"Mais c'est Doris Day !" s'est écrié l'Anonyme (mais est-ce toujours le même ?), laissant visiblement et par la même occasion tout le monde sans voix. Ce cri du coeur fut également un éclair de lucidité puisque notre mystérieuse femme grimée n'était effectivement autre que Doris von Kappelhoff, qui fêtera dans quelques jours son 86ème anniversaire. L'Anonyme (mais est-ce toujours le même ?) voit donc cette semaine son nom en noir sur blanc sur Soyons-Suave. Et à vous tous, suaves visiteurs malchanceux ou pas assez rapides, ne soyez pas amers : la suavitude passe par le partage de la joie.
Il n'était pas si ardu de distinguer sous la suie le rayon de soleil le plus célèbre d'Hollywood diront ses inconditionnels, le bocal de saccharose le plus écoeurant ajouteront les diabétiques. Difficile en effet de ne pas admettre que Doris Day était à l'écran désespérément parfaite et ridiculement optimiste, mais, reconnaissons-lui cela, avec une sincérité jamais démentie. Les mains sur le coeur était donc un indice mais il était loin d'être le seul.
Car l'analyse précise du cliché aurait pu vous faire remarquer d'autres signes distinctifs de miss Day : des jambes interminables et fuselées acquises par des années de danse dans sa jeunesse, une taille parfaite due à une alimentation saine et la pratique du sport et enfin une poitrine de compétition, qui donnait à ses directeurs photos l'envie de systématiquement la prendre de profil. Doris Day était une voix, c'était aussi un corps.
Cela n'échappa pas à certains, Oscar Levant proclama qu'elle possédait le "plus beau cul" d'Hollywood et Frank Sinatra en fit un portrait sans appel : "une bombe atomique déguisée en vierge". Ceux qui finalement en profitèrent le plus furent les stylistes des studios qui ne tardèrent pas à lui façonner une garde-robe ad hoc et signalons au pasage que cette locution latine fait aujourd'hui son entrée sur Soyons-Suave.
Ce qu'il y a de suave avec Doris Day est qu'elle assuma jusqu'aux tailleurs les plus ceintrés et les couleurs les plus improbables. L'imprimé dalmatien ne l'effraya pas plus que le corsaire rose ou twin-set jaune citron. On prit même vite l'habitude de coordonner les plateaux à ses tenues, ce qui est, admettons-le, le comble du chic et en fait une invitée permanente de notre série "A la découverte de la gamme chromatique".
Ne soyez pas inquiets qu'on parle d'elle au passé. Invisible depuis des années, personne ne sait vraiment de quoi la penderie de Doris Day est faite ces jours-ci et nous supposons que les vêtements de confort ont du remplacer les tenues ajustées. Mais rien ne nous empêche de rêver d'un jogging turquoise ou d'une polaire magenta... Totalement dévouée à la cause animale depuis les années 60, Doris Day ne recevra pas de fleurs de notre part le 3 avril prochain mais c'est avec une joie immense que nous lui ferons parvenir, en votre nom à tous, quelques boulettes au boeuf et un peu de pâté au saumon.
2 commentaires:
Désespérément prend un troisième accent aigu.
Mieux vaut "ridiculement" que passer "ridiculeusement" pour ridicule.
Tout le monde se tromper... et se retromper.
Randolph
Randolph, grâce à vous notre passé sera plus pur.
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