lundi 27 juillet 2020

Et maintenant chantons !


Alors que vous n'ignorez plus rien, grâce à nos sagas estivales, de nos premières influences musicales, sautons aujourd'hui quelques années et plongeons dans cette douloureuse mais parfois intéressante période qu'est l'adolescence pour évoquer notre chanson de la semaine : "He's my guy" de Don Raye et Gene DePaul sur lesquels nous reviendrons demain. 

Pour le moment, nous avons 14 ou 15 ans, nous traversons une courte mais intense phase new wave (et même pendant quelques jours cold wave). Ce qui ne nous empêche pas d'écouter à peu près tout ce qui tombe sous notre main et non loin de notre platine, et notamment les 45 tours de notre amie Sophie. 

La discothèque de notre amie est riche, entre autre des disques de sa mère qui aimait le jazz. Et sans doute un dimanche après-midi... un dimanche après-midi sans aucun doute possible quand nous y repensons, elle nous fait découvrir ceci :



Et nous conviendrons qu'on est forcément amis pour la vie avec quelqu'un qui vous fait faire la connaissance de Sarah Vaughan. 

"He's my guy" figure sur l'album le plus réédité de la Divine, le "Sarah Vaughan accompagnée par Clifford Brown", qui sort en 1955 sur le label EmArcy, succursale jazz de Mercury records chez qui Sarah passera une bonne partie de sa carrière. Et c'est d'ailleurs cette particularité qui avait poussé la chanteuse à quitter Columbia l'année précédente : la possibilité d'une carrière pop avec Mercury tout en continuant les albums jazz chez EmArcy, en fait la même société. 
























Pour des raisons qui nous échappent, il semblerait que Sarah Vaughan, disparue en 1990 à 66 ans, et pourtant membre de la Sainte Trilogie Billie/Ella/Sarah, soit finalement la moins célébrée des trois et que malgré son surnom de "La Divine", elle n'ait pas exactement le même statut que Billie la martyre ou Ella la sainte. 

En 1955, alors que sort "He's my guy", Sarah est pourtant une véritable célébrité, collectionnant depuis le début de la décennie les titres de "meilleure chanteuse de l'année", captivant le public dans ses tournées sans fin et suscitant l'intérêt permanent des lecteurs de la presse noire dont on notera avec intérêt les titres plutôt subtils pour certains. 









































On peut supposer que la relative discrétion de Sarah Vaughan aujourd'hui, sauf chez les aficionados de jazz bien entendu, tient au fait qu'elle ait peut-être moins bien abordé les années 70 et 80, alors qu'en y regardant de plus près, elle fit exactement la même chose que ses consoeurs : se produire sans jamais s'arrêter aux quatre coins de la planète. 

Vous pouvez analyser à la loupe les discographies de toutes les chanteuses de jazz des années 40 ou 50 : à partir de 1980, elles ne sortent presque plus que des albums live, c'est en tout cas ce qui se produit pour Ella, Anita O'Day, ou Carmen McRae. 

Effectivement, ce n'est le cas, ni pour Billie Holiday, ni pour Dinah Washington mais pour une raison bien précise : elles sont déjà mortes.  





































La présence des trois photos ci-dessus n'est justifiée que par notre plaisir jamais démenti de voir Sarah et Ella côte à côte. 

Finalement, ce qu'on peut éventuellement reprocher à Sarah à la fin de sa carrière, c'est de ne plus vraiment ressembler à la Sarah du début de sa carrière et d'avoir laisser migrer sa voix vers des graves impressionnants qui ont sans doute fait dire à plus d'un jeune spectateur la découvrant dans les années 80 : "J'ai vu une drag queen tout à fait exceptionnelle".

"Taratata" comme dirait notre amie Sophie qui n'a pas bon goût qu'en matière de disque, Sarah reste Sarah, même avec une très vilaine permanente et 18 mètres de tissus sur le dos. Quand on est suave, on est suave, qu'est-ce que vous voulez que nous ajoutions ?



Drôle. Nous pouvons en fait ajouter drôle. 

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour le moment je me suis entichée de Pearl Bailey

Celine la Saga

soyons-suave a dit…

Formidable mais elle parle beaucoup quand même, non ?