mardi 28 juillet 2020

Et maintenant chantons !



































L'histoire de la chansons de la semaine, "He's my guy", commence à l'été 1942 ( ça rappelle un film, non ?...)  lorsqu'elle n'est alors que la nouvelle composition du duo Gene DePaul (musique) et Don Raye (paroles), prolifiques créateurs de tubes un peu à la chaîne, notamment pour les studios Universal. Les deux musiciens, que vous pouvez admirer ci-dessous, sont les spécialistes du boogie, ils ont un sens assez remarquable de la mélodie qui reste en tête et fait danser. Et comme ils créent beaucoup, ils ont en permanence quatre ou cinq chansons qui se promènent chez les éditeurs. 

C'est Harry James le premier qui saute sur le titre, qui a la particularité de se prêter à la fois à un traitement rapide et à un rythme lent. D'ailleurs les paroles : "C'est mon homme, il n'est pas très attentionné mais parfois il me prend dans ses bras et alors je me vois dans ses yeux, c'est mon homme et il le sera jusqu'à ma mort" peuvent être chantées comme une joyeuse déclaration ou au contraire comme une confidence déchirante. 

"He's my guy" est donc une chanson 2 en 1 qui dépend juste d'un parti-pris : faire pleurer face à cette histoire un peu masochiste ou donner de l'espoir à celles et ceux qui en manquent puisque l'amour sera éternel. Harry James, qui y voit la possibilité de sortir un concurrent sérieux au "At Last" larmoyant de Glenn Miller qui truste les hit-parade depuis des semaines, n'hésite pas : ce sera un slow ! 






































Brune ou blonde, Helen Forrest n'a pas été surnommée en vain "La voix des big bands" puisqu'entre 1938 et 1945, elle fut la chanteuse officielle des orchestres d'Artie Shaw (ou elle prit la suite de Billie Holiday), de Benny Goodman et enfin Harry James, en gros le trio gagnant de cette époque  après la mort accidentelle de Glenn Miller.

Mais à la différence de ses nombreuses consoeurs (car beaucoup d'orchestres donc beaucoup de chanteuses), Helen fut la première à dire stop à la tradition qui voulait que la voix féminine ne soit qu'un élément de l'orchestre et n'intervienne que sporadiquement, généralement après 1m30 d'instrumental pour chanter le refrain. En signant avec Harry James, elle exigea de pouvoir, enfin, chanter l'intégralité de la chanson. Cela n'est pas encore clair sur "He's my guy" mais cela le sera juste après.

Notamment lorsque l'orchestre d'Harry sera demandé pour venir décorer quelques productions hollywoodiennes, comme ce "Bal des sirènes" MGM de 1944 dans lequel Helen a droit à son introduction personnelle, son gros plan et un refrain + des couplets. La gloire donc.



Puisqu'à partir des années 50, la mode n'est plus vraiment aux grands orchestres de danse, logiquement Helen se lancera dans une carrière solo plutôt réussie, enchaînant une dizaine de duo (donc pas complètement une carrière solo) avec Dick Haymes et rejoignant occasionnellement Harry James ou d'autres orchestres. 

Les années 70 seront douces puisqu'une vague de nostalgie remettra les big bands à la mode et Helen sera perpétuellement en tournée, jusqu'à sa disparition en 1999. 

En tout cas, sans être leur plus grand succès, elle n'oubliera jamais "He's my guy" et ses enregistrements avec Harry James puisqu'elle reprendra la chanson sur son grand album solo chez Capitol en 1956. Cette fois-ci, elle était seule et avait donc la chanson rien que pour elle, avec la possibilité de commencer à chanter après une simple intro de 16 secondes. Chouette ! 

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