : "Le rêve du fumeur de joint".
Les Harlem Hamfats, qui ne sont pas du tout new-yorkais mais de Chicago sont un groupe de blues formé entre autre par les deux frères McCoy qui composent donc ce "Weed smoker's dream" et l'enregistrent en 1936, ce qui leur vaudra un succès modéré dans les clubs de l'Illinois.
Mais persuadés qu'ils tiennent là quelque chose, ils décident de retravailler le morceau, de lui enlever toute référence à la drogue et de lui ajouter des paroles. C'est alors que le titre se transforme en "Why don't you do right", que les frères McCoy proposent, en 1941, à la reine du blues de Chicago : Lil Green.
Comme ce sera le cas des centaines de fois dans l'histoire de la musique américaine, il faudra une interprète blanche pour faire de "Why don't you do right" un succès, et difficile de faire plus caucasienne et plus blonde que Peggy Lee en 1942, qui évoque plus un nuage de crème fouettée que Mama dans "Autant en emporte le vent".
Résolument scandinave avec un père suédois et une mère norvégienne, Norma Egstrom qui deviendra rapidement Peggy Lee est peut-être la chanteuse ultime qui connut absolument tout : chanteuse d'un groupe au collège, chanteuse pour la radio à 16 ans, en tournée dès 17 ans, les cabarets, les big bands et enfin la carrière solo, dès 1948, avec le plus beau contrat signé par Capitol dont elle sera la poule aux oeufs d'or pendant plus de 20 ans.
Et n'est-il pas émouvant et amusant de découvrir que sur son tout premier album solo, le premier titre de la face A est "Why don't you do right", réarrangé évidemment, par son premier époux d'ailleurs, Dave Barbour ? Plus d'intro interminable pour que le big band montre ce dont il est capable, avant l'arrivée de la chanteuse au bout d'1m30. Peggy arrive dès les premières notes.
Ce sera indéniablement son premier tube, elle en aura des dizaines d'autres mais c'est toujours celui qu'elle reprendra lorsqu'on l'invite à la télévision, comme en 1961 dans le show d'Ed Sullivan. Plus qu'un chanteuse, une sirène. Et qui swingue comme on a rarement swingué.
1 commentaire:
Les Harlem Jambongras : comment espérer un succès avec un blaze pareil ???
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