dimanche 13 février 2011

Le petit Panthéon du Rire de Soyons-Suave : Nancy Walker..



Voilà déjà plusieurs semaines que nous souhaitions accueillir dans notre Petit Panthéon l'immense Nancy Walker mais le peu de documents disponibles la concernant nous conseillaient d'attendre sagement. Heureusement, quand Youtube reste muet il y a DailyMotion, et lorsqu'Amazon est désert, il y a toujours le téléchargement sauvage.

Bien que née en 1922, Nancy Walker la comédienne ne verra le jour qu'en 1941, à Broadway, dans la comédie musicale "Best foot forward". Comment arrive-t-elle là à 19 ans ? En suivant une trajectoire judygarlandesque : parents dans le Vaudeville, naissance dans les coulisses d'un théâtre, sur scène en amateur dès 4 ans. C'est donc déjà une vétérante qui se fait remarquer grâce à une chanson, "the Three B's" qu'elle partage avec la débutante June Allyson et c'est d'ailleurs ensemble qu'elles sont signées par la MGM pour l'adaptation clef en main du show qui sortira en 1943 avec Lucille Ball.


Malgré son énergie et son timing comique qui peut évoquer Virginia O'Brien, Nancy Walker n'a pas un physique facile, elle mesure de plus 1m50 et la MGM ne sait pas vraiment quoi faire d'elle. On la laisse donc repartir vers New York, un peu soulagé. Tant mieux pour les planches : entre 1945 et 1960, Nancy Walker va enchaîner les shows et les revues, créant des classiques ("On the town" de Bernstein, "Do-Re-Mi" de Jule Styne), des fours et décrochant deux nominations aux Emmy. Valeur sûre de Broadway, elle enregistre en 1959 un bijou, un album qui fait date, puisqu'il figure immanquablement sur les listes des pires pochettes jamais imprimées, "I hate men". Illustration.


Soyons-Suave étant suave par nature, vous pouvez, suaves visiteurs, télécharger cette merveille introuvable, soit titre par titre en cliquant ci-dessous :

Soit l'album dans son intégralité en format zip en cliquant ci-dessous :

Alors qu'elle a déjà fait des dizaines d'apparitions dans des séries télévisées, Nancy Walker voit la chance arriver en 1970. Elle a 48 ans et la marque Bounty, le Sopalin américain, l'engage comme mascotte dans des publicités qui l'emmèneront jusqu'en 1990. Son personnage de serveuse devient une figure nationale, Nancy Walker s'en retrouve même en couverture du très chic Esquire.


Exactement à la même période, Nancy Walker joue la mère du personnage principal de la série "Rhoda", tout en incarnant la femme de ménage de Rock Hudson dans "McMillan". Elle a même son propre show en 1976 : c'est la reine du personnage récurent.

Pourtant ce qui l'intéresse de plus en plus est la réalisation. Elle est déjà passée derrière la caméra pour de nombreux épisodes du "Mary Tyler Moore Show" ou "Rhoda" et n'apparaît plus au cinéma qu'exceptionnellement mais en choisissant l'exception : on la voit ainsi pour la dernière fois sur grand écran en 1976 dans l'invraisemblable "Un cadavre au dessert" dans le rôle de Yetta la cuisinière sourde, muette et analphabète, qu'il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie crier.


Véritable madeleine pour les quarantenaires américains grâce à ses publicités Bounty et vénérée par les aficionados de Broadway, Nancy Walker est cependant la femme d'un film, le seul qu'elle réalisa : le passage à l'écran des Village People dans "Can't stop the music". Quelles étranges circonstances amenèrent cette femme de 58 ans, élevée à Gerschwin et Cole Porter, à faire ses premiers pas au cinéma en filmant un indien, un policier et leurs amis chantant gaîment les joies des YMCA, cela reste un mystère.

Ne serait-ce que pour cela et quelques dizaines de bijoux sonores, le petit Panthéon de Soyons-Suave est fier de l'accueillir. Il est fait pour les gens irremplaçables à qui nous disons un éternel merci.

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