mercredi 22 juillet 2020

Et maintenant chantons !



































Il n'aura normalement échappé à personne depuis lundi que notre chanson star de la semaine, "Don Cha Go Way Mad", composée comme un instrumental par Illinois Jacquet en 1949 et popularisé la même année avec des paroles par Harry James et les Skylarks, est une ode au swing, aussi il ne surprendra personne de retrouver aujourd'hui madame Swing, madame Musique même, allons jusqu'à madame Voix tout court : Ella Fitzgerald. 

Il serait fastidieux de lister ici les morceaux à jamais associés à la First Lady de la musique américaine mais parions que "Don Cha Go Way Mad" ne figurerait pas forcément dans ces classements, alors que. 

Nous sommes en 1950, Ella est depuis des années chez Decca et est devenue un nom depuis 1938 et son "A Tisket a Tasket" enregistré avec l'orchestre de Chick Webb. Et c'est un peu ce qui caractérise sa carrière à ce point : tous ses succès ont été obtenus alors qu'elle était associée à un orchestre ou un autre nom : les Ink Spots, Teddy Wilson, les Mills Brothers ou les deux Louis : Jordan et Armstrong. En 1950, sa version de "Don Cha Go Way Mad" ne déroge pas à la règle puisque c'est avec le chef d'orchestre Sy Oliver qu'elle s'empare du tube à la mode. 






































Cinq petites années plus tard, les choses ne sont plus tout à fait les mêmes pour Ella. D'abord elle n'est plus chez Decca mais chez Verve, un label créé pour elle par son manager depuis des années, Norman Granz, qui pressentait que la reine du swing et du be-bop pouvait devenir une sorte d'impératrice universelle de la musique, tout public et surtout toutes couleurs confondues. Mais ne radotons pas puisque nous avons déjà raconté cette très suave histoire ici-même.

Ella est de plus et grâce à Granz devenue une chanteuse vénérée, qui parcourt le monde environ 45 semaines par an et se produit partout. L'histoire se serait déroulée dans les années 80, elle aurait rempli les stades. Aujourd'hui elle chanterait à guichets fermés à l'AccorHotels Arena.

Aussi de temps à autre, Ella s'enferme en studio avec des amis et surtout de petites formations, livrant occasionnellement des albums ou des 45t 4 titres plus intimistes. Comme en 1958 avec le quartet d'Oscar Peterson pour un "Don Cha Go Way Mad" beaucoup plus smooth.






Mais Ella, en plus de ses 60 albums, de ses centaines de singles et de ses wagons de prix (première artiste noire à remporter un Grammy lors de la première cérémonie en 1958) était surtout une bête de scène, qui sera d'ailleurs encore devant un public en 1993, quelques semaines avant que le diabète qui l'avait déjà rendu pratiquement aveugle, n'emporte ses deux jambes et mette fin (forcément en même temps) à sa carrière.

1958, Ella prend la scène de l'Opera House de Chicago et l'album live qui est tiré de ces représentations va être un succès phénoménal pour un disque en public. Il en sera de même pour presque tous les enregistrements de ce genre que Ella livrera au cours des années 60 et 70 : Berlin, Newport, sur la Côte d'Azur, Hambourg, Londres, Rome, Montreux ou Budapest.

Et comme à chaque fois, Ella se produit durant trois ou quatre soirs et que chaque show est enregistré, cela donne une quantité assez prodigieuse de versions bis ou ter de la même chanson. Les producteurs sont contents, les fans tout autant.




C'est même presque une idée collection : toi-aussi, retrouve toutes les versions accessibles de "Don Cha Go Way Mad" gravées par Ella !

Franchement, c'est l'été ! Tout le monde a du temps, non ?


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