lundi 29 novembre 2010

La fin du Quizz de l'Anonyme



Moins de deux heures, voilà ce qu'il aura fallu à Charlus80 pour deviner que derrière cette main offensée et ce regard offusqué se cachait bien Maureen O'Hara, notre dernière invitée mystère. Saluons la proposition de notre Maharanée, Claire, qui en suggérant Rondha Fleming dut sans mettre notre gagnant sur la voie de la rousseur. Mais le Baron du Quizz fut le plus rapide : il voit donc, comme il se doit, son nom en noir sur gris, cette semaine, sur Soyons-Suave et reçoit nos sincères félicitations.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Quizz de l'Anonyme n'était que la seconde apparition de miss O'Hara parmi nous. Nombreuses sont pourtant les raisons qui auraient dû en faire l'une de nos héroïnes récurrentes : un talent inné pour le technicolor, une photogénie remarquable, une carrière exemplaire et un franc parlé savoureux : qui avez-vous par exemple déjà entendu dire des choses négatives sur James Stewart à part elle ?


Peut-être est-ce son "irlandaisitude" un peu pesante qui nous a empêché d'y penser plus souvent en dehors de la Saint Patrick : d'accord elle est née à Dublin et s'appellait FitzSimons, d'accord elle a trouvé dans "L'homme tranquille" son rôle le plus emblématique, mais était-il pour autant nécessaire d'enregistrer sur disque ses ballades irlandaises favorites, de compiler dans un livre de cuisine ses recettes irlandaises préférées, d'être à vie la marraine de la parade irlandaise de New-York... Maureen O'Hara n'était pas que rousse : une voix lyrique rarement exploitée, un talent pour les affaires redoutable et par ailleurs la première femme à diriger une compagnie d'aviation aux USA, la sténo-dactylographie dans le sang (apprise à Dublin dans ses jeunes années) ce qui en fit la secrétaire officieuse préférée de John Ford.


Toujours bon pied bon oeil à 90 ans passés depuis août dernier, Maureen O'Hara reste cependant dans nos coeur dès que l'on évoque le scandaleux magazine Confidential et le procès qui secoua Hollywood en 1957 et dont elle fut l'unique héroïne. Crée à New York en 1952 par Robert Harrison, Confidential bâtit son éphémère mais fulgurant succès en secouant la capitale du cinéma par des articles résolument crus et disant clairement ce que les journalistes potiniers de Los Angeles ne faisaient qu'insinuer. Aidé en cela par un fabuleux réseau d'informateurs armés de magnétophones miniatures et d'appareils photo infra-rouge, Confidential livra pendant 5 ans les secrets les plus inavouables des stars qui avaient toujours la possibilité d'étouffer dans l'oeuf les articles à venir en payant très chers les originaux. Délation et chantages, cela devait évidemment se finir un jour devant les tribunaux.


Alors que les cibles préférées du magazine (Marilyn Monroe, Ava Gardner, Lana Turner, Frank Sinatra ou Errol Flynn) laissaient dire, en 1957, Dorothy Dandridge décida d'attaquer Confidential, qui se vendait alors à plus de 4 millions d'exemplaires, après un article racontant ses aventures nues dans les bois en compagnie d'un serveur blanc d'un casino du Lake Tahoe. Encouragé par cette audace, Liberace porta plainte à son tour pour diffamation : il aurait harcelé sexuellement un attaché de presse, rapidement rejoint par Maureen après les révélations d'une supposée partie de jambes en l'air au premier étage du cinéma Grauman de Hollywood.


Il suffit parfois d'une petite entaille pour créer une hémorragie : ce furent bientôt plus d'une centaine de stars qui défilèrent chez leurs avocats, jusqu'à ce qu'un procès public soit organisé et que les mêmes stars retirent mystérieusement leurs plaintes. Un procès impliquait des témoignages à la barre devant les journalistes du monde entier et finalement, plus personne ne trouvait judicieux de venir s'expliquer sur des faits pour la plupart véridiques. Hollywood se vida, atteint d'une soudaine envie de vacances hawaiiennes ou de tournages en Europe. Véritable Jeanne d'Arc, Maureen O'Hara, après que Dorothy Dandrige et Liberace aient réglé cette affaire hors tribunal contre quelques grosses poignées de dollars, se retrouva donc seule devant le juge, le 4 septembre 1957. Accompagnée de ses avocats, de ses frères et même de sa soeur religieuse venue expressément d'Irlande, l'actrice n'eut qu'à exposer son passeport prouvant qu'elle était aux dates supposées en Espagne pour que son cas soit réglé. Elle demandait 2 millions de dommages, il n'y avait plus qu'à attendre la verdict.



Le système judiciaire américain imposant qu'un jury prenne ses décisions à l'unanimité ce qui ne fut pas le cas après deux semaine de délibérations dans un hôtel de luxe de Los Angeles, le procès fut ajourné mais Hollywood avait compris que la menace Confidential était réelle. Après de lourdes pressions sur le procureur général, les dirigeants des studios parvinrent à faire condamner le magazine à une amende de 5000 dollars, pour publication d'articles obscènes (ce qui le priva de distribution par la Poste) et à l'interdiction de parler de cinéma dans ses pages. Robert Harrison réorienta son journal vers la politique puis le vendit : l'orage était bien passé et les heures des scandales terminées.

En bonne catholique, Maureen O'Hara ne pouvait avoir fait ce que Confidential avait révélé et on ne sut jamais combien elle toucha réellement pour le préjudice causé. En bonne catholique elle se maria également 3 fois. Parce que nous sommes suaves nous n'en dirons pas plus. mais parce que nous sommes encore plus suaves que vous ne l'imaginez voici l'article de Confidential. Ne dites rien. Cela nous fait plaisir.

3 commentaires:

charlus80 a dit…

Ha, la famille O'Hara!! Je viens de passer une semaine suave avec une de ses lointaines cousine au fort tempérament également : Scarlett!

soyons-suave a dit…

Et nous avons suivi avec intérêt vos retranscriptions des célèbres mémos Baron.

adilson a dit…

Como poderia obter o link destas preciosidade das" Maõs de Ouro" Liberace,agradeço pela sua atenção,Obrigado.