mardi 21 juillet 2020

Et maintenant dansons !



































Popularisée par Harry James en 1949 avec des paroles signées Al Stillman, "Don Cha Go way Mad" n'était pas à l'origine destinée à être chantée puisque la chanson a tout d'abord existé en tant qu'instrumental, composé par Illinois Jacquet sous le titre "Black Velvet". 

Mais le velours noir n'inspirant visiblement pas le parolier, déjà responsable d'une quantité impressionnante de version anglaises de tubes étrangers, "Black Velvet" se mit à raconter l'histoire d'une tromperie, en fait une erreur qui ne se reproduira plus, d'où le cri du coeur : "Je comprends que tu sois mécontent mais allez, oublions et pardonnons et surtout bébé, ne sois pas en colère.". "Don Cha Go Way Mad" était née. 



A à peine 20 ans, Illinois Jacquet, dont le nom suffit pour savoir que ses parents étaient d'origine créole, était déjà le roi du saxophone, depuis qu'il avait rejoint l'orchestre de Lionel Hampton et hérité d'un solo devenu mythique sur "Flying home". L'histoire veut d'ailleurs que ce solo ait été la raison principale qui le poussa à quitter Hampton et créer son propre orchestre, afin de ne plus avoir à rendre l'âme chaque soir à cause de cet exercice qui le laissait après coup presque défunt.

Illinois eut une magnifique carrière, la rolls du sax, jouant avec tout le monde et demandé partout, y compris le nouvellement élu président Clinton qui l'invita à souffler à ses côtés le soir de son inauguration.

Et il décrocha le gros lot en épousant Barbara, mannequin très en vue qui abandonna sa carrière pour le suivre en tournée, inventant par la même occasion la profession de "femme de jazzmen", sorte de "Housewives" avant l'heure qui intriguait beaucoup la presse de l'époque. 



































"Black Velvet" eut-elle autant de succès que "Don Cha Go Way Mad" ? Question étrange si on y réfléchit puisque nous parlons d'exactement la même chose... eh bien oui et non. Disons qu'en version instrumentale, la chanson resta un standard de jazz, mais qui amène toujours la grande majorité des gens qui l'entend à se dire "Mmmm, mais il n'y a pas des paroles ?", ce qui n'est pas vrai dans l'autre sens.

En tout cas depuis 1949, "Black Velvet" sera enregistré régulièrement, par Illinois déjà, qui gravera la chanson au moins 4 ou 5 fois et, par exemple, par Sonny Clark, le malheureux pianiste star du label Blue Note (malheureux car il décedera d'une crise cardiaque à 31 ans), qui prouvera en 58 que le piano, aussi, c'est bien.

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