jeudi 9 juin 2011

La question du jour : peut-on être suave sans connaître Monique Van Vooren ?



Bien avant "The Muscles from Brussel" c'est à dire Jean-Claude Van Damme, Hollywood avait déjà pu expérimenter les jeux de mots avec la capitale de la Belgique en accueillant dans les années 50 "The Bombshell from Brussel", Monique Van Vooren, notre héroïne du jour. Sachant que certaines voix s'élèvent déjà et demandent en substance : "Qui ?", la question du jour est d'autant plus pertinente et espérons qu'à la fin de votre lecture, vous comprendrez combien votre existence était moins suave avant Monique.

Reconnaissons que nous-mêmes n'étions pas à proprement parler des Vanvoorenophiles jusqu'à ce que Monique ne croise notre chemin de trois façons inoubliables : en inspirant à Robert McGinnis une de ses célèbres pin-up, en posant avec Woody Allen pour la vodka Smirnoff et en vantant les avantages innombrables du port de la perruque dans une série de clichés devenue depuis immortelle.



L'équipe de Soyons-Suave n'étant pas naïve, nous en avons rapidement déduit qu'on ne devenait pas du jour au lendemain porte drapeau d'un alcool de grains et qu'on ne confiait pas à n'importe qui une ligne complète de compléments capillaires. Qui était donc cette femme ?

Monique Van Vooren est née à Bruxelles en 1925 et très vite attirée par les arts, s'est naturellement tournée vers le cinéma qu'elle partit pratiquer en Italie où une blonde de grande taille est toujours appréciée. Après un détour par la France où elle joue face à Eddy Constantine, elle embarque pour Hollywood où l'attend le rôle de ses rêves : la diablesse de "Tarzan et la diablesse". Le roi de la Jungle n'est que Lex Barker, Raymond Burr cabotine suffisamment pour éclipser le reste du casting, peu importe, Monique est à LA.


Il fallait beaucoup de confiance en soi ou une grande dose de naïveté pour imaginer qu'il y avait de la place dans le créneau des blondes physiques dans la deuxième moitié des années 50. Apparaissant fugacement dans un Dean Martin et encore plus rapidement dans "Gigi", Monique comprend qu'elle ne sera jamais une menace pour Jayne, Mamie ou Sheree, et encore moins pour Marilyn. Mais ce n'est pas là une raison pour se décourager.

Monique est pugnace : on ne veut pas d'elle au cinéma, elle sera partout ailleurs. Commence donc une lente et minutieuse invasion de la télévision et du circuit des night-clubs. Car Monique chante et il n'y a pas tant de blondes platines que ça à Las Vegas et Palm Beach. Il faudra une dizaine d'années pour que Monique perfectionne le personnage qui va désormais la définir : une créature spectaculaire, jamais sans bijoux ni fourrure, très avide de célébrité et ne s'en cachant pas et surtout cultivée et préférant la jet-set aux gloires hollywoodiennes. Elle ne le sait pas mais le meilleur reste à venir.


Alors que cela fait presque 20 ans que Monique fait absolument tout ce qu'il est humainement possible pour rester dans la lumière, les années 70 vont enfin lui offrir ce qui lui manque pour ne plus être qu'une blonde de plus : Andy Warhol. La rencontre se fait par l'intermédiaire de Noureev qui va pendant de longues années habiter chez Monique (qui a entre temps épousé un riche industriel et possède un penthouse à Manhattan) à chacune de ses visites à NY.

Monique est toujours spectaculaire, sa dévorante envie d'être célèbre ne peut que séduire Warhol, elle intègre la clique du Studio 54 et une nouvelle vie commence. Monique est désormais pop et in, on la voit donc en polaroid, avec Diane de Furstenberg et toujours à la pointe de la mode.



C'est ainsi que Monique Van Vooren va se retrouver dans le film qui résume à lui seul sa carrière : "Chair pour Frankenstein" de Morrisey, aux côtés de Joe Dallesandro, qui lui administre l'une des plus belles gifles underground du cinéma. Attention impact dans une minute :


Mise à part une apparition dans "Wall street " d'Oliver Stone en 1987, Monique est absente des écrans mais toujours bien vivante sur les scènes des cabarets où elle promène, les mauvaises langues disent le même spectacle, depuis presque 30 ans. Elle est un peu différente physiquement aujourd'hui de ce qu'elle fut et l'âge n'y est pour rien : Monique n'a pas su résister aux petits ajustements chirurgicaux qui prennent de plus en plus d'ampleur à mesure que les anniversaires défilent. Mais elle est toujours là, à 86 ans, enfin pour être exact, elle est là où on l'invite ce qui n'est déjà pas si mal.

Finalement, Monique Van Vooren rend l'existence plus suave car au milieu de tant de destins brisés et de vies détruites par l'appel de la célébrités, elle prouve qu'on peut survivre à tout, avec un panache (qui ne déplairait pas à sa compatriote Mlle Valentine De Luxe) qui force l'admiration. Existe-t-il une seule chose que Monique ne fit pas pour qu'on parle d'elle ? Cela peut sans doute se trouver.

Mais rayons de la liste l’immanquable livre de recettes auquel toute célébrité qui se respecte doit se prêter. Le sien résume tout : il emprunte son titre à "The happy Hooker", biographie de Xaviera Hollander, célèbre proxénète et call-girl hollandaise et on y trouve la recette du Poulet farci à la marijuana, qui faillit la mener en prison. Des amis à dîner ?



Rendons-nous à l'évidence avant qu'elle ne nous quitte : Monique Von Vooren est suave !

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