Il fallait s'y attendre : nous ne pouvions pas rester très longtemps sans revenir à l'une de nos obsessions préférées, la compilation monomaniaque. Nous sommes conscients du fait qu'un même air, entonné plus de cinq fois à la suite, même par des interprètes différents, peut éventuellement pousser à des gestes que l'on peut regretter. Mais nous faisons confiance à votre ineffable sérénité pour savoir résister à la tentation de l'homicide.
Un peu déconcerté par la baisse du niveau de suavitude des commentaires dernièrement sur nos pages, nous avons un peu bêtement eu soudain envie d'amour, parce qu'honnêtement, nous pensons que c'est exactement ce dont le monde a besoin maintenant... de l'amour, du doux amour.
En 1965, Burt Bacharach et Hal David composaient un hymne à l'amour universel qui fut proposé à Dionne Warwick qui avait visiblement en tête d'autres priorités. Dionne déclina poliment (ou pas d'ailleurs). Privés de leur voix officielle, les dualistes de la pop proposèrent donc la chose à la jeune Jackie deShannon, par ailleurs auteur-compositeur, mais qui sentit qu'elle y perdrait beaucoup à dire également non.
Enregistré rapidement et sorti dans la semaine qui suivit, "What the world needs now is love" grimpa à la septième place des hit-parade. C'est encore aujourd'hui le plus gros tube de Jackie, par ailleurs auteur du tubesque "Bette Davis eyes" dont nous avons déjà parlé ici même.
A ce jour, "What the world needs now is love" a été enregistré par plus d'une centaine d'artistes, a décoré de façon sonore des dizaines de génériques pour la télévision et la radio et a connu le succès dans les charts country comme exotiques.
Car c'est aussi cela, le génie de Burt et Hal, être capable d'écrire des chansons tout terrain, se prêtant à toutes les adaptations et tous les massacres. "What the world needs now" est sans doute la chanson la plus loupée des Supremes. C'est aussi l'une des dernières chantées à la télévision par Judy Garland. Ahhh, Judy... et pourtant nous t'aimons, tu sais...
Parce que justement tout le monde ou presque a enregistré cet appel à la communion, nous avons choisi de faire pour une fois l'impasse sur les figures attendues. Point de Sammy Davis, de Jack Jones, de Tony Bennett ou de Sarah Vaughan, pas l'ombre d'un chanteur d'Anita Kerr ou de Ray Conniff. Même pas un Franck Pourcel, c'est dire combien nous avons lutté contre nos penchants naturels.
Par contre, savourons la joie de découvrir que "What the world needs now" fut le titre du dernier album enregistré par Mahalia Jackson et du premier gravé par Michele Lee/Karen McKenzie/Côte Ouest. Mais également que la chanson se prête fort bien à l'orgue Hammond et à l'orchestre philarmonique de Boston. Etonnons-nous enfin qu'il y ait un nouvel album de Rick Ashley et que personne ne nous ait prévenu. Rick, nous ne te laisserons jamais tomber.
Embrassons-nous, serrons-nous, aimons-nous. Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle montagne. Nous n'avons que faire d'un nouveau champ. L'amour par contre... il y en a si peu... et selon les pistes de lecture suivante :
1. Jackie deShannon
2. Diana Ross and the Supremes
3. Enoch Light
4. Jane Morgan
5. Les Surfs (en espagnol)
6. Sergio Mendes
7. Stanley Turrentine
8. The Sweet Inspirations
9. Mahalia Jackson
10. Klaus Wunderlich
11. Judy Garland
12. Rick Astley
13. Michele Lee
14. The Boston Pops
15. Jo Stafford
16. Dionne Warwick and the Hip Hop Nation
Et pour télécharger tout cela au format zip, vous savez comment faire.
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