Mon dieu que cela fut difficile et combien vous avez dû haïr Valentine, qui l'a un peu cherché mais bien sûr pas mérité. Ce n'est qu'au quatrième indice qu'enfin la frêle silhouette retrouva son nom. Il s'agissait bien de Marie-France Pisier dans "The other side of midnight", fantaisie absolument nécessaire sortie en 77 et disparue presque aussitôt.
Les félicitations du lundi vont à notre collègue Roijoyeux qui sut être à l’affût et rapide et dont c'est, nous semble-t-il, la première victoire. Nous sommes donc en présence d'un moment émotion. Mais distinguons également Cécile qui compléta suavement la réponse et Bruno qui nous évite de décoder les indices. Beau travail, beau Quizz, belle victoire.
Pour comprendre "De l'autre côté de minuit", il faut sans conteste se replacer en 1977, période trouble où on pleurait encore le décès de Jacqueline Susann et on n'avait pas encore imaginé à quel point il serait lucratif d'adapter en mini-série pour la télévision les romans de Judith Krantz ou Danielle Steel.
Exactement situé entre "Une fois ne suffit pas" et "Scrupules", "The other side of midnight", d'après l'oeuvre immortelle de Sidney Sheldon (qui ne s'envisage qu'en édition où son nom apparaît en relief et doré) avait tout pour faire un 3 fois 90 minutes luxueux diffusé en prime time sur CBS... si on l'avait envisagé en 1980. En 1977, cela donna un 165 (!!!) minutes hors de prix qui fit beaucoup pleurer la Fox.
Le générique de "De l'autre côté de minuit" est pourtant une hallucination cinéphilique puisqu'on y retrouve, non seulement Marie-France Pisier, Susan Saradon ou Raf Vallone (dans l'un de ses rôles d'armateur grec Onassien qu'il va disputer à Anthony Quinn au cours des années 80) mais également Michel Legrand à la musique, Irene Sharaff aux costumes et John DeCuir (Cléopâtre) à la direction artistique. Cela ressemble à un dernier sursaut du Hollywood de l'âge d'or, un plateau géant de backgammon avec dès en mousse en plus.
L'un des objectifs du film était surtout de lancer la carrière de Marie-France Pisier aux Etats-Unis, qui l'avaient découverte dans "Cousin cousine", Oscar du meilleur film étranger et qu'on envisageait beaucoup plus facilement nue que Marie-Christine Barrault. Nue, Marie-France l'est souvent dans "The other side of midnight", elle est surtout d'une beauté absolument renversante.
Nous ne publierons pas ici de capture de la scène choc du film, au cours de laquelle Marie-France pratique sur elle-même un avortement à l'aide d'un cintre en fer, ce qui poussa très justement Valentine à s'interroger sur la récurrence de ce même objet dans les films suaves, "Maman très chère" en tête de liste.
Une anecdote pour finir : la Fox sortit en même temps un film presque expérimental de science fiction intitulé "Star Wars" dans lequel elle était persuadée de perdre beaucoup d'argent. Elle obligea donc les exploitants intéressés par "The other side of midnight" à prendre également "La guerre des étoiles". Nous savons aujourd'hui qu'on ne lutte pas contre le pouvoir de la Force.
4 commentaires:
"John DeCuir" ? Pas mal, mais Randy LaFollette reste mon nom préféré dans un générique.
Merci pour ce billet très complet (et pour les photos) sur ce film que Marie-France Pisier avait eu beaucoup de plaisir à tourner, en pensant à Linda Darnell, à Gene Tierney ou à Arlene Dahl qu'elle admirait. La cinéphile qu'elle était s'était régalée, et beaucoup amusée. Et elle put s'offrir un très bel et vaste appartement rue Servandoni à Paris, ouvrant sur le jardin du Luxembourg, grâce au cachet mirobolant qu'Hollywood lui offrit alors.
une actrice qui avait un très grand sens comique, ce qui est plutôt rare chez les femmes. Elle était hilarante dans le film "la patinoire" de Jean-Philippe Toussaint
Merci à vous pour ces précisions Bruno. Et cher(e) Anonyme, Kay Kendall, Eve Arden, Rosalind Russell, Lucille Ball, Martha Raye, Virginia O'Brien, Madeline Kahn, Irene Dunne, Carole Lombard, pour ne citer que les premières qui nous viennent en tête, sont tellement d'accord avec vous :)
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