mercredi 5 juin 2019

La question suave du jour : peut-on se contenter d'un dessin à défaut d'une robe ?


































Vous l'ignorez sans doute (quoi que finalement cela n'est pas certain et peut-être même l'avez-vous célébré dès le réveil...) mais nous fêtons aujourd'hui le 117e anniversaire de Walter Plunkett, décédé cependant en 1982, l'homme auquel les rideaux ne disent pas merci, en tout cas s'ils souhaitaient rester des rideaux.

Car l'esquisse ci-dessus ne trompe pas : Walter est bien l'homme derrière l'iconique robe de Scarlett O'Hara dans "Autant en emporte le vent", ainsi que plus de 5000 pièces de vêtements portées par l'ensemble du casting du même film. Mais ce n'est pas là son seul fait de gloire puisqu'en 40 ans d'activité, il fut responsable des costumes de plus de 150 films. Ce qu'on appelle donc une bien belle carrière. 



































Oui, le vert est moins vert mais c'est bien la même robe, et son prix, si elle était à vendre, est à priori inestimable, si on en croit les records battus lors de la dernière vente "Gone with the wind" en 2015 au cours de laquelle le chapeau de paille XXL porté par Scarlett lors du barbecue dont elle est la reine, s'envola pour 52 000 dollars, et le ruban vert qui l'accompagne pour 3 000. Quant on aurait pu l'offrir en cadeau bonus...

Cependant, et pour revenir à Walter, il est impossible de savoir combien de tenues il dessina au cours de la carrière mais on peut s'étonner de sa célébrité relative, si on le compare à d'autres designers de la même période : Adrian, Jean-Louis, Irene, Helen Rose, Travilla et bien entendu Edith Head, considérés pour certains comme de véritables divinités. 



































La raison en est toute bête : quand Edith Head par exemple créait des garde-robes contemporaines que toutes les femmes rêvaient de posséder, Walter se spécialisait dans les films historiques et devenait le roi des tenues d'époque. Et si encore aujourd'hui on s'émeut devant les tenues portées par Lana Turner dans "Diana de Poitiers" ou celles de Jennifer Jones dans "Madame Bovary", on est bien obligé de reconnaître que ce n'est pas idéal pour se rendre chez Franprix.  

Evidemment, en 40 ans, Walter ne fit pas que des crinolines et ne travailla pas que le damassé renaissance. Lui aussi donna dans l'air du temps, s'attaqua à des sujets modernes, dessina des tailleurs et des robes du soir. Il fit beaucoup de costumes pour Gregory Peck et parodia les années 20 dans "Chantons sous la pluie". Mais il lui fut difficile de se débarrasser de cette touche "costume" ou "déguisement", ce qui n'est en rien une insulte, sous nos doigts en tout cas.  








































Parfois à vendre, les dessins préparatoires de Walter sont accessibles à partir de 800 euros, ce qui est bien entendu une somme mais en rien comparable aux centaines de milliers de billets que vous débourseriez pour une création de fil et de coton. Ou de satin. 

Donc nous pouvons répondre que dans ce cas, on peut se contenter d'un dessin à défaut d'une robe, qui a de plus de grandes chances d'appartenir à l'Histoire du Cinéma. 

Un dessin en particulier nous plait beaucoup, celui que Walter utilisa comme carte de vœux en 1942 à destination de ses amis sans "e", capable de comprendre l'imagerie de ce qui était en plus un autoportrait. Sublimé ? Sans doute. Mais tellement suave. Walter ! Petit coquin ! 






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