dimanche 30 septembre 2012

Les très suaves heures de l'Histoire contemporaine : le jour où Lauren Bacall chanta.





















En 1970, il n'était pas gagné d'avance que Lauren Bacall remporte le Tony Award de la meilleure actrice dans une comédie musicale pour son rôle dans "Applause", adaptation pour Broadway de "All about Eve" de Mankiewicz. Lauren chanteuse ressemblait déjà à une blague, alors Lauren gagnante...





















Si le fait qu'elle remporta bien la statuette cette année-là replongea certaines de ses collègues surentraînées dans les heures sombres de 1963 ou 1964, qui avaient vues triompher deux autres chanteuses méritantes mais certainement pas remarquables, en l'occurrence Vivien Leigh et Angela Lansbury, les plus anciennes se souvenaient que déjà, en 1953, Rosalind Russell, piètre vocaliste, avait pourtant décroché le Tony pratiquement dès sa descente d'avion en provenance de Los Angeles pour "Wonderful town". 

Lauren Bacall, chantant clairement comme une casserole, était donc une de ces stars d'Hollywood en peine de rôle et venue à Broadway se refaire une santé et un compte en banque ! Sauf que Lauren ne venait pas d'arriver à New-York, et que Lauren avait déjà chanté... enfin presque... enfin d'une certaine façon. Et voilà très précisément ce que la suave histoire du jour va tenter de démontrer.















A la mort de Bogart en 1957, Lauren Bacall n'était en rien une actrice dépassée, bien au contraire. Son nouveau film, "La femme modèle" de Minnelli était en passe de devenir un immense succès, tout comme l'avait été le précédent, "Ecrit sur du vent" de Douglas Sirk. Lauren Bacall n'était pas dans une période creuse mais dans une période de réflexion et tout simplement de veuvage, qui lui imposa de prendre ses distances avec le cinéma.

Son déménagement à New-York fut célébré par une pièce, "Goodbye Charlie" du alors très célèbre dramaturge  George Axelrod, auteur en 1952 de "7 ans de réflexion" qui deviendra le film que l'on sait avec Marilyn. Axelrod était l'auteur de comédies à succès, il avait lancé Jayne Mansfield dans sa pièce "La blonde explosive" et sera responsable, au début des années 60, du scénario de "Diamants sur canapé".





















"Goodbye Charlie", qui tiendra l'affiche une saison, prouva que Lauren Bacall était bien une extraordinaire interprète de comédie. Et c'est à ce titre qu'on lui confia le rôle principal de l'adaptation d'une pièce qui faisait rire Paris depuis deux ans : "Fleur de cactus", crée en 1964 avec Sophie Desmarest. La pièce de Barillet et Gredy, dans sa version américaine et avec Lauren Bacall tiendra l'affiche 3 ans et vaudra à son interprète la couverture du Time magazine.





















Autant dire que lorsque se présenta "Applause" en 1970, Lauren Bacall n'avait plus vraiment de preuve à fournir quant à sa crédibilité à tenir un rôle sur scène. Il lui restait cependant à montrer qu'elle savait chanter et danser


Si les entrechats piqués et les arabesques de Lauren, que l'on peut admirer dans cette rarissime version produite pour la télévision de la pièce et qui permit au téléspectateurs américains de pénétrer pour la première fois dans un bar gay, sont un peu hésitants, la voix est, elle, parfaitement ce que l'on attend de cette grande fumeuse, qui dès le début de sa carrière se fit remarquer, entre autre, pour son timbre rauque.

Et puis on oublie parfois que sa première apparition au cinéma se fit pratiquement en musique. Dans "Le port de l'angoisse" en 1944, Lauren Bacall, jusqu'alors mannequin, joue, fume, regarde par en-dessous, apprend à Bogart à siffler et elle chante... d'une voix inimitable.



Dès le début de sa carrière, Lauren Bacall avait donc tous les talents ? Magnétique, intense, photogénique et douce à entendre ? Si l'on veut. Car si on en croit la légende, Lauren était effectivement douée pour presque tout, à l'exception de la chansonnette qui devait dans le film, être absolument inoubliable.

Alors que nous reviendrons dans quelques dimanches sur le tournage de "To have or to have not", lançons sans hésiter ce qui est l'une des plus belles légendes du cinéma : ce n'est pas Lauren qui chante dans "Le port de l'angoisse" mais Andy Williams, alors âgé de 17 ans.

Le petit Andy est le deuxième en partant de la droite... 


Le petit Andy est toujours le deuxième en partant de la droite. 



































Pour tout ceux qui ignoraient cette légende et seraient donc littéralement tombés de leur chaise en nous lisant, oui, il est de notoriété publique et bel et bien écrit un peu partout qu'on demanda au jeune Andy Williams, alors membre avec ses trois frères des Williams Brothers et qui accompagnera pendant 3 ans Kay Thompson dans son tour de chant, de doubler Lauren dans " How little we know".

Ce qui est certain, car confirmé par le défunt Andy et évoqué par Lauren dans son autobiographie "By Myself", c'est qu'un certain nombre de voix fut essayé afin de remplacer celle de Bacall jugée trop juste, qu'un petit nombre enregistra le morceau et que finalement, Howard Hawks décida de conserver celle de Lauren, peut-être légèrement aidée dans les notes aiguës par le playback d'Andy mais rien n'est moins sûr.  En revanche, personne ne revendiqua la paternité de la voix qui chante "And her tears flowed like one" dans "Le grand sommeil" en 1946. Il s'agit pourtant de la même. 


Cette histoire serait extraordinaire, non seulement si elle était vraie mais surtout si Lauren était un cas unique : une chanteuse très moyenne faisant néanmoins carrière ? Non, à la réflexion, cela ne s'est jamais vu. Et ne comptez pas sur nous pour donner des noms.

Contentons-nous d'ajouter qu'en 1980, Lauren Bacall remporta son deuxième Tony award pour une comédie musicale. Ce fut pour "Woman of the year" et deux Tony, cela fait d'elle l'égale de Liza Minnelli, Bernadette Peters ou Chita Rivera. Pas mal pour une casserole. Très suave, même, pour une casserole. 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Peut-on dire que Charlotte Rampling est la Lauren Bacall du pauvre ?

soyons-suave a dit…

Lauren Bacall ayant été à ses débuts une sous Veronica Lake, nous imaginons que nous sommes tous des copies et dans le cas mentionné, heureux soient les pauvres :)

Anonyme a dit…

nous sommes tous une copie légèrement moins fidèle de ce que nous étions la veille