Vous n'êtes pas sans avoir remarqué, suaves visiteurs avisés que vous êtes, que depuis quelques temps, le trophée fait un retour en force, quant il y a peu encore, on le regardait avec mépris et le condamnait irrémédiablement aux mites.
Les esprits vifs, qui eurent la bonne idée de les collectionner pour une bouchée de pain ou les subtiliser, lors de la succession du vieil oncle qui aimait de temps à autre tirer un chevreuil entre amis, se frottent évidemment les mains. Ont-il cependant raison de se réjouir ? Pas du tout : car ce n'est pas le trophée de chasse qui fait un come-back inespéré mais le trophée tout court ce qui n'est absolument pas la même chose.
Historiquement, un trophée désignait une riante cérémonie au cours de laquelle on présentait en public des petits riens pris au cours d'une victoire sur des ennemis : des objets précieux, des armes, des soldats morts. Accrocher au mur du salon la tête du cervidé abattu à l'aube derrière un chêne est finalement un lointain héritage des Navajos ou de la mystérieuse civilisation Nazca dont il ne reste que d'incompréhensibles signes et des têtes réduites.
Le trophée est donc intrinsèquement un peu barbare, un peu primitif dirons-nous et nous sommes surpris, même si on délaisse sangliers et marcassins, que ce retour en grâce n'ait consisté qu'à en changer la matière mais pas le message. Qu'il soit en Lego, en carton, en fourrure, en adhésifs ridicules ou en n'importe quoi qui traînait, le trophée qu'on s'arrache aujourd'hui évoque toujours le retour de chasse.
Ce n'est évidemment que notre point de vue mais est-il suave d'accrocher, avec une cheville, c'est plus prudent, des bois de cerfs ou d'orignal si vous êtes de Chicoutimi : pas vraiment. Est-il amusant de posséder cependant un trophée chez soi : bien sûr, à condition de savoir le choisir ce qui est plus aisé qu'on ne pense.
Le maître-mot qui doit guider vos pas est "Je n'aurais pas pu le descendre moi-même", et cela, même si c'est intérieurement votre voeux le plus cher. Illustrations au hasard :
Même s'il est disposé sur un magnifique socle en bois travaillé, vos invités sauront que vous n'avez pas, d'un balle en plein organe vital mais pas la tête, surtout pas la tête, mis brutalement fin à l'existence d'Hello Kitty, du Troll ou du vélociraptor qui domine la méridienne... et ne parlons pas de Paris Hilton.
Notre préféré est sans doute celui qui suit et que nous adorerions d'accrocher à la réception de Soyons-Suave, mais qui nous séduit, si nous sommes honnêtes, pas tant comme trophée que parce que croiser une pieuvre rose fait partie de nos rêves les plus fous.
Terminons en ajoutant qu'il est possible de se procurer un trophée occasionnel. On peut en effet avoir un jour envie de coller un animal au mur sans pour autant s'engager outre mesure. N'oublions pas qu'un trophée peut coûter cher. L'hélium est une solution intéressante.
Reste à savoir si Pelote sera d'accord.
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