Au 757 Kingman Avenue de Santa Monica se trouve une charmante demeure, aujourd'hui fermée d'un portail mais autrefois ouverte sur la rue et qui fut en 1931 le très suave cadeau de mariage de Cedric Gibbons à Dolores Del Rio. Directeur artistique de la MGM de 1924 à 1956, Cedric Gibbons, 11 oscars, designer de la dite-statuette, est un nom que personne n'a pu louper sur les génériques des films de la firme au lion puisque par contrat, il devait y figurer comme responsable de la direction artistique, qu'il y ait travaillé ou non. Voilà pourquoi ses crédits sont impressionnants : 1500 films au bas mot, 150 réellement, pense-t-on. Mais c'est déjà un bel effort.
Personne en tout cas ne peut lui renier la paternité de la maison Art Deco ou Art Nouveau dont il entama la construction dès son mariage avec l'actrice mexicaine, surnommée "la femme plus belle qu'une orchidée" en raison de son supposé régime alimentaire composé uniquement de pétales de fleurs (devinez lesquelles) et de 16 heures de sommeil. Epouser une si belle créature, que même Marlene Dietrich vénérait et qui inspira Joan Crawford est forcément flatteur mais cela exige également des devoirs : la maison qu'il conçut ne pouvait que lui rendre hommage. Elle serait donc blanche, pour évoquer sa pureté, couverte de miroirs ou toute autre surface réfléchissante, pour renvoyer son image et toute en angles : Dolores Del Rio incarnant les seules courbes admises en ce lieu.
Un soin particulier fut apporté aux pièces de réceptions qui devinrent rapidement le rendez-vous du tout Hollywood et permirent à Dolores, lorsque l'arrivée du parlant fit chanceler sa carrière, de passer aisément de star des plateaux à star de la vie mondaine. Cedric connaissant sa femme, et les actrices, il prit soin de placer au centre du salon un escalier monumental, permettant à Dolores de faire les plus suaves entrées lors des dîners. Mais c'est aux détails que l'on reconnait l'homme amoureux. Le boudoir et la salle de bain de l'actrice furent ornés de prises de courant recouvertes de miroirs et fixées par des vis en forme d'étoiles. Comme on peut le lire dans certains magazine de décoration : n'est-ce pas là l'idée à reprendre ? Si vous trouvez des vis en forme d'étoiles...
Construite comme un blockhaus vue de la rue et entièrement ouverte sur l'arrière, la résidence Gibbons permettait un parfait anonymat en même temps qu'une vie en plein air. Le couple y passa dix années d'un bonheur sans tâche, jusqu'à ce que Dolores rencontre Orson Welles et divorce. Gibbons dans le mois qui suivra sa séparation, épousera l'actrice Hazel brooks et vendra la maison à Van Johnson, qui peu séduit par son style dépouillé, en fera une fantaisie hawaïenne.
Dans les années 80, la maison sera rachetée, rénovée puis revendue au producteur Joe Roth qui l'occupe encore aujourd'hui. Directeur de sa propre société, Roth s'occupa pendant 10 ans des studios Walt Disney. La vie étant étrange et paradoxale, il peut donc se targuer d'avoir été, indirectement, l'homme le plus oscarisé de Los Angeles, l'oncle Walt étant le seul à avoir remporté plus de statuettes que Cedric Gibbons. Et si ça, ce n'est pas Hollywood...
3 commentaires:
Waouhhhhhhh... Je m'y verrais bien ! Magnifiquement suave, je dirais même plus, parfaitement suave...
Gaëlle, nous nous engageons à vous contacter dès que cette maison est de nouveau sur le marché.
Maison que l'on peut voir dans le magnifique film "to live and die in LA" de William Friedkin. (Police fédérale Los Angeles en français)
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