lundi 28 janvier 2019

La fin du Quizz de Mirabelle.


































Vous ne pouvez pas savoir à quel point nous sommes heureux que le Quizz de lundi dernier soit tombé, qui est plus au bout d'une trentaine de minutes ce qui permit au caniche que nous promettions de dévorer d'avoir la vie sauve. Et nous sommes ravis qu'on se souvienne encore un peu de Marie-Claire Olivia, momentanément sous les feux de l'actualité, certes, sans pour autant qu'on puisse parler de délire médiatique.

Nina étant comme souvent fort joueuse, elle comprendra notre envie de couronner deux gagnantes, elle-même, bien entendu et Chipie IV, qui saluera de notre part les trois premières du nom. Et puis il est savoureux de célébrer un duo de pourfendeuses de photos mystères. Les femmes sont à l'honneur aujourd'hui. Voilà pourquoi vous remportez l'intégrale des oeuvres de Françoise Mallet-Joris et une photo dédicacée de Gertrude Stein. 



































Il va falloir que nous restions concentrés car nous sentons que ce billet pourrait nous emmener très loin et potentiellement nous occuper toute la journée, tant notre invitée, Marie-Claire Olivia et le film dont est tiré la capture mystérieuse, "Olivia" de Jacqueline Audry, ouvrent de multiples perspectives. Soyons donc organisés et proposons un développement en trois point : Marie-Claire Olivia, Dorothy Bussy et Jacqueline Audry. 

Le premier point va aller assez vite : née en Suisse, Marie-Claire Olivia tournera trois films entre 1951 et 1952 et disparaîtra littéralement dans la nature. Il semblerait que sa courte carrière ait été poussée par un producteur suisse qui ne lui voulait que du bien mais dut reconnaître le talent relatif de la jeune comédienne dont les rumeurs prétendent que sur le tournage d'"Olivia", elle était surnommée "Olida". 




































Elle était en tout cas l'actrice au patronyme tout indiqué pour incarner la jeune Olivia dans "Olivia", adapté du roman de Dorothy Bussy qui parut en 1948 signé "Olivia", avant que le nom de son auteure ne soit finalement dévoilé. 

Dorothy Bussy mériterait aisément un biopic, en raison de son existence très anticonformiste et du name-dropping qu'il entraînerait : soeur de l'écrivain Lytton Strachey (qui inspira le charmant "Carrington" à Christopher Hampton en 1995), elle était l'amie intime de Gide et du fiancé d'E.M. Foster ("Maurice"). Son seul roman, "Olivia", fut publié par la maison d'édition de Virginia Woolfe et un temps enseignante, elle eut comme élève Eleonor Roosevelt. 

Ce qui nous fascine le plus sont ses années passées en France dans l'institution pour jeunes filles tenue par Marie Souvestre, pionnière du féminisme et de la pédagogie du milieu du XIXe siècle et dont le personnage incarné par Edwige Feuillère dans "Olivia" s'inspire. D'ailleurs voilà les origines d'"Olivia", qui n'est ni plus ni moins qu'une autobiographie déguisée. 





































Film de femmes qui aiment les femmes sorti en 1951, "Olivia" est avant tout une réalisation de Jacqueline Audry, dont on redécouvre qu'elle fut un temps la seule réalisatrice du cinéma français. 

Responsable d'une vingtaine de films entre 1946 et 1973 mais pour l'essentiel tournés dans les années 50, elle manifesta un certain goût pour les amours saphiques ou tout au moins à la marge, en s'intéressant aux adaptations de trois romans de Colette dont "Gigi", à celle de "La garçonne" ou de "Huis-clos" et à une variation autour de l'histoire du Chevalier d'Eon. 

Films au sous-texte résolument lesbien, parfois écrit par sa soeur Colette, amie intime de Simone de Beauvoir, mais jamais revendiqué, les réalisations assez conventionnelles de Jacqueline Audry restent cependant très intrigantes, comme le sont ces clichés, avec caniche, dégageant une grande félicité domestique de la réalisatrice (pourtant mariée au scénariste et journaliste Pierre Laroche) et de l'actrice Gaby Sylvia, qui n'étaient bien entendu que de très bonnes amies. 























Une légende tenace veut que, à l'image de "Femmes" de Cukor, il n'y ait aucun homme dans "Olivia", bien que Philippe Noiret soit mentionné en figurant sur la fiche IMDB du film mais bon courage pour parvenir à le distinguer. 

En fait il y a bien un élément masculin dans ce film, qui vous permettra au passage de recréer chez vous une ambiance bonbonnière lesbienne si vous êtes habile dans la manipulation du chintz et il est même fort poilu. Il fut charmant avec toutes ses partenaires et ravit même Edwige Feuillère qui ne tolérait guère que Jean Marais ou Jean-Claude Pascal à ses côtés. 

Il n'a cependant aucune ligne de dialogue. Jacqueline Audry souffrait peut-être de misandrie, allez savoir. 



3 commentaires:

Nina a dit…

Il est vrai que vivre un amour saphique seulette serait triste :)

soyons-suave a dit…

Tellement triste indeed :)

Chipie IV a dit…

Pas sûre d'être prête, mais bien contente d'avoir trouvé.