lundi 26 mars 2012

La fin du Quizz de Dsata.


Ce n'est pas faute de vous avoir prévenu : il ne faut pas défier Claire, notre Maharanée, sur certains sujets et le Quizz peut alors se métamorphoser en sprint. Evidemment les choses sont plus simples pour nous puisque nous tenons sur chaque participant des fiches très détaillées. Celle de Claire précise qu'elle peut reconnaître Ginger Rogers de dos, qu'un étrange trouble hormonal lui permet d'identifier Marlon Brando dans le noir et qu'enfin, même une conjonctivite ne l'empêchera pas de rendre à "Elle et lui" de Leo McCarey la moindre capture d'écran.

10 secondes, c'est donc ce qui lui fallut pour rendre à Deborah Kerr son identité, battant au passage le record de rapidité pour un Quizz tout en se faisant suavement détester par l'ensemble de ses adversaires moins rapides. Claire : que dire ? Que vous savez ce que nous pensons mais que nous savons aussi votre tristesse. Gagnante, vous ne pourrez participer au Quizz de ce soir. Oui ! La vie est parfois cruelle.


"Elle et lui" alias "An affair to remember" est le type même de film que vous pouvez, soit n'avoir jamais vu, soit posséder en de multiples exemplaires dans votre dvdthèque au cas où. Remake par Leo McCarey de son propre film, "Love affair" avec Charles Boyer et Irene Dunne, il fit beaucoup pour la carrière de ses deux interprètes principaux et pour les rendez-vous à 17h au sommet de l'Empire State Building.

Si le fait d'incarner une femme condamnée à rester dans un fauteuil roulant ne dut pas poser de problème dramatique à Deborah Kerr (quand on a déjà été, entre autre, d'aussi divers personnages qu'une mère supérieure himalayenne ou une chrétienne des premiers temps), il est plus étonnant de la retrouver dans le rôle d'une chanteuse de cabaret puisque ce n'est aujourd'hui un mystère pour personne : elle chantait comme une casserole, britannique, certes, mais une casserole tout de même.


Les plus attentifs d'entre vous rétorqueront alors en quatre mots : "The king and I". Et ils auront raison. L'année précédent "Elle et lui", Deborah avait été Anna dans l'adaptation par la Fox du triomphe musical de Rodgers et Hammerstein du même nom. Elle pouvait donc triompher dans un musical sans savoir chanter ? Bien sûr, puisqu'elle était intégralement doublée.


Née en 1930, Marni Nixon a inscrit son nom et sa voix dans l'Histoire à défaut d'y laisser son visage puisqu'elle fut l'une des plus célèbres et des plus demandées des doublures vocales de l'âge d'or hollywoodien. Au départ comédienne, c'est après avoir poussé la chansonnette à la place de l'insupportable Margaret O'Brien et avoir été la voix angélique qu'entend Ingrid Bergman dans "Jeanne d'Arc" que le dépannage devint une activité à part entière.

Que faisait-on lorsqu'on avait sous contrat une actrice populaire, à la voix de crécelle mais qui serait formidable dans un film musical ? On engageait Marni Nixon, parfois même sans prévenir l'intéressée. Marni chanta donc pour Deborah Kerr, dans "Elle et lui" et "Le roi et moi" mais également Audrey Hepburn dans "My Fair Lady", Natalie Wood dans "West Side Story" et assura les plus hautes notes de Marilyn dans "Diamond's are a girl's best friend".




Si Marni Nixon fut loin d'être la seule à exercer cette ingrate profession, et nous reviendrons très prochainement sur ces chanteuses de l'ombre qui n'apparaissaient jamais au générique, elle fut la première à réaliser la part qu'elle jouait parfois dans le succès d'un film et d'une bande originale et demanda logiquement des droits d'auteur après sa prestation dans "West Side Story". Refusée par les producteurs, sa demande légitime fut cependant compensée par l'acte généreux de Bernstein lui-même, qui lui rétribua une partie de ses royalties.

Agée aujourd'hui de 82 ans, après une autobiographie et un one woman show dans lesquels elle revenait sur ses années passées dans l'ombre, Marni Nixon, un temps le secret le mieux gardé d'Hollywood, peut contempler avec satisfaction l'autre carrière qu'elle effectua sur les planches, comme soliste sous la baguette de Pierre Boulez ou Stravinsky.


Vous avez cependant pu l'apercevoir si vous êtes attentifs dans l'une de ses rares apparitions à l'écran, dans le rôle de soeur Sophia dans "La mélodie du bonheur", qui lui permit de croiser celle qui devait la détester (n'avait-elle pas permis à Audrey Hepburn de voler à Julie Andrews "My fair lady" ?) et qui pourtant se révéla à son égard d'une gentillesse extrême... On ne fait plus de créature comme Mary Poppins.

Marni Nixon, qui eut trois enfants, est pour finir la mère de Andrew Gold, qui fit également une carrière de chanteur et composa ce qui allait devenir le générique que connaissent toutes les personnes suaves qui se respectent : celui du feuilleton "The Golden Girls" que, d'ailleurs, nous allons tous chanter en choeur :



Suave conclusion à la suave victoire de Claire : gageons que Marilyn, Audrey, Deborah et Natalie chantent, elles-aussi à Marni "Thank you for being a friend". C'est la moindre des choses.

2 commentaires:

Claire a dit…

Merci d'avoir rendu justice à Marni Nixon(je la guetterai la prochaine fois que je regarderai The Sound of music, ce qui ne saurait tarder car ça fait bien un an que je ne l'ai visionné !)

Et vous avez vu juste, cher ami, je suis bien triste de ne pouvoir jouer ce soir...

Anonyme a dit…

je n'ai pas vu le film "an affair to remember". J'essaie d'imaginer Deborah Kerr et Gary Grant faisant l'amour. Deborah est-elle à quatre pattes et gary derrière elle ? Ou au contraire font-ils l'amour à la missionnaire, face à face ?