mercredi 3 novembre 2010

Le petit Panthéon du Rire de Soyons-Suave : Charlotte Greenwood.


Imaginez une femme de plus d'1m80 qui, ayant largement passé la cinquantaine, est capable de lever la jambe bien au-dessus de sa tête tout en tournant sur elle-même... Si vous ne voyez pas exactement à quoi cela peut ressembler, c'est que vous n'avez jamais vu Charlotte Greenwood et donc aucune des comédies musicales d'effort de guerre que la Fox produisit entre 1940 et 1943 avec Betty Grable, Alice Faye et Carmen Miranda : "Sous le ciel d'Argentine", "Soirs de Miami", "Ivresse de Printemps" et bien sûr "Banana Split", alias le seul et unique "The Gang's all here" de Busby Berkeley.

Dans chacun de ces films où la suavitude atteint un sommet assez rare, Charlotte Greenwood, qui ne connaîtra jamais au cinéma la tête d'affiche mais multipliera les rôles de femme excentrique/tante un peu hystérique/femme mûre à tendance nymphomane fait, dès que l'occasion se présente, ce pour quoi on l'engageait : elle lève la jambe, à la verticale, bien au-dessus de sa tête, justifiant son surnom de "seule femme au monde capable d'éborgner une girafe avec le pied", ce qui est irrésistible mais bien évidemment un peu réducteur.


Il est difficile de reconnaître la grande tige très flexible qu'elle incarnera dans les années 40 et 50 dans cet élégant portrait réalisé par Flora Lion en 1935. Et pourtant, si elle doit réellement sa carrière à son coup de pied (lors d'un de ses premières apparitions sur les planches, elle se prend les pieds dans sa robe, elle se libère d'un mouvement de jambe de grande amplitude et le public en redemande), c'est davantage par ses multiples talents d'actrices qu'elle va se faire un nom à Broadway mais aussi à Londres et finalement à Hollywood.

Née en 1880, Charlotte Greenwood va débuter dans des vaudevilles et des revues, comme chanteuse et danseuse mais c'est dès lors qu'on lui donnera de véritables personnages à incarner que sa carrière va démarrer. En 1916, on lui confie le rôle titre de l'opérette "So long Letty" qui va s'avérer si populaire qu'on lui donnera 5 suites, en 1919, 1920, 1922, 1935 et 1943 et c'est c'est précisément pour reprendre son rôle au cinéma que la Warner l'engage pour son premier film parlant en 1929, la libérant aussitôt. Elle naviguera par la suite entre la MGM et la Fox.


Les films qu'elle tournera dans les années 30, tout comme les années 40 mais plus précisément son travail sur scène sont aujourd'hui reconnus comme ayant ouvert la voie aux comédiennes "physiques" des années 50 comme Lucille Ball ou plus tard Carol Burnett. Charlotte Greenwood, passée sa marque de fabrique, parvenait à être burlesque sans jamais quitter ce personnage sophistiqué qu'elle n'abandonnera finalement que pour son dernier triomphe : tante Eller dans l'adaptation cinématographique d'"Oklahoma" en 1955. Elle se retirera un an plus tard, pour son consacrer à son autre passion, son mari. Le petit Panthéon de Soyons-Suave est fier de l'accueillir. Il est fait pour les gens irremplaçables à qui nous disons un éternel merci.

4 commentaires:

TheDivineFeud a dit…

Une merveilleuse comédienne, indeed, and thank you !

soyons-suave a dit…

Une façon comme une autre de nous excuser de la fin peu suave de notre post sur Celeste Holm que vous sembliez attendre...

Anonyme a dit…

...merci!
suis fan de la grande Charlotte, que je ne connaissais que par l'enregistrement du magnifique "out of this world" de Cole Porter, où elle est tout bonnement géniale en Junon, femme de Jupiter épuisée par les aventures extra-conjugale de son divin mari et où à 60 ans bien sonné, elle régala encore Broadway de son inimitable "high kicking".
"Nobody chasing me" et "I got beauty" sont deux perles incontournable que je recommande on ne peut plus chaleureusement aux amateurs d'excentricités musicales

soyons-suave a dit…

Valentine, nous commençons à noter les idoles communes.