Réparons ce weekend une injustice flagrante : la présence fort discrète sur nos pages de Rosemary Clooney, trop souvent mentionnée lors de Noëls blancs et ignorée le reste du temps. Rosemary fut pourtant l'autre blonde chantante des années 50 et 60 avec Doris Day, deux carrières qui auraient pu être parallèles et qui pourtant ne le furent pas, preuve, s'il en est en ce weekend pascal, que les voies du Seigneur sont véritablement impénétrables.
Rosemary Clooney n'eut pourtant pas à rougir de son parcours : des films, des brouettes de tubes, des pelletées d'albums, des émissions de télévision, deux mariages avec José Ferrer, 5 enfants et un neveu célèbre avec lequel elle partagea un épisode d'Urgences qui lui valut un Emmy.
Mais parfois, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Malgré les efforts de la Paramount, sa carrière cinématographique ne décolla jamais. Elle se sentait jazz mais son label, Columbia, tenait à ce qu'elle se cantonne à de la variété qu'elle détestait. On la voulait souriante alors qu'elle était bipolaire : elle disparut pendant 8 ans à la fin des années 60 dans des institutions afin de soigner dépressions et dépendances diverses.
Est-ce parce qu'elle était trop fragile pour tenir seule le devant de la scène ou simplement parce qu'elle aimait être entourée : Rosemary Clooney fut néanmoins l'amie fidèle avec laquelle il était très sympa d'enregistrer un album. Il fut même un temps difficile de la séparer de Bing Crosby, qui lui permit un come-back fracassant dans les années 70. Car l'histoire se termine bien : nous n'allions tout de même laisser la mélancolie s'installer en ce long weekend.
En 1959, Rosemary va bien et elle est au début d'un marathon discographique qui va lui faire enregistrer 9 albums en 6 ans dont 4 en 1960. Alors que ce sont des petites choses italiennes qui lui ont permis de devenir une star du disque ("Botch-a-me" et "Mambo italiano"), elle va s'associer au roi du mambo, Perez Prado lui-même et apporter sa contribution à la folie rythmique qui sévit aux Etats-Unis depuis le milieu des années 50.
Que l'album s'intitule "A touch of tabasco", sauce piquante aussi américaine que Perez Prado est cubain, n'a aucune importance, il est fait pour danser, de façon aussi évidente que les bottes de Nancy Sinatra étaient faites pour marcher. Mambo !
Le comeback de Rosemary Clooney dans les années 70 est exemplaire. Après avoir signé avec le label Concord Jazz, elle put enfin enregistrer ce qui lui tenait à coeur, ce qu'elle fit à raison d'un album par an de 1977 jusqu'à la veille de sa mort en 2002.
Sillonnant les Etats-Unis, elle visita toutes les scènes possibles, parfois seule, parfois accompagnée, comme lors de la mythique tournée des 4 girls 4 dont nous reparlerons et qui l'associa à Margaret Whiting, Rose Marie et Helen O'Connell.
Mais pour le moment, roulons les tapis (ce qui est une expression : avez-vous encore des tapis ?), remplissons des saladiers de tortillas et laissons couler la margarita à flots. Faisons de Pâques une folie mambo, selon la liste de lecture que vous trouverez mentionnée ci-dessus. Tout est formidable mais nous ne lassons pas de "I only have eyes for you" et ses arrêts très coïtus interrompus. Et comme grognerait Perez Prado : "Urgh !".
Et pour télécharger tout cela au format zip, vous savez comment faire.
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